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Avant-propos

Antoine MESSÉAN Président de l’AFA et Philippe PREVOST Rédacteur en chef

Si notre revue se veut un moyen d’expression essentiel du carrefour interprofessionnel que constitue l’Association française d’agronomie (Afa), il n’est pas toujours facile d’avoir l’expression des praticiens qui n’ont ni l’habitude ni le besoin de justifier par écrit leur activité. Mais il y a des sujets qui s’y prêtent beaucoup plus facilement, et ceux qui concernent l’approche clinique en agronomie permettent un véritable croisement des regards des différents métiers, car l’action des praticiens est au cœur de la problématique. C’est pour cela que nous avons décidé de dédier un numéro sur quatre aux démarches cliniques en agronomie depuis 2017.

Ce qualificatif « clinique » en agronomie a rencontré et rencontre encore des difficultés de compréhension par nos auteurs et nos lecteurs, parce que son usage fréquent dans d’autres disciplines (comme les sciences médicales ou les sciences sociales) a peu diffusé en agronomie, les agronomes préférant parler d’approche de « terrain ». Pourtant, dans notre premier numéro dédié à l’approche clinique (volume 7 numéro 2 de décembre 2017), Benoît et Knitell nous rappellent que cette expression est ancienne puisque Mathieu De Dombasle, entre 1820 et 1840, utilisait le terme de clinique agricole pour préciser le besoin de s’appuyer sur la pratique, l’observation et l’expérience dans l’enseignement. Et depuis la création de l’Afa en 2008, il suffit de relire ne serait-ce que les titres des différents numéros de la revue (https://agronomie.asso.fr/aes) pour voir que la majorité de nos travaux porte sur l’analyse des relations entre les productions de la recherche et les expériences des praticiens. Aussi, que l’on parle d’agronomie clinique, de démarches cliniques ou d’une approche clinique en agronomie, nous sommes convaincus qu’il faut continuer à creuser le sillon engagé en 2017 pour contribuer à nourrir ce qui fait la spécificité de notre discipline : la double ingénierie, du milieu de culture vers la pratique, et de la pratique vers le milieu de culture. Ainsi, même si ce qualificatif de clinique n’est pas encore stabilisé, chacun des numéros dédiés à cette approche clinique doit être vu comme un matériau qui nourrit le corpus conceptuel et méthodologique de notre discipline[1].

Ce nouveau numéro poursuit ainsi la réflexion de l’Afa sur l’approche clinique en agronomie. Alors que le numéro de 2017 avait cherché à capitaliser les expériences vécues dans les Ateliers-Terrain de l’Afa, et que le numéro de 2019 avait centré sa production sur des expériences aux échelles parcellaire et d’exploitation agricole, le numéro de 2021 explore les expériences à l’échelle du territoire. Ce numéro, riche de sa diversité, met en évidence l’évolution majeure de la fonction d’agronome qui ne se limite plus à la production agricole et à ses impacts environnementaux. Les logiques territoriales couvrant des problématiques bien plus larges (systèmes alimentaires, économie circulaire, …), l’approche clinique ne concerne plus seulement les agriculteurs, mais une diversité d’acteurs locaux. Et cela interroge forcément la façon dont les agronomes abordent cette approche clinique.

 

 

A la lecture de ce numéro, il apparaît désormais évident que le sillon engagé depuis 2017 ne sera pas abandonné de sitôt, car avec les expériences originales qui se multiplient, il nous faudra d’autres rendez-vous éditoriaux pour toujours mieux comprendre l’approche clinique en agronomie !

Bonne lecture

Remerciements

Aux membres du comité de numéro : Guy Trébuil, Philippe Martin, François Kockmann, Philippe Cousinié, Philippe Prévost

 

Aux relecteurs et relectrices : Marc Benoît, Hélène Brives, Marco Carozzi, Fanny Chrétien, Yves Coquet, David Crookall, Frédéric Darboux, Julien Demenois, Michel Duru, Yves François, Alexandre Joannon, Julien Halska, Laure Hossard, François Kockmann, Rémi Koller, Pierre-Yves Le Gal, Hervé Longy, Elsa Leteurtre, Francis Macary, Eric Malezieux, Antoine Messéan, Jean-Robert Moronval, Sandra Novak, Thierry Papillon, Philippe Pointereau, André Pouzet, Alain Ratnadass, Pierre Rebuffel, Guy Richard, Guy Trébuil, Régis Triollet, Emmanuelle Zanchi,

 

A l’équipe de suivi et réalisation de la chaîne éditoriale : Jérôme Busnel et Philippe Prévost

[1] Dans le numéro AES 7-2, nous avons précisé dans le texte éditorial (2017) : « L’agronomie clinique n’a pas de définition réellement stabilisée. Dans ce numéro, nous l’entendons comme l’agronomie qui étudie l’agroécosystème en vue d’établir un diagnostic agronomique de son fonctionnement pour proposer des améliorations correspondant aux compromis souhaités par l’agriculteur (intégrant les objectifs écologiques, économiques et sociaux) ». Et dans le numéro AES 9-2, Kockmann et al. (2019) analyse les spécificités de la démarche clinique en agronomie, d’une part en comparant son usage dans d’autres disciplines, et d’autre part en l’analysant dans la la relation agriculteur-conseiller.

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