Résumé

La méthode du Bilan, proposée il y a 50 ans pour raisonner la fertilisation azotée, fait aujourd’hui consensus. Le Bilan est progressivement devenu, pour un nombre croissant d’acteurs de l’agriculture et de la R&D agricole, la méthode de référence pour le calcul des doses d’engrais, recommandée pour assurer une production de qualité tout en réduisant les risques de pertes vers l’environnement. Cet article résume l’histoire du Bilan, selon trois grandes périodes : (1) L’émergence du Bilan apparaît comme une rupture bienvenue, par rapport à la méthode antérieure, où les conseils de fumure étaient élaborés à partir d’expérimentations « courbes de réponse » renouvelées chaque année; (2) Le consensus s’établit à partir des années 90, ouvrant une période de grande inventivité autour du Bilan, concernant la modélisation de ses termes, la proposition de variantes locales, ou la combinaison avec des outils de pilotage des apports tardifs ; (3) Cependant, l’inscription du bilan dans la réglementation (années 2010), en imposant son utilisation à tous, met à jour, derrière le consensus sur les principes scientifiques, des désaccords majeurs sur la manière de mettre le calcul en œuvre. L’article plaide pour une réouverture du champ d’innovation, pour l’invention de méthodes de raisonnement de la fertilisation azotée basées sur des principesrenouvelés, réconciliant, mieux que par le passé, rigueur scientifique et facilité d’usage.

Mots-clés : fertilisation, azote, histoire, blé d’hiver, innovation