Résumé

Le but de cet article est de montrer comment une rationalité sociale est à l’œuvre dans la manière dont les agriculteurs orientent leurs pratiques, et comment cette rationalité sociale leur permet de s’appuyer sur des autorités épistémique ou sociale. Il précise la manière dont la notion « d’autorité » peut être entendue, et comment les concepts de déférence et de réputation viennent l’étayer. La nécessité pour un agriculteur, pour pouvoir agir, de s’insérer dans un ou des collectifs professionnels de référence est soulignée. Il est ainsi parlé « d’épistémologie du témoignage » ou « d’épistémologie de la réputation » des autorités, ces témoignages et ces réputations permettant de filtrer les informations et connaissances pour accéder à celles techniquement ET socialement pertinentes. Il est montré comment la structure des collectifs de référence est elle-même dynamique, conduisant au cours du temps à un repositionnement des personnes et à des changements à la fois des cadres épistémiques et des autorités qui les portent et les défendent. Introduisant la notion de conflits épistémiques, il est observé comment à un niveau macrosocial ces conflits sont générés par des transformations propres à la société post-moderne, à la place de la recherche et à l’usage de médias socionumériques. 

Mots clefs : Rationalité sociale, autorités épistémiques, réseaux sociaux, déférences, conseil agricole, recherche, médias socionumériques