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Accompagnement de la filière de méthanisation en Nouvelle Aquitaine : Focus sur MéthaN-Action

Juliette Chenel* et Sarahlynn Rizard*

*FRCUMA Nouvelle Aquitaine, juliette.chenel@cuma.fr

https://doi.org/10.54800/aqu465

Présentation de MéthaN-Action

METHAN-ACTION est le dispositif d’accompagnement de la filière méthanisation en Nouvelle-Aquitaine. Il est co-piloté par l’ADEME et le Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et co-animé par la Fédération Régionale des CUMA et la Chambre Régionale d’Agriculture. Il s’appuie sur les relais locaux présents auprès des porteurs de projet sur le terrain, notamment Chambres Départementales d’Agriculture et Fédérations de Proximité des CUMA, mais aussi ponctuellement sur des syndicats d’énergie ou des collectivités tant qu’ils soutiennent un porteur de projet notamment dans les phases d’émergence.

Le dispositif se décline en plusieurs axes :

>> Guichet unique d’information relative aux demandes de financement et documents associés

>> Accompagnement technique et organisationnel des porteurs de projet et exploitants

>> Animation régionale et départementale des réseaux d’acteurs et de la filière

>> Capitalisation des retours d’expérience et des suivis d’unités en fonctionnement

Plus concrètement, c’est un centre de ressources avec des outils structurants et sous diverses formes à disposition des porteurs de projet : des retours d’expérience, des avis techniques, des formations, circuits de visite, journées techniques, rencontres informelles, mais aussi un site internet, des newsletters, et des contacts directs avec les acteurs du dispositif.

Il s’adresse donc à tous les porteurs de projet et unités en fonctionnement, quels que soient leur maturité ou leur profil, ainsi qu’à tous les acteurs de la filière en recherche d’information sur le développement de la filière dans la région.

Figure 1 : Des porteurs de projets en visite d’installation

Etat des lieux en Nouvelle-Aquitaine

Au 23 octobre 2019, la région Nouvelle-Aquitaine compte 72 unités de méthanisation en fonctionnement, comprenant (cf. figure 2) les unités agricoles, centralisées, industrielles, stations d’épuration (STEP), et les unités historiques valorisant l’énergie par la chaleur dans le cadre du traitement de leurs effluents. 17 unités sont en construction dont 6 injecteront sur les réseaux de gaz. Plus d’une centaine de projets sont plus ou moins avancés, et pour ceux dont la valorisation est définie, plus de 70 % privilégient l’injection à la cogénération (cf. figure 3).

 - 72 unités de méthanisation en fonctionnement dont :

     * 46 unités agricoles ou territoriales

     * 18 industrielles dont 17 historiques (16 agro-industriels)

     * 7 STEP

     * 2 professionnels du déchet

  et dont :

     * 42 sites en cogénération

     * 8 sites en injection

     * 22 sites en chaleur

- 17 unités de méthanisation en construction : 14 agricoles, 1 territoriale, 1 industrielle, 1 professionnel du déchet

 

Plus d’informations sur l’état des lieux de la filière (unités en fonctionnement, projections, énergies, positionnement etc.) sont disponibles auprès de l’AREC (Agence Régionale et d’Evaluation Environnement et Climat) qui est en charge du suivi du développement de cette filière.

Pour aller plus loin, l’AREC produit tous les ans une note qui présente les caractéristiques de gisement, de production et de valorisation énergétique du parc régional de méthaniseurs en fonctionnement, mais aussi des projets avancés.

Figure 4 : Zoom sur les digestats de méthanisation en Nouvelle-Aquitaine

Peu de données sur les digestats existent à ce jour. La carte de la figure 4 a été construite à partir des données d’intrants auxquelles un taux de 80% a été appliqué pour obtenir des quantités de digestat. Ainsi près de 550.000t de digestats ont été produits en 2018 en Nouvelle-Aquitaine pour 65 unités (dont 9 sites sans données) en fonctionnement fin 2018. Plusieurs études sont menées par les instituts de recherche afin d’en connaître plus sur les digestats car il n’existe pas un digestat mais plusieurs. En effet, le digestat varie selon les intrants qui composent la ration. Le projet Concept-Dig (ADEME, AAMF) a étudié cette diversité à partir d’enquêtes auprès de 74 méthaniseurs. L’étude a permis d’établir une typologie de digestats agricoles (taux de matière organique, rapport C/N, taux de matière sèche, etc.) en fonction des intrants mobilisés. Ce type d’études permettra à terme d’optimiser l’utilisation des digestats en fonction des besoins des cultures et du sol.

 

Les points clés et bonnes pratiques pour démarrer un projet de Méthanisation en Nouvelle-Aquitaine

Avant toute chose, lorsqu’on se lance dans un projet de méthanisation, il est indispensable de s’informer sur la méthanisation, d’échanger avec d’autres porteurs de projet, de visiter des unités de méthanisation, de participer à des formations, etc. Le porteur de projet doit se forger son propre avis, sa propre vision de la méthanisation. C’est ce qu’on appelle la phase d’étude d’opportunité. Cette première phase est primordiale et n’est pas à négliger. Le dispositif MéthaN-Action ainsi que les relais locaux présents sur le terrain (conseillers en chambre d’agriculture ou fédération départementale de Cuma) permettront d’accompagner au mieux les porteurs de projet durant cette première phase.

S’identifier auprès de MéthaN-Action, c’est également faire connaître son projet auprès des financeurs publics (Ademe et Région). Cette démarche permettra aux financeurs de suivre le projet bien en amont de la demande de subvention, ainsi l’instruction du dossier se fera plus rapidement. Plus globalement, il est conseillé aux porteurs de projet de se faire connaître auprès des services de l’état, des collectivités lors du développement du projet afin de faciliter les démarches administratives.

D’un point de vue technique, la réalisation d’une étude de faisabilité avant investissement est également fortement préconisée. L’objectif de l’étude de faisabilité est d’apporter au porteur de projet les éléments techniques, économiques et réglementaires lui permettant de déterminer la faisabilité d’une unité de méthanisation et d’investir sur le scénario optimal retenu. Cette étude peut-être en partie finançable par l’Ademe et la Région à condition qu’elle soit réalisée par un bureau d’étude neutre et indépendant de tout constructeur. Il est fortement conseillé de passer par cette étape avant tout blocage de tarif de rachat.

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