Les couverts végétaux, un levier dans la gestion des adventices vivaces (chardon, laiteron, chiendent, rumex) en grandes cultures ?
Enquêtes auprès d’agriculteurs et d’autres experts
Julie Guguin*, Muriel Valantin-Morison**
*UMR Agronomie, INRAE
** UMR Agronomie, INRAE
Email contact auteurs : julie.guguin@inrae.fr
Introduction
Le chardon (Cirsium arvense), le laiteron (Sonchusarvensis) et le chiendent (Elymus repens) sont les trois adventices vivaces les plus problématiques en Europe du nord en grandes cultures. Le rumex (Rumex crispus L.) est aussi une adventice vivace présente en France. Leurs systèmes racinaires leur permettent d’être très compétitives, elles se propagent par multiplication végétative, fractionnement ou développement des organes végétatifs (rhizomes pour le chiendent, racine tubérisée pour le rumex et drageons pour le chardon et le laiteron) (Zhang et al., 2020).
Le glyphosate, dont l’interdiction est en discussion, et le labour profond sont les deux leviers les plus utilisés contre les vivaces (Soane et al., 2012 ; Salonen et al., 2013 ; Andert et al., 2018). Les couverts végétaux d’interculture pourraient exercer une compétition sur les vivaces en couvrant le sol (Ringselle et al., 2016). L’effet compétitif des couverts végétaux sur les vivaces est encore controversé, les résultats des études ne font pas consensus. Blazewicz et al. (2016) ont montré que l'utilisation de couverts d’interculture réduisait l'infestation par les vivaces dans une parcelle en grande culture après l'hiver, donc à la fin de l’interculture, par rapport à une parcelle sans couvert. VanGessel et al. (2004) ont montré qu’il n’y avait pas de différence d’infestation entre une parcelle avec du blé d’hiver avec un couvert dans la rotation et une parcelle n’ayant pas reçu de couvert. Rasmussen et al. (2014) montrent même que l’infestation par le chiendent en particulier pourrait être pire avec la présence d’un couvert dans la rotation.
L’objectif de l’étude était de faire un état des lieux du problème des adventices vivaces chez les agriculteurs en France et de la façon dont ils utilisent les couverts végétaux d’interculture. Nous voulions savoir dans quelle mesure ils sont utilisés comme levier dans la lutte contre les adventices vivaces en grandes cultures. Pour accéder à ces informations nous avons décidé de réaliser une enquête auprès d’agriculteurs avec des problèmes de chardon, laiteron, chiendent et/ou rumex et qui utilisent des couverts végétaux. Nous avons également contacté des experts non-agriculteurs travaillant sur les couverts et/ou sur les vivaces. L’enquête réalisée a pris la forme d’une élicitation d’experts et d’un questionnaire (en partie en ligne et en présentiel). Dans la suite de l’article, nous utiliserons le terme d’« experts » pour les non-agriculteurs, même si nous considérons aussi les agriculteurs comme des experts des vivaces et des couverts dans cette enquête.
Matériel et Méthodes
Une enquête permet d’obtenir des données chiffrées, mais aussi d’avoir accès à la perception d’un problème par une personne, à son expérience et à son expertise. La quantification des pertes de rendements et de l’efficacité des couverts végétaux sur les vivaces sont possibles via l’expérimentation ou par une revue systématique par exemple. Cependant, nous voulions évaluer l’importance du problème des vivaces non seulement en termes de pertes de production, mais aussi à l’échelle de l’exploitation, notamment en classant ce problème par rapport aux autres nuisibles. Nous voulions aussi savoir quel était le type de couverts mis en place par les agriculteurs, quels étaient ceux préconisés par les experts et comment ce levier se situe par rapport aux autres disponibles pour lutter contre les vivaces.
Nous commencerons par présenter la méthode de l’élicitation puis nous présenterons le questionnaire soumis aux agriculteurs en entretien. Cependant, les deux méthodes concernent les mêmes experts et agriculteurs. L’élicitation d’experts et les entretiens avec les agriculteurs ont été réalisés pendant la même période.
Élicitation d’experts et d’agriculteurs
Objectif et principe de l’élicitation
« L’élicitation est un processus visant à formaliser la connaissance et les croyances d’une personne au sujet d’une ou plusieurs quantités incertaines sous la forme d’une distribution de probabilités de cette/ces quantité(s) » (Garthwaite et al., 2005). Autrement dit, l’élicitation permet à une personne d’exprimer son incertitude sur une quantité donnée.
Dans le cadre de notre étude, nous avons réalisé une élicitation pour quantifier l’efficacité du glyphosate, les rendements moyens en blé tendre, les pertes de rendement imputables aux vivaces et définir les caractéristiques nécessaires pour qu’un couvert soit un levier contre les vivaces.
Les experts ou les agriculteurs interrogés ne connaissent pas parfaitement la valeur réelle de la quantité demandée, ils sont en revanche capables de donner un intervalle. Leur incertitude sera représentée par une distribution de probabilités, dans notre cas cela représente la gamme de variabilité estimée pour la quantité demandée. Par exemple, lorsqu’on a demandé à un expert non-agriculteur quelle est la perte de rendement en blé induite pas le chardon en agriculture biologique, il a répondu que selon son expérience, cela dépendait des situations et a donc estimé les pertes entre X % de pertes dans le pire des cas et Y % de pertes dans le meilleur des cas.
Les experts doivent répondre avec leur expérience de terrain et/ou avec leur connaissance de la bibliographie technique et scientifique. Les réponses des agriculteurs se basaient sur leurs connaissances et leur expérience personnelle dans leur exploitation. Toutes les questions d’élicitation ont été posées à toutes les personnes interrogées. Il a été précisé en début d’entretien que les experts ou les agriculteurs ne devaient répondre que s’ils se sentaient légitimes pour le faire. Ainsi, tous les experts et les agriculteurs n’ont pas répondu aux mêmes questions. Les agriculteurs n’ont pas eu à répondre sur les vivaces qui ne sont pas présentes sur leur exploitation ni sur les grandes cultures qu’ils ne cultivent pas. Ils ont répondu seulement au sujet du type de système de culture qu’ils pratiquent.
Profils des personnes interrogées
Treize experts non-agriculteurs (Tableau 1) ont été sélectionnés pour leurs connaissances et compétences agronomiques en grandes cultures, sur les adventices vivaces et sur couverts végétaux. Les entretiens se sont déroulés entre février et avril 2021.
Quinze agriculteurs utilisant des couverts végétaux ont aussi été interrogés, entre avril et mai 2021. Ils utilisent aussi le glyphosate et/ou le travail du sol comme leviers contre les vivaces.
Parmi les 15 agriculteurs, on en retrouve :
- Cinq en Agriculture Biologique (AB) : pas de glyphosate, avec travail du sol
- Cinq en Agriculture de Conservation des sols (AC : 2 agriculteurs) ou en Travail Cultural Simplifié (TCS : 3 agriculteurs) : avec utilisation de glyphosate, avec peu voire pas de travail du sol
- Cinq en agriculture conventionnelle classique : avec utilisation de glyphosate et travail du sol
Leurs exploitations se situent en Ile de France ou en Normandie (Figure 1). Les 15 agriculteurs doivent gérer des adventices vivaces sur leurs parcelles en grandes cultures et, même si ce n’est pas pour la même finalité principale, ils utilisent tous des couverts végétaux.
Démarche et outil utilisés pour l’élicitation
Les élicitations ont été réalisées à l’aide du logiciel Licite, un outil disponible en ligne gratuitement (https://licite.fr/licite/).
1ère étape :Les experts ont rempli un questionnaire en ligne réalisé afin de préciser leur domaine d’expertise pour cibler les questions d’élicitation ensuite. Ce questionnaire contient aussi des questions qualitatives portant sur le rôle des couverts, le classement des méthodes de lutte contre les vivaces, l’évolution de la pression en vivaces au fil des années et la place des vivaces dans le classement des bio-agresseurs les plus problématiques (Annexe 1 : questions qui ne sont pas en italique). Nous avions aussi demandé aux experts de décrire un couvert spécifique, qui selon eux serait le meilleur couvert pour entrer en compétition avec les vivaces, dans leur région, tout type de système de culture confondu. L’expert devait le qualifier en termes d’espèces, de nombre d’espèces, du moment d’implantation (avant ou après la récolte de la culture précédente) et de durée d’implantation (destruction ou non avant le semis de la culture suivante, durée minimale d’implantation). Quinze experts ont accepté de le remplir et parmi eux, 13 ont accepté de participer ensuite à l’élicitation lors d’un entretien en visioconférence. Le même logiciel était utilisé pour faire l’élicitation des agriculteurs. Les questions d’élicitation étaient posées à la fin de l’entretien qui avait lieu chez eux ou à la ferme.
2ème étape :Lorsqu’un expert estime que ses connaissances lui permettent de répondre, une question quantitative (voir paragraphe suivant) lui était posée à laquelle il répond en donnant un intervalle : une valeur minimale et une valeur maximale, et la valeur la plus probable.
3ème étape :Ensuite le logiciel Licite permet de dessiner une courbe de probabilité à partir de cet intervalle (Figure 2a). Lorsque plus de 5 réponses ont été apportées à une même question par les experts/agriculteurs, nous estimions pouvoir les comparer. Les quantiles à 5 % et les moyennes ont été relevés à partir de la fonction de densité obtenue grâce au logiciel (Figure 2b) et nous avons pu construire des graphiques avec ces données (forest plots dans les Figures 8 et 10). La loi de distribution la plus adaptée est sélectionnée par défaut et nous avons à chaque fois relevé les quantiles correspondant à la loi sélectionnée par le logiciel.
Définition des quantités élicitées
Nous avons demandé aux experts d’évaluer l’efficacité du glyphosate sur les 4 vivaces étudiées, en pourcentages, de nous donner la gamme de rendement des grandes cultures principales (blé, colza, orge, maïs) en AB, en AC (hors TCS) et en agriculture conventionnelle avec travail du sol (selon leur domaine d’expertise et pour leur région) et d’estimer les pertes de rendements imputables aux adventices vivaces en grandes cultures (Annexe 1, questions en italique). Les mêmes questions ont été posées aux agriculteurs pour les vivaces présentes sur leur exploitation et leurs grandes cultures.
Ensuite nous leur avons demandé d’éliciter la durée d’implantation et la biomasse que devait avoir le couvert qu’ils avaient décrit lors de l’étape 1 pour être compétitif.
Enquêtes en parallèle de l’élicitation sur les leviers utilisés par les agriculteurs
Certaines questions étaient communes aux agriculteurs et aux experts. Les agriculteurs ont répondu aux mêmes questions qualitatives que les experts dans le questionnaire en ligne de l’étape 1.
L’entretien auprès des agriculteurs avait lieu chez eux ou sur leur exploitation, ils ont été interrogés sur (Annexe 2) :
- Leur profil : ancienneté dans le métier, leur type de système de culture et leur éventuelle conversion,
- Les caractéristiques de leur exploitation : surfaces, sol (type de sol, profondeur et compaction), assolement et surfaces, rendements,
- Leurs problèmes de vivaces : espèces présentes, cultures concernées, seuil de tolérance des agriculteurs face aux vivaces avant intervention,
- La combinaison des leviers mis en place pour lutter contre les vivaces : utilisation d’herbicides, description du travail du sol et des couverts végétaux.
Certaines questions posées aux agriculteurs n’ont pas eu de réponses, les agriculteurs les ayant jugées trop difficiles. La question 12 notamment (Annexe 1) portant sur les caractéristiques que devrait avoir un couvert pour être compétitif n’a reçu aucune réponse. Les questions 16, 35 et 36 aussi ont été compliquées. Il s’agissait d’estimer la surface des grandes cultures et du couvert (on demandait la surface de la parcelle au préalable) occupée par les vivaces (par type de vivaces) ou le nombre de patchs, ou taches. Il s’agissait aussi de savoir si les agriculteurs raisonnaient en nombre de patchs plutôt qu’en surface.
Résultats et discussion
Les vivaces représentent-elles un problème en grandes cultures ?
Les vivaces ne représentent pas la principale menace sur les grandes cultures
Lorsqu’on demande aux agriculteurs, tout type de système de culture confondu, de classer les bio-agresseurs (adventices annuelles, vivaces, insectes, autres animaux (grands mammifères, oiseaux, rongeurs) et pathogènes (bactéries, virus, champignons)) selon leur nuisibilité, les adventices annuelles arrivent en 1ère position, les vivaces sont plus souvent citées en 2ème position, s’ensuivent les insectes, les autres animaux puis les pathogènes (Figure 3a).
Cet ordre varie selon le type de système de culture des agriculteurs interrogés. Pour la majorité des agriculteurs en conventionnel (Figure 4a) : ce sont les annuelles qui sont les plus nuisibles, sinon, ce sont les insectes. Pour les agriculteurs en AC/TCS (Figure 4b) : les annuelles sont aussi les 1ers bio-agresseurs. Cependant, pour les agriculteurs en AB (Figure 4c) : ce sont les vivaces qui arrivent plutôt en 1ère position, les autres animaux étant placés en 2ème position par deux agriculteurs.
Les adventices vivaces ne représentent pas en moyenne la principale menace en grandes cultures. Cependant, elles représentent un problème plus important pour les agriculteurs en AB que pour les agriculteurs en AC/TCS et en conventionnel, qui eux, utilisent des herbicides.
Les experts aussi placent les adventices annuelles comme les plus nuisibles, suivies des vivaces et des insectes au même niveau (Figure 3b). On peut supposer que les experts non-agriculteurs sont moins au fait des problèmes comme les « autres animaux », les sangliers représentant un problème sur des zones très localisées par exemple.
Les vivaces représentent un sujet d’inquiétude pour l’avenir
Aucun agriculteur ne s’est dit « Très inquiet » au sujet des vivaces, sûrement parce qu’ils nous ont dit qu’elles ne représentent pas la principale menace et/ou ils estiment pouvoir les contrôler. La majorité ont répondu être « Un peu inquiet » et moins d’un tiers « Pas du tout inquiet ». Parmi les 11 se déclarant « Un peu inquiets », on retrouve tous les types de système de culture (Figure 5).
Le seuil de tolérance aux vivaces avant une intervention (chimique ou mécanique) est bas voir nul pour la majorité des agriculteurs interrogés. Huit agriculteurs (la moitié en conventionnel et l’autre en AC/TCS) disent avoir un seuil de tolérance à 0 pour les vivaces : ils interviennent systématiquement. Parmi eux, 2 se disent « Pas du tout inquiets » (1 conventionnel et 1 en AC) et les 6 autres se disent « Un peu inquiets ». Les autres raisonnent soit en nombre de pieds : à partir de 5 ou 10 pieds par hectare, et même 100 pieds pour une agricultrice en conventionnel pas du tout inquiète au sujet des vivaces, soit en pourcentage de parcelle touchée (20 ou 30 %).
Les agriculteurs les plus inquiets vont jusqu’à arracher les adventices vivaces à la main. Un peu plus de la moitié procèdent à un arrachage manuel des vivaces, sans grande différence selon le type de système de culture (3/5 en AB, 3/5 en conventionnel, 2/5 en AC/TCS). Tous les agriculteurs qui arrachent manuellement les vivaces se disent « Un peu inquiets » sauf un (« Pas du tout inquiet »).
Peu d’agriculteurs ont répondu à la question des pertes de rendements liées aux vivaces. On ne peut pas lier leur mode de gestion des vivaces à leur estimation des pertes de rendement dues à ces vivaces. Cependant, tous ceux qui ont répondu que les vivaces occasionnaient des pertes de rendement disent procéder à un arrachage manuel.
Lorsque la question de l’évolution des vivaces dans le temps est posée aux agriculteurs, aucun ne répond qu’elles sont de moins en moins problématiques. L’infestation est plutôt constante pour la moitié des agriculteurs interrogés. En revanche, l’autre moitié (7/15 agriculteurs) estiment que la présence des vivaces est plus problématique qu’avant. Parmi eux, on retrouve les 3 types de systèmes de culture (Figure 6).
Pour les experts, le constat est le même que pour les agriculteurs : 7 des 13 experts pensent que l’infestation est plutôt constante d’année en année. Parmi eux, on retrouve les 2 conseillers AB. Les adventices vivaces sont de plus en plus problématiques pour les 7 autres experts interrogés.
La présence de vivaces induit des pertes de rendements notamment en blé
Tous les agriculteurs interrogés notaient la présence de chardon dans leurs grandes cultures (Figure 7). Le laiteron et le rumex étaient présents chez 10 agriculteurs (chez 4 conventionnels, 2 AC/TCS et 4 AB) et seulement 3 agriculteurs sur les 15 interrogés ont relevé la présence de chiendent (2 en AC/TCS et 1 en AB).
Nous avons interrogé les agriculteurs sur leur rendement en blé (sans compter 2016, considérée comme une année exceptionnellement mauvaise en termes de rendements) et les experts sur les rendements en blé dans leur région. Les moyennes données sont très proches, à moins de 4 quintaux près (Figure 8) et ne sont pas significativement différentes (pvalue=0.91). Les rendements en blé en AB sont moitié moins élevés qu’en agriculture conventionnelle avec travail du sol. Les moyennes de rendements sont proches entre conventionnel avec travail du sol et AC/TCS, elles ne sont pas significativement différentes. Ces écarts entre les rendements en conventionnel, en AC/TCS et en AB sont cohérents avec ceux observés en moyenne. En effet, une méta-analyse de 2012 indique qu’en moyenne les rendements en AB sont 40% inférieurs au conventionnel (De Ponti et al., 2012).
Après avoir interrogé les agriculteurs sur leurs rendements en blé, nous leur avons demandé d’estimer le niveau des pertes de rendement imputables aux vivaces. Tous les agriculteurs ne se sont pas sentis à l’aise pour répondre à cette question. Les 3 agriculteurs en conventionnel qui ont estimé pouvoir répondre ont tous dit que les vivaces n’occasionnaient pas de pertes de rendements en blé (Figure 9). En revanche les 9 experts sur 13 ayant répondu à cette question estiment qu’en moyenne, en système conventionnel avec travail du sol, les agriculteurs peuvent perdre 5 % de rendement en blé. En type de système AC/TCS, l’écart entre les réponses des experts et celles des agriculteurs est aussi important. Les 2 agriculteurs en AC/TCS ayant pu répondre estiment qu’ils perdent en moyenne environ 5 % de blé à cause des vivaces alors que les experts estiment ces pertes à environ 14 % sur le territoire correspondant à leur expertise. Cet écart est encore plus important en AB puisque les 3 agriculteurs en AB qui ont répondus estiment perdre en moyenne presque 8 % alors que les experts les estiment 4 fois plus importantes.
Cependant, les chiffres donnés par les experts et les agriculteurs ne sont pas nécessairement comparables. Les exploitations des agriculteurs interrogés ne sont pas situées dans le territoire correspondant à l’expérience des experts interrogés, où il est possible que les vivaces occasionnent plus de problèmes. L’infestation du blé par les vivaces chez les 15 agriculteurs interrogés peut ne pas être représentative de celle rencontrée dans la moyenne des exploitations de France. Mais il est aussi possible que les experts interrogés surestiment le problème en termes de pertes de rendements.
Répondre à la question des pertes de rendements n’a été facile ni pour les experts ni pour les agriculteurs. En effet, ces réponses sont des estimations. Les experts ont répondu avec leur connaissance de la littérature scientifique, les résultats des essais qu’ils suivent et/ou les retours qu’ils ont des agriculteurs sur le terrain. Les pertes de rendements dans une culture peuvent être imputables à de nombreux stress qui s’accumulent. Le potentiel de rendement de la parcelle (lié entre autres au type de sol) influence la prédiction de la perte de rendement (Asif Ali et al., 2013). Des modèles, comme FLORSYS (Colbach et al., 2014), existent pour prédire la perte de rendement par rapport à un environnement sans adventices. Une étude a été réalisée en France sur 41 départements et prenait en compte les résultats de 110 essais dits désherbages. Dans cette étude, la perte de rendements liée aux adventices (pas spécifiquement liée aux vivaces) pour les parcelles non traitées a été chiffrée à 26q/ha pour le blé (Cordeau et al., 2016). Les agriculteurs n’ont pas une parcelle témoin sans adventice vivace exactement comparable à une autre parcelle avec des adventices vivaces. Ils n’ont pas les moyens de calculer cette perte directement dans leur exploitation. Les agriculteurs ayant répondu disaient généralement estimer la surface perdue par la culture de rente au profit des vivaces et estimer le potentiel de rendement moyen que cela représente.
Les leviers pour la gestion des vivaces : le glyphosate, le travail du sol et les couverts végétaux d’interculture
Le glyphosate : une solution efficace
L’usage du glyphosate est dorénavant restreint aux situations où il n’est pas substituable à court terme, notamment pour « la destruction des plantes indésirables vivaces difficiles à éliminer ou encore l’agriculture de conservation, qui n’utilise pas le labour pour préserver les sols » (Anses, 2020). Avant le semis des grandes cultures, le glyphosate est autorisé pour la destruction des vivaces avant la récolte des céréales et des protéagineux. Sur les couverts d’interculture, depuis les nouvelles directives d’octobre 2020, le glyphosate est autorisé pour un désherbage en post-semis prélevée, pour la limitation ou la destruction d’un couvert et contre les repousses de cultures et de vivaces, annuelles ou ligneuses (Anses, 2020).
Nous avons demandé aux agriculteurs en conventionnel et en AC/TCS et aux experts d’évaluer l’efficacité du glyphosate sur ces vivaces pour l’élimination des parties aériennes. Les experts estiment cette efficacité à environ 83 % en moyenne sur chardon, laiteron et rumex confondus (Figure 10). Pour les agriculteurs interrogés, il s’agit d’environ 95 % en moyenne. Les moyennes d’efficacité du glyphosate données par les experts sont significativement différentes de celles données par les agriculteurs (pvalue= 0.0016). Les experts sont moins optimistes sur cette efficacité que les agriculteurs et leurs intervalles de confiance sont généralement plus importants. On peut émettre l’hypothèse que cet écart entre les réponses des experts et des agriculteurs vient du fait que les experts ont cherché à recouvrir l’ensemble des situations dont ils avaient connaissance alors les agriculteurs répondaient sur leur propre situation. Ces deux moyennes, bien qu’éloignées, témoignent de l’efficacité importante du glyphosate et de l’absence de résistance du chardon, laiteron et rumex au glyphosate. En effet, si la base de données internationale des adventices résistantes aux herbicides recense une augmentation spectaculaire de la résistance au glyphosate chez de nombreuses espèces d’adventices (www.weedscience.org), aucune résistance n’est actuellement enregistrée pour le chardon, le laiteron et le chiendent ou le rumex.
Le travail du sol
Le labour, le faux-semis et des outils spécifiques comme la patte d’oie comptent parmi les leviers utilisés par notre échantillon d’agriculteurs pour éliminer les adventices par le travail du sol. Le labour permet d’enfouir les graines d’adventices pour limiter leur levée en culture, le faux-semis permet de les faire germer en interculture afin de pouvoir les détruire par la suite. Or, la multiplication des vivaces se fait principalement par les racines et peu par dissémination de graines. La patte d’oie est un outil scalpeur, il détruit donc partiellement les vivaces en sectionnant la racine et permet le dessèchement des racines des annuelles.
Dans notre échantillon, tous les agriculteurs en AB et en conventionnel pratiquent le labour ainsi que les 3 agriculteurs en TCS, entre 20 et 30 cm de profondeur. Autant d’agriculteurs en AB et en conventionnel pratiquent le faux-semis (4/5) avec 1, 2 ou 3 passages. Les agriculteurs en AC n’en font pas et un des 3 agriculteurs en TCS fait un passage de faux-semis (pour limiter son utilisation de glyphosate). L’outil patte d’oie est utilisé par 2 des 5 agriculteurs en AB et par un des 5 agriculteurs en conventionnel. Les informations recueillies ne permettent pas de conclure que le travail du sol est plus intensif pour les agriculteurs qui n’utilisent pas le désherbage chimique que pour ceux qui l’utilisent. Les agriculteurs interrogés ciblent surtout les adventices annuelles avec le travail du sol. Avec leurs organes de réserves, le risque avec le travail du sol est de favoriser la propagation des vivaces. Au printemps et au début de l’été, les réserves racinaires sont faibles. Le début du printemps correspond au stade auquel l’énergie produite par la photosynthèse vient compenser la quantité de réserves racinaires utilisée pour la respiration et la croissance des tiges (Nkurunziza, 2010). Une intervention mécanique sera efficace à ces périodes alors qu’elles favorisent la propagation à l‘automne, où le niveau des réserves est à son maximum. Or 9 agriculteurs dans notre échantillon pratiquent du labour à l’automne.
Les couverts végétaux en interculture
Lorsqu’on a demandé aux agriculteurs pourquoi ils mettent en place un couvert d’interculture, ce qu’ils en attendent, plusieurs réponses étaient possibles et ils ont eu à les classer (Figure 11). Les plus citées en 1ère position sont le rôle d’engrais vert et l’aspect réglementaire, c’est-à-dire la couverture hivernale des sols en interculture par rapport à la directive nitrate. Un seul agriculteur place la compétition contre les vivaces en 1ère position, ce rôle est plutôt cité en 4ème choix. Pour la compétition contre les adventices, les annuelles sont placées plus haut dans le classement (en 3ème choix en moyenne) que les vivaces. La compétition contre les vivaces n’est jamais en dernière position.
Le couvert végétal n’est pas perçu comme le levier le plus efficace contre les vivaces. Nous avons demandé aux agriculteurs de classer les leviers en fonction de leur efficacité contre les vivaces parmi : labour, outil "Patte d'oie", couverts végétaux, rotation des cultures, herbicides, rotavator, travail du sol superficiel (moins de 15 cm de profondeur), prairies, binage-herse et écimage. Les couverts végétaux arrivent le plus souvent en 5ème position ou en 7ème position pour le chardon et en 3ème ou 4ème position pour le laiteron (Figure 13) et jamais dans les deux premiers choix. Ils arrivent derrière les leviers rotation, herbicides et labour, que ce soit pour le chardon ou le laiteron. Le levier herbicide vient systématiquement en 1ère ou en 2ème position pour les agriculteurs en conventionnel. Il est également en 1ère position chez tous les agriculteurs en AC/TCS sauf pour un qui le place en 5ème position, car il aspire à se passer de plus en plus des herbicides.
Dans notre échantillon, le type de couvert mis en place dépend du type d’agriculture. Si tous les agriculteurs interrogés mettent en place des couverts, aucun n’est identique à un autre. Le couvert est présent entre deux cultures principales chez tous les agriculteurs sauf pour un agriculteur, en agriculture biologique. Il met du trèfle blanc les années où il cultive de l’orge, le trèfle blanc servant de plante compagne à l’orge. Certains agriculteurs mettent deux couverts différents sur leurs parcelles, selon l’objectif recherché. La moitié des couverts utilisés sont constitués d’une, de deux ou de trois espèces différentes. Si le nombre d’espèces utilisées peut aller jusqu’à 11 pour un agriculteur, les couverts les plus diversifiés sont plutôt constitués de 5 à 7 espèces.
Dans notre échantillon, la gamme de nombre d’espèces utilisées dans les couverts dépend du type de système de culture (Figure 14). Les agriculteurs en AB sont ceux qui ont le plus de couverts monospécifiques. Les couverts des agriculteurs en conventionnel contiennent de 1 à 6 espèces. Les agriculteurs en AC/TCS ont tendance à avoir plus d’espèces dans leurs couverts.
Concernant le nombre de familles botaniques, on peut noter que les agriculteurs en AC/TCS interrogés n’utilisent jamais de couverts composés d’une seule famille de plantes contrairement aux agriculteurs en AB (3 couverts avec une seule famille, celle des légumineuses) et à un agriculteur en conventionnel avec une brassicacée. Sur les 7 couverts utilisés en AC/TCS, 5 sont composés d’au moins 4 familles botaniques. Les couverts des agriculteurs en AC/TCS sont plus riches en espèces et en familles botaniques que ceux des autres agriculteurs interrogés.
Sept des 13 experts préconisent de mettre 2 ou 3 espèces. Trois conseillent d’en mettre plus de trois (une de la famille des légumineuses, une poacée et une crucifère). Les agriculteurs en mettent plus en moyenne. Le seigle associé à la vesce est préconisé par les experts pour leur capacité d’étouffement. Aucun des agriculteurs interrogés n’associe le seigle et la vesce dans leurs couverts au moment de l’enquête. Le seigle est présent dans un des couverts des agriculteurs et la vesce est présente dans 3 autres. La grande majorité des experts estime qu’il faut semer le couvert dans la culture précédente, or ce n’est pas ce que font les agriculteurs de notre échantillon qui sèment leur couvert autour du 15 août. Trois experts préconisent la mise en place d’une prairie temporaire plutôt qu’un couvert d’interculture puisqu’ils ont répondu qu’ils conseillent d’utiliser une seule espèce, pluriannuelle, installée dans la culture précédente. Les vivaces seraient alors éliminées grâce aux fauches successives. La luzerne, associée à du lotier ou seule, sur plusieurs années a été citée 3 fois.
L’investissement dans le couvert en termes de coût des semences est plus important chez les agriculteurs en AC/TCS et en AB que chez les agriculteurs en conventionnel (Figure 15).
Parmi les 15 agriculteurs interrogés, 13 ont répondu que le type de couvert mis en place résulte d’un choix personnel (dont 2 ajoutent les conseils de la chambre d’agriculture). Parmi eux, on retrouve tous les agriculteurs en AC/TCS. Les 2 autres, un agriculteur en AB et un conventionnel, ont répondu que le choix du couvert résultait de recommandations de la Chambre Régionale d’Agriculture. Les agriculteurs en TCS et, surtout, en AC orientent le choix des espèces pour une production de biomasse importante afin de permettre au couvert d’être compétitif.
Les limites des couverts résultent dans leur taux d’échec et dans leur mode de destruction. Parmi les 8 agriculteurs qui ont répondu à la question sur le taux d’échec des couverts, un seul agriculteur estime à 0 % le taux d’échec des couverts, sinon 6 répondent entre 20 et 30 % et un agriculteur répond même 50 %. Depuis 2018, les couverts ont du mal à lever aux dires des agriculteurs. Un agriculteur en TCS de l’Eure nous a dit par exemple : « Il fait sec par chez nous, j’essaie de semer le couvert le plus possible derrière la moissonneuse pour profiter de la fraîcheur qui reste encore dans le sol. Il peut arriver que le couvert ne se mette à pousser qu’au mois d’octobre. Ce n’est pas vraiment un problème en interculture longue. Par contre, si un couvert d’interculture courte ne lève qu’au mois d’octobre, c’est un problème, car c’est le moment où il faut le détruire. Si je sens que ça ne va pas pousser, c’est-à-dire si l’été est très sec, je ne sème même pas les couverts d’interculture courte. ». Si un couvert ne lève pas et/ou produit peu de biomasse, il n’a alors pas d’avantage pour limiter les vivaces pendant l’interculture et donc pour la culture de rente qui suivra.
En revanche, l’agriculteur détruit en partie les vivaces en détruisant le couvert. En cela, le couvert a un rôle sur les vivaces. Les vivaces sont particulièrement difficiles à détruire du fait de leur système racinaire très développé et impliqué dans leur multiplication. Détruire le couvert ne suffira pas à limiter les vivaces dans la culture suivante, car elles ont le temps de repousser. C’est en tout cas l’hypothèse qu’on peut formuler étant donné que tous les agriculteurs en AC/TCS ont dit avoir des pertes de rendement liées aux vivaces dans le blé. Les agriculteurs en conventionnel nous ont dit détruire leurs couverts de façon mécanique en procédant à un broyage suivi d’un labour. Les agriculteurs en AB interrogés procèdent aussi ainsi, 2 des 5 interrogés ne font que le labour. Quatre des 5 agriculteurs en AC/TCS utilisent le glyphosate pour détruire leurs couverts, parmi eux, 3 utilisent d’abord un rouleau destructeur (de type FACA). Un agriculteur en TCS dit n’utiliser que le rouleau pour détruire ses couverts. En attribuant l’effet des couverts végétaux sur les vivaces à la seule compétition pour les ressources, nous avons négligé la question de la destruction des couverts auprès des experts. Lorsqu’on leur demandait de décrire le couvert idéal pour rentrer en compétition avec les vivaces, nous aurions pu leur demander de le faire pour chacun des types de systèmes de culture, et en l’associant à un mode de destruction (s’ils ne préconisent pas de laisser le couvert dans la culture suivante). On aurait pu aussi leur demander de décrire un couvert idéal avec la contrainte d’une destruction non basée sur le glyphosate.
Conclusion et perspectives
Avec 5 agriculteurs en AB, 5 en conventionnel classique et 5 en TCS/AC, notre échantillon d’agriculteurs n’est pas assez important pour couvrir toutes les possibilités en termes de problématique sur les vivaces, de couverts utilisés par les agriculteurs et le rôle qui leur est attribué. Les résultats présentés peuvent être vus comme une tendance.
Il ressort de cette enquête que les vivaces représentent bien un problème chez les agriculteurs et pour les experts interrogés. Si elles ne constituent pas la principale menace, elles occasionnent tout de même des pertes de rendements, surtout en blé.
Les couverts végétaux ne sont pas utilisés spécifiquement pour la gestion des vivaces, ils représentent un des leviers possibles, mais les agriculteurs misent plutôt sur leur rotation, les herbicides et le travail du sol pour limiter l’infestation. Les agriculteurs qui ont les couverts les plus complexes, en nombre d’espèces et de familles différentes, avec une recherche de biomasse importante, sont ceux en TCS et en conservation des sols. Or, ce sont ces mêmes agriculteurs qui utilisent le glyphosate pour détruire le couvert avant la culture suivante. Aujourd’hui, les couverts mis en place (pour les agriculteurs interrogés et selon les dires d’experts) ne représentent pas, à eux seuls, un levier agroécologique suffisant pour répondre à une future possible interdiction du glyphosate. D’après les témoignages des agriculteurs interrogés, ils ne permettent pas de diminuer le travail du sol ni l’utilisation d’herbicides. L’agriculture de conservation est dépendante du glyphosate pour détruire les couverts notamment. Les agriculteurs en conservation des sols ont tous dit que l’arrêt du glyphosate entraînera la fin de l’agriculture de conservation.
Les couverts végétaux d’interculture sont souvent présentés comme décevants : ils ne lèvent pas toujours et ne produisent pas autant de biomasse qu’espéré. Les experts et les agriculteurs se rejoignent sur le fait qu’aujourd’hui les couverts ne jouent pas leur rôle compétitif envers les vivaces. Le rôle imputable aux couverts envers les vivaces résulterait plus de leur destruction que de la compétition induite. En détruisant le couvert, ou en le fauchant dans le cas de la luzerne, on détruit les vivaces. Cette étude visait à savoir dans quelle mesure le rôle compétitif des couverts végétaux est utilisé par les agriculteurs comme levier dans la lutte contre les adventices vivaces en grandes cultures. Dans l’éventualité où le couvert joue son rôle compétitif, on peut se demander si cet avantage au moment de l’interculture en est aussi un pour la culture de rente suivante et de combien la présence d’un couvert végétal peut réduire les vivaces dans la culture suivante. En théorie, en étouffant les vivaces, le couvert les empêche de faire des réserves et donc de se développer à l’automne et pendant l’hiver.
Des changements dans le choix des espèces, mais aussi sur le moment d’implantation sont des pistes à explorer. Que ce soit du côté des agriculteurs ou des experts, les espèces et variétés disponibles pour les couverts sont discutées. Pour Xavier Reboud, chercheur INRAE en agroécologie interrogé lors de l’élicitation : « Les variétés accessibles sur le marché sont sélectionnées pour leur qualité fourragère, leur résistance au piétinement et une forte production de biomasse. Leur période de croissance est donc calée sur la saison culturale ». Ainsi, avec les espèces et variétés disponibles, une des pistes pour permettre aux couverts de jouer leur rôle compétitif serait de les désaisonner. Dans notre échantillon, les dates de semis des couverts d’interculture se situent autour du 15 août pour tous les agriculteurs quel que soit leur type de système de culture, y compris les agriculteurs qui ne travaillent pas le sol. La stratégie serait de semer le couvert plus tôt, dans la culture précédente. Il faut cependant qu’il supporte l’ombrage donné par la culture en place.
Le mode de destruction posant problème, une autre piste consisterait à avoir une réflexion plus coordonnée entre le choix du couvert et la méthode de destruction. Le choix des espèces se baserait sur le matériel à disposition de l’agriculteur et sur le fait qu’une même pratique puisse détruire toutes les espèces, une pratique non-chimique et non basée sur le travail du sol (sensibilité au gel hivernal et roulage par exemple).
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Annexe 1
Questionnaire pour les experts (en italique : questions d’élicitation)
Présentation de l’expert et importance du problème des vivaces :
1. Quelle profession exercez-vous ?
Lieu d’exercice de la profession :
2. Sur quelle(s) grande(s) culture(s) travaillez-vous ou avez-vous travaillé plus spécifiquement ?
3. Parmi les adventices vivaces suivantes : laiteron (Sonchus arvensis), chiendent (Elymus repens), rumex (Rumex crispus L.) et chardon (Cirsium arvense), la ou lesquelles avez-vous déjà étudié, observé sur le terrain ?
4. Comment classez-vous les cinq groupes de bio-agresseurs suivants en termes d’effets néfastes sur grandes cultures : 1 est le moins dommageable, 5 est le plus dommageable ?
- Insectes :
- Autres animaux (chevreuils, sangliers, mulots,…) :
- Agents pathogènes (champignons, virus, bactéries) :
- Adventices annuelles :
- Adventices vivaces :
5. D’après votre expérience, pensez-vous que les adventices vivaces deviennent moins ou plus problématiques au fil des années ?
- Moins problématique
- À peu près la même chose
- Plus problématique
- Ne sait pas
6. A combien estimez-vous l’efficacité du glyphosate sur les adventices vivaces ? (dans bonnes conditions d’application à dose recommandée)
Maximum, minimum, moyenne.
Le taux d’infestation des parcelles par les adventices vivaces et les pertes de rendements occasionnées
7. A combien estimez-vous le taux d’infestation par les adventices vivaces dans les parcelles destinées aux grandes cultures avant l’application de glyphosate ?
- Sans travail du sol
- Après un travail du sol (faux-semis)
8. A combien estimez-vous le rendement (q/ha) des grandes cultures en agriculture conventionnelle (avec et sans travail du sol) et en agriculture biologique ? Maximum, minimum, moyenne.
9. A combien estimez-vous la perte de rendement en q/ha des cultures due à la présence de adventices vivaces ? Maximum, minimum, moyenne.
Les caractéristiques (traits fonctionnels) des couverts à privilégier pour rentrer en compétition avec les adventices vivaces
10. Pour quelles raisons implanter un couvert végétal ?
- Réglementation
- Engrais vert
- Limiter l’érosion
- Fourrage
- Compétition avec les adventices annuelles
- Compétition avec les adventices vivaces
- Autres : ___________________________
11. Selon vous, en ne regardant que le critère de l’efficacité (lutte contre les adventices vivaces), comment se classent les différentes méthodes de lutte suivantes ?
- Rotation des cultures
- Herbicides
- Travail du sol avec retournement (labour)
- Travail du sol superficiel (décompactage avec sous soleuse, déchaumage, herse rotative)
- Désherbage mécanique avec stratégie d'épuisement des rhizomes (Binage, herse? ...)
- Désherbage mécanique avec stratégie d'épuisement de la partie végétative (écimage)
- Couverts végétaux
- Prairies
- Autres : __________________
Classement pour les 4 espèces de vivaces s’ils diffèrent.
12. Nous nous intéressons aux couverts dans la lutte contre les adventices vivaces, quelles sont d'après vous les caractéristiques intéressantes des couverts pour atteindre cet objectif ?
- Hauteur dominante Selon vous, quelle est la hauteur optimale pour un couvert afin qu’il soit compétitif contre les adventices vivaces ? Maximum, minimum, moyenne.
- Vitesse de croissance Selon vous, quelle est la vitesse de croissance optimale pour un couvert afin qu’il soit compétitif contre les adventices vivaces ? Maximum, minimum, moyenne.
- Production de biomasse Selon vous, combien de biomasse doit produire un couvert afin qu’il soit compétitif contre les adventices vivaces ? Maximum, minimum, moyenne.
- Autres : Maximum, minimum, moyenne.
Longueur de végétation ?
% de couverture ?
13. Quel type de couvert permettrait au mieux de répondre à ces caractéristiques ?
- Monospécifique Quelle espèce ? __________________________
- Plurispécifique Combien d’espèces ? ________________________ Quelles familles (légumineuses, graminées, crucifères, …) et en quelles proportions ?
- Gélives
- Non gélives
- Mélange des deux En quelle proportion ? ____________________________________________
14. Quel est le meilleur moment pour le mettre en place par rapport à la culture :
Combien de temps avant : ________________________ jours ou mois
- Après récolte de la culture précédente
- Avant la récolte de la culture précédente (plantes relais)
- Jusqu’au semis de la culture
- Jusqu’à la récolte de la culture comme plantes compagnes
15. Combien de temps le couvert doit-il rester implanté ? Maximum, minimum, moyenne.
Annexe 2
Questionnaire pour les agriculteurs (en italique : questions d’élicitation)
Objectif 1 : Connaitre l’exploitant, l’exploitation et les conditions pédo- climatiques
1. Quelle est la principale activité agricole de votre ferme ?
□ Grandescultures
□ Cultures pérenne (arboriculture)
□ Bétail
□ Agriculture mixte
□ Autres :
2. Depuis combien de temps êtes-vous installé(e) comme agriculteur(rice) ? ___________
Quel type de système de culture pratiquez-vous actuellement ?
- Biologique
- Conservation
- Conventionnel
- Autre (ecophyto, raisonné, réseau fermes, …)
Avez-vous changé de type de système de culture depuis votre installation ?
Que faisiez-vous avant et depuis combien de temps êtes-vous dans le système actuel ?
- Comment classez-vous le type de sol majeur de votre ferme ?
- Argilo calcaire superficiel
- Limons profonds
- Argilo limoneux profonds
- Sablo limoneux aéré mais séchant
- Autre :
Profondeur | Compaction |
|
|
3. Combien d’hectares de terres arables cultivez-vous actuellement ?
4. En général, quel est le système typique de rotation des cultures dans votre ferme ?
5. Quelle est la grande culture la plus importante de votre ferme ?
6. Quelle est la gamme de rendement pour vos grandes cultures (sur les 5 dernières années) ?
Objectif 2 : Est-ce que les adventices vivaces sont un problème ? Et de quelle importance ?
7. Comment classez-vous les quatre groupes de biogresseurs suivants en termes d’effets néfastes sur les grandes cultures : 1 est le moins dommageable, 4 est le plus dommageable ?
- Animaux :
- Agents pathogènes (champignons, virus, bactéries) :
- Adventices annuelles :
- Adventices vivaces :
8. Quelles sont les adventices vivaces qui vous posent des problèmes (Chardon, Laiteron, Chiendent, Rumex, Liseron, Prêle, …) ?
9. Pensez-vous qu’elles occasionnent des pertes de rendement ?
- Non
- Oui
A combien estimez-vous la perte de rendement de vos cultures due à la présence de adventices vivaces ?
10. Pensez-vous que les adventices peuvent présenter des effets bénéfiques ?
- Non
- Oui
Lesquels ? Abris ou source de nourriture pour les auxiliaires (pollinisateurs, prédateurs de ravageurs, oiseaux, petits mammifères) / Protection des sols (érosion) / Autre ?
11. Etes-vous inquiet au sujet des adventices vivaces sur vos cultures d’été ?
□ Pas du tout inquiet
□ Un peu inquiet
□ Très inquiet
12. D’après votre expérience, les adventices vivaces de vos grandes cultures deviennent moins ou plus problématiques au fil des années ?
□ Moins problématique
□ À peu près la même chose
□ Plus problématique
□ Ne sais pas
13. Comment raisonnez-vous pour estimer l’infestation de vos parcelles ? Quelles variables utilisez-vous ? (Surface, %, Nombre de plantes, Nombre de patchs, autre…) Sont-elles les même pour toutes les adventices ?
14. Combien de fois par mois (ou vous embauchez quelqu’un) inspectez-vous les adventices vivaces ?
15. Quelle combinaison de leviers utilisez-vous contre les adventices vivaces ? (Plusieurs réponses possibles)
- Herbicides
- Travail du sol
- Couverts végétaux
- Prairies
16. Décrivez l’infestation par les adventices vivaces dans les parcelles destinées aux grandes cultures avant votre intervention chimique et/ou mécanique et/ou mise en place d’un couvert puis après :
Objectif 3 : Quelles méthodes de lutte contre les adventices les agriculteurs mettent en place ?
17. Classez les méthodes de lutte contre les adventices vivaces selon leur efficacité : De 1 (Très efficace) à 5 (Très efficace)
- Rotation des cultures
- Herbicides
- Travail du sol avec retournement (labour)
- Travail du sol superficiel (décompactage avec sous soleuse, déchaumage, herse rotative)
- Désherbage mécanique ( binage, herse, …) + écimage
- Couverts végétaux
- Prairies
- Autres :
18. Arrachez-vous les adventices manuellement ?
- Non
- Oui
Combien de temps cela représente-t-il ?
Devez-vous embaucher de la main d’œuvre pour cela :
- Non
- Oui, combien :
Procédez-vous à des coupes sélectives dans la culture ?
Si oui, combien de fois par saison de production ?
Une fois ou plus ?
Herbicides : Dépendance et efficacité, cas particulier du glyphosate
19. Pour lutter contre les adventices vivaces les plus importantes de vos grandes cultures, utilisez-vous normalement des herbicides?
- Non
- Oui
Si oui, quels herbicides utilisez-vous (veuillez mentionner jusqu’à trois produits utilisés principalement), et combien de fois en moyenne les appliquez-vous par an ?
20. Combien de temps consacrez-vous à la pulvérisation du glyphosate en tout par an ?
21. Comment estimez-vous l’efficacité du glyphosate sur les adventices vivaces ?
Sur les parcelles à problème, combien de fois a-t-il fallu passer avec le glyphosate ?
Avis sur les couverts/prairies : freins à leur utilisation
22. Avez-vous déjà utilisé des couverts/prairies ?
- Oui Quelle(s) espèce(s) ? _________________________________________
- Non
Pour quelles raisons ne vous êtes-vous pas tourné vers la mise en place de couverts végétaux pour lutter contre les adventices ? Classer vos réponses par ordre d’importance (1 : plus important).
- Pas ou peu convaincu de leur efficacité en comparaison avec les herbicides
- Manque d’informations
- Plus coûteux
- Matériel
- Semence
- Autres : ____________________________
- Plus de temps de travail
- Pas de disponibilité des semences par la coopérative
- Autre : ______________________________
23. Vous estimez-vous assez entouré à travers les chambres d’agriculture, les coopératives, instituts techniques, CUMA, pour envisager de mettre en place des couverts végétaux/prairies et de vous passer du glyphosate ?
- Oui
De quel encadrement bénéficiez-vous ? _____________________________________
- Non
De quel encadrement pensez-vous avoir besoin ? _____________________________
Travail du sol : Type de travail du sol, coût et efficacité
24. Pour les adventices vivaces les plus importantes de vos grandes cultures, utilisez-vous le travail du sol et le contrôle mécanique ?
□ Non
Si non, pourquoi ?
- Pas équipé
- Pas de formation
- Pas efficace
- Contre-productif : favorise au contraire l’apparition de vivaces
□ Oui
Si oui, veuillez spécifier le contrôle mécanique que vous effectuez (plusieurs options) et le nombre de passages par an
- Déchaumage : Outil : _____________Nombre de passages : _____________
- Faux semis : Outil : _____________Nombre de passages : _____________
- Binage dans l’inter-rang de la culture : ________________
- Labour :
- Printemps Profondeur : _________cm - Nombre de passages : _______
- Automne Profondeur : _________cm- Nombre de passages : _______
- Autres : Profondeur : _________cm- Nombre de passages : _______
- Autre : ________________________
Couverts : Type de couvert, coût et efficacité
25. Utilisez-vous des cultures de couverture pour concurrencer les adventices vivaces ?
□ Non
□ Oui
De quel type ?
- Couverts végétaux _ Avant quelle(s) culture(s) ?
- Prairies _ Avant quelles(s) culture(s) ?
Quelles sont les interventions sur les prairies ? Combien de passage ?
- Rouleau, Nombre :
- Rouleau hacheur :
- Fauches :
- Pâturage :
26. Pour quelles raisons implanter un couvert végétal ? Les classer
- Réglementation
- Engrais vert
- Limiter l’érosion
- Fourrage
- Compétition avec les mauvaises herbes annuelles
- Compétition avec les mauvaises herbes vivaces
- Autres : ___________________________
27. A quel moment de l’année l’implantez-vous ? (Date)
28. Combien de temps reste-t-il/elle en place ?
- Moins d’une année _ Précisez : _______________________
- 1 an
- 2 ans
- 3 ans et plus
Quelle proportion cela représente-t-il dans la rotation ?
Quel type de couvert/Prairie :
29. Mono spécifique
Espèce : ____________________
30. Plurispécifique : Espèces et densités de semis
Avec stratégie de « plante compagne » ?
□ Non
□ Oui
- Implanté avant la culture puis semis direct
- Seulement en tant que plante compagne pendant la culture
- Semé dans la culture
31. Comment détruisez-vous ce(tte) couvert/prairie ?
- Destruction par le gel
- Utilisation d’herbicides
- Rouleau type faca
- Rouleau hacheur
- Labour
- Cultivateur
- Autre : _________________
32. Depuis combien de temps utilisez-vous les couverts végétaux/prairies ?
33. Combien de fois avez-vous été contraint de ressemer votre couvert/prairie en 10 ans ?
Ou depuis le début de leur utilisation ?
34. Combien de fois avez-vous été contraint de ressemer votre culture en 10 ans ou depuis le début de la mise en place de ce(tte) couvert/prairie ?
35. Quelles est la surface de ce(tte) couvert/prairie infestée ? Maximum, minimum, moyenne.
36. Combien y a-t-il de patchs de vivaces dans ce(tte) couvert/prairie ? Maximum, minimum, moyenne.
37. Pourquoi avez-vous fait ce choix de couvert/prairie ?
À la suite de recommandations (Conseiller, technicien …) ; Préciser de qui.
38. Quel est le coût de ce(tte) couvert/prairie en termes d’achat de semences, de temps de travail, d’investissement dans les outils et autre ?
Achat de semences :
39. Quelles machines et outils sont mobilisés pour la mise en place et la gestion du couvert/de la prairie ?
Autres dépenses liées aux couverts/prairies (les nommer et les quantifier) :
40.Êtes-vous actuellement satisfait de la gestion des adventices vivaces par ce(tte) couvert/prairie dans vos grandes cultures ?
41. Quelles sont selon vous les clefs de votre succès ?
42. De quels aspects n’êtes-vous pas satisfait ?
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