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Sécalia méthanisation : Un projet d’énergie positive pour les exploitations de notre territoire de Côte d’Or

Pascal Demay*

* Directeur Terrain, Dijon Céréales - contact : laurent.druot@dijon-cereales.fr

https://doi.org/10.54800/cor021

Acteur dynamique de la Côte-d’Or où elle représente 65 % de la collecte céréalière, Alliance BFC et Cérévia union de commercialisation des céréales ont toujours initié des partenariats et des projets à l’échelle interrégionale, notamment avec les autres coopératives de la grande région Bourgogne, Franche-Comté et Rhône-Alpes. Mais malgré ces innovations, force est de constater que l’économie des exploitations agricoles de ce secteur notamment sur les zones de plateau d’argilo-calcaire superficiel est en berne. Ces difficultés économiques ont deux explications principales : des produits de récolte en baisse (concurrence mondiale, baisse des prix, accident climatique) et des problèmes agronomiques récurrents.

 

La rotation colza/blé/orge en bout de course

Depuis quelques années, cette rotation de 3 ans adaptée aux sols à faible réserve utile montre de nombreuses limites : impasse concernant le désherbage des céréales, pression des ravageurs sur les colzas, fertilité des sols. A titre d’exemple, en trois campagnes, la surface de colza est passée de 12 000 ha sur ces zones à 1 000 ha sur la zone dite du Chatillonnais au Nord de la Côte-d’Or. Le rallongement des rotations est le levier agronomique le plus efficace pour faciliter cette gestion du désherbage, dans un contexte réglementaire où l’interdiction des molécules se durcit.

 

Faire évoluer les pratiques pour entrer dans un cercle vertueux

La situation actuelle incite fortement la coopérative à faire évoluer ce modèle, voire à le transformer, pour retrouver de la valeur ajoutée pour les exploitations agricoles et une dynamique positive de rendements. Les solutions recherchées depuis 10 ans comme l’agriculture de conservation, l’agriculture de précision, la baisse des coûts de production, sont des moyens intéressants mais pas suffisants pour changer de modèle. De même la production en agriculture biologique pour 15 à 20 % des exploitations offre une alternative technique et économique mais est difficilement transposable pour l’ensemble des agriculteurs.

Figure 1 : Illustration Dijon Céréales

L’idée d’un projet de territoire avec le développement de la Méthanisation pour le plus grand nombre afin de bousculer les rotations avec rallongement et introduction de nouvelles cultures est alors devenue une évidence. L’intégration de CIVE notamment permettra de concilier agronomie et économie circulaire tout en répondant aux objectifs de la transition énergétique.

 

L’introduction de CIVE permet d’allonger la rotation et ainsi de réduire sensiblement, voire de s‘exonérer du désherbage (=réduction de l’usage des produits phytosanitaires). En effet, la diversification des familles de plantes au sein d’une rotation permet de rompre le cycle des adventices et ainsi de limiter les phénomènes de résistances observables dans les systèmes de cultures à rotation courte.

Figure 2 : Exemple de rotation à mettre en place avec l’intégration de CIVE (illustration Dijon Céréales)

L’introduction de CIVE permettra également de mettre en place des cultures de printemps pour lesquelles le potentiel restera limité mais où les charges sont modérées. Ces mêmes CIVEs pourront également s’intégrer en sur-semis dans une luzerne en place pour améliorer également le bilan azoté des exploitations. Ces mêmes cultures recevront le digestat issu du processus de méthanisation et participera à l’amélioration du fonctionnement des sols qui ont souffert de cette rotation courte, souvent associée à l’exportation de paille. Enfin le digestat issu de ce type d’unité de méthanisation pour également être valorisé sur des terres en agriculture biologique (selon la réglementation actuelle). Cet apport de fertilisation azotée rapidement disponible permettra de produire des céréales de qualités notamment en protéine. A l’échelle d’une rotation de 5 ans seuls 1 ou 2 apports de digestat pourront être réalisés sur la même parcelle ce qui évite tout apport en quantité importante avec une fréquence d’apport élevé et reste cohérent avec l’usage raisonné du digestat.

Figure 3 : Sursemis en luzerne 14 octobre 2020  -  Seigle/luzerne et épeautre/luzerne Même parcelle au 14 mai 2020  -  Epandage digestat liquide sur blé tendre bio 21 avril 2020 (crédit photo ACEM)

Donner accès à la méthanisation au plus grand nombre

Dijon céréales propose ainsi plusieurs projets collectifs et collaboratifs (sans concurrence avec d’autres projets individuels) pour mailler le territoire en lien avec le réseau de gaz existant. Ce modèle permettra de donner accès au plus grand nombre d’agriculteurs tout en leur demandant une forte implication dans la définition de ce projet.

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