Résumé

L'augmentation des stocks de carbone dans les sols agricoles présente un potentiel important dans les stratégies de lutte contre le changement climatique impliquant le secteur agricole. Il est mis en avant dans les politiques publiques, au niveau national (ex: Stratégie Nationale Bas Carbone) comme européen (ex: Carbon Farming Initiative), et des initiatives visant à valoriser économiquement le stockage de carbone se développent. Deux freins majeurs ont néanmoins été identifiés : la difficulté à évaluer l'impact sur le climat des projets de stockage de carbone et le développement de chaînes de valeur soutenables économiquement, en particulier pour les agriculteurs.  A l'issue d’une étude co-financée par l’ADEME[1], des recommandations sont faites pour évaluer la quantité de carbone stocké dans les sols en grandes cultures. Pour évaluer un projet de stockage de carbone dans les sols en grandes cultures, il est recommandé  (i) de s’appuyer sur des outils de modélisation validés scientifiquement (ex : AMG, SAFYE-CO2), (ii) de comptabiliser le différentiel de stockage de la dynamique du carbone entre le scénario du projet et un scénario de référence, et non le stockage brut, (iii) d’évaluer l’ensemble des émissions de GES liées à l’évolution des pratiques et (iv) de s’appuyer sur des données satellitaires (ex : Sentinel 2) pour estimer les entrées de carbone par les cultures/couverts végétaux dans le sol.

Il est également recommandé de s’assurer (i) que les agriculteurs bénéficient d’une rémunération carbone juste, cohérente avec les risques pris et les coûts matériels (pratiques agricoles, investissements) et immatériels (apprentissage, tâches administratives) relatifs aux changement de pratiques, (ii) que les structures de conseil réalisent un accompagnement soutenu des agriculteurs afin de lever les différents freins pouvant être rencontrés, (iii) que les agriculteurs soient regroupés localement afin de faciliter le partage d’expérience et l’acquisition de nouvelles connaissances, (iv) de permettre un cofinancement privé et publique des projets.