Aller au contenu principal

Améliorer les performances économiques et environnementales de l’agriculture : les coûts et bénéfices de l’agroécologie

Alice Crémillet* et Julien Fosse*

* Document de travail n° 2020-13 Août 2020 www.strategie.gouv.fr - Résumé de l’étude

L’agriculture française assure à notre pays une autosuffisance alimentaire relative. Néanmoins, elle se caractérise aujourd’hui par des externalités environnementales négatives, ainsi que par la faiblesse des revenus de nombreux agriculteurs. La crise du Covid-19 interroge également les impacts sur l’environnement de notre système alimentaire à l’échelle mondiale et pose la question de notre autonomie alimentaire. Face à ce constat, l’agroécologie constitue l’une des solutions portées par les pouvoirs publics pour assurer la transition de l’agriculture vers la durabilité, et ainsi répondre aux défis du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Mais l’agroécologie est-elle rentable pour les agriculteurs ? Cette étude apporte des éléments de réponse, en évaluant les performances environnementales et économiques de l’agroécologie à l’échelle des exploitations agricoles. Nous proposons une définition positive de l’agroécologie en recensant les référentiels, publics ou privés, répondant aux principes de l’agroécologie définis par la communauté scientifique : agriculture biologique (AB), mesures agro-environnementales et climatiques systèmes (MAEC), haute valeur environnementale (HVE), fermes Dephy, etc. Nous avons fait le choix d'analyser l'ensemble de ces cahiers des charges, malgré la diversité des modalités de leur application et de leur contrôle. Certains impliquent de repenser l’ensemble du système de production, tandis que d'autres nécessitent uniquement de faire évoluer certaines pratiques, avec des cahiers des charges plus ou moins exigeants ; certains bénéficient d’aides publiques spécifiques, d’autres non. Nous avons établi une typologie de référentiels en fonction de leurs exigences environnementales. Celles-ci sont évaluées par un scoring combinant des critères d’intensification des services écosystémiques et de réduction de l’utilisation des intrants. En employant deux méthodes complémentaires, nous avons ensuite comparé les performances économiques de certains systèmes agroécologiques par rapport à l’agriculture conventionnelle. À partir de résultats d’études existantes sur les performances économiques des exploitations, nous avons quantifié et décomposé les coûts et bénéfices de l’agroécologie pour différents contextes (filières, échelles temporelles et spatiales), les aides de la Politique agricole commune (PAC) étant exclues de nos calculs. Nous avons par ailleurs élaboré un modèle statique d’exploitation agricole représentatif d’une exploitation moyenne. À partir d’une situation initiale « conventionnelle », nous avons simulé des changements de systèmes vers des états finaux correspondant à des référentiels agroécologiques étudiés. Les coûts ou bénéfices relatifs estimés correspondent aux différentiels de marge brute au terme de la transition agroécologique. Ceux-ci ont ensuite été confrontés aux exigences environnementales des différents référentiels. Cette étude montre qu’à l’échelle des exploitations agricoles, la transition agroécologique est rentable à moyen terme pour certains des référentiels étudiés, malgré la diminution des rendements observés. Les montants des coûts ou bénéfices estimés varient d’un référentiel à l’autre pour un même contexte (filières, échelles temporelles et spatiales) et d’un contexte à l’autre pour un même référentiel. Par ailleurs, ces coûts et bénéfices ne sont pas corrélés aux exigences environnementales. L’agriculture biologique apparaît clairement comme la plus performante d’un point de vue économique et en termes d'exigences environnementales. L’agriculture HVE présente également un très haut niveau d’exigences environnementales. L’analyse des subventions versées pour l’agriculture biologique et certaines mesures agroenvironnementales et climatiques systèmes a permis d’évaluer la correspondance entre les montants d’aides et les coûts ou bénéfices étudiés ainsi que les exigences environnementales de ces référentiels. La dernière partie de cette étude donne en outre un éclairage sur certains coûts que subissent les exploitations agricoles à court terme lors de leur transition. Les résultats obtenus conduisent à formuler des recommandations en faveur du développement de l’agroécologie en France, plus particulièrement en termes de calibrage des aides publiques. Ces recommandations permettraient de rémunérer plus justement les services environnementaux rendus par l’agriculture, notamment dans la perspective de la prochaine PAC, en proportionnant les aides versées aux exigences environnementales.

Mots clés : agriculture, agroécologie, agriculture biologique, alimentation

Référence

France Stratégie ,2020 : « Améliorer les performances économiques et environnementales de l’agriculture : les coûts et bénéfices de l’agroécologie » par Alice Crémillet et Julien Fosse, document de travail n°2020-13, pp24-29. www.stratégie.gouv.fr

Les articles sont publiés sous la licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0)

Pour la citation et la reproduction de cet article, mentionner obligatoirement le titre de l'article, le nom de tous les auteurs, la mention de sa publication dans la revue AES et de son URL, la date de publication.