Reconception des systèmes agricoles et mesures des conséquences sur les conditions de travail
Etudes de cas sur la protection des cultures
Marc Gallien*, Philippe Delval**, Sonia Grimbuhler***
*Chargé de mission MSA spécialisé en protection chimique des agriculteurs - DREETS de Normandie, marc.gallien@dreets.gouv.fr, Doctorant en sociologie rurale, - Université Littoral Côte d’Opale, Université Lille, ULR 4477 - TVES - Territoires Villes environnement & société
**Ingénieur spécialisé en protection intégrée, ACTA AGRAPOLE, philippe.delval@acta.asso.fr,
***Chercheuse en expologie, ergonomie – INRAE, UMR ITAP « Technologies & méthodes pour les agricultures de demain », Institut Agro, Univ. Montpellier sonia.grimbuhler@inrae.fr
Résumé
L’impact des changements des pratiques agricoles sur les conditions de travail est analysé à partir des mesures préventives de la protection intégrée des cultures et des neuf principes généraux de prévention. Ainsi, chaque pratique agricole est caractérisée par des critères agronomiques, environnementaux, économiques et sociaux, et les situations de travail correspondantes sont analysées par la méthode ITAMMI qui s’articule autour de 4 critères « Individu, Tâche, Matériel, Milieu ». L’évaluation environnementale et agronomique se révèle positive ; en revanche l’évaluation sociale est plus souvent négative. Le temps de travail, les besoins en salariés, en matériel sont augmentés, ainsi que ceux en formations nouvelles. Cela constitue un frein à la mise en place généralisée de ces techniques. Le croisement des expertises agronomiques et ergonomiques a permis de construire un outil d’évaluation pour les préventeurs (personne chargée de la prévention des risques professionnels en santé, sécurité au travail) et de construire des actions de prévention pour accompagner les changements de pratiques agricoles.
Abstract
Reducing the use of pesticides is a key objective for human health and the environment. While there have been efforts to implement virtuous practices, they are still not sufficient. The impact of changes in agricultural practices on working conditions is analyzed through the use of integrated crop protection measures and the nine general principles of prevention. Then, each agricultural practice is evaluated based on agronomic, environmental, economic, and social criteria, with corresponding work situations assessed using the "Individual, Task, Material, Environment" method. Environmental and agronomic assessments have yielded positive results, however, social assessments tend to be more negative. There is an increase in work time, staff, and equipment requirements, as well as a growing need for additional training. This poses a challenge to the widespread adoption of these techniques. By combining agronomic and ergonomic expertise, we have developed an assessment tool for occupational health and safety specialists to design preventive actions that support changes in farming practices.
Introduction
Les enjeux climatiques et environnementaux font l’objet de nombreux constats et travaux scientifiques au niveau mondial (Inger et al., 2022). Le chapitre 5 du rapport du GIEC sur le changement climatique (Inger et al., 2022) est consacré aux effets du climat sur les sols et les productions alimentaires. Les auteurs éclairent les décideurs sur les politiques publiques à mettre en œuvre pour réduire les effets de nos modes de production, de consommation et finalement de nos modes de vies sur le climat et les écosystèmes. En 1992, le Sommet de la Terre à Rio, tenu sous l'égide des Nations Unies, a officialisé la notion de développement durable et celle des trois piliers : économie/écologie/social ; un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Ce concept s’est généralisé dans l’ensemble des activités humaines dont l’agriculture et l’alimentation (INSEE, 2024). La Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO) a publié un rapport en 2014 : « Construire une vision commune pour une alimentation et une agriculture durable » (Semedo, 2014). En page 34 de ce rapport, il est défini une représentation de la mise en pratique de la durabilité (Figure 1).
La durabilité a donné place à l’humain et aux aspects sociaux, pas seulement dans la partie dédiée au dialogue, mais aussi dans les autres parties, telles que : savoir élaborer en coopération, renforcer les capacités, conscientisation, encourager les actions conjointes entre les parties prenantes (Beguin et al., 2011).
Ces éléments de la durabilité se sont retrouvés en pratique dans la Loi n°2014-1170 du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Son article L. 1. – I. introduit ces principes dans la réglementation : « La politique en faveur de l’agriculture et de l’alimentation, dans ses dimensions internationale, européenne, nationale et territoriale, a pour finalité : 1°« Dans le cadre de la politique de l’alimentation définie par le Gouvernement, d’assurer à la population l’accès à une alimentation sûre, saine, diversifiée, de bonne qualité et en quantité suffisante, produite dans des conditions économiquement et socialement acceptables par tous, favorisant l’emploi, la protection de l’environnement et des paysages et contribuant à l’atténuation et à l’adaptation aux effets du changement climatique ».
Une partie de la réponse est portée par l’agroécologie. Celle-ci cherche à associer les dimensions écologique, économique et sociale, afin de prendre en compte les trois piliers du développement durable (Loi n°2014-1170, 2014 ; Reboud et al., 2019). Pour répondre à ces enjeux, l’agriculteur est garant du biotope, de la biocœnose et des humains qui l’entourent, y compris pour la protection de leur sécurité et de leur santé des travailleurs (code du travail 4ème partie : santé-sécurité). Il doit préserver le potentiel de ressources qui lui permet de produire, y compris la ressource humaine.
Les expertises collectives sur l’impact des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les écosystèmes (Richard, 2022) et sur la santé humaine (Inserm, 2021) encouragent la transition vers une agriculture mettant davantage en œuvre les solutions alternatives à la lutte chimique contre les bioagresseurs des cultures. La Protection Intégrée des Cultures (PIC) regroupe des leviers, ou techniques qui répondent aux principes de l’agroécologie (Ecophytopic, 2024). Les 9 principes généraux de prévention (PGP) concernent la protection de la sécurité et la santé des travailleurs sont définis à l’article L.4121-2 du code du travail. Les deux pyramides ci-dessous représentent les logiques d’application des principes de la PIC et celle des PGP.
Concernant la protection des plantes, la protection « intégrée » s’insère dans la production agroécologique puisqu’elle doit privilégier les approches préventives (Figure 2)[i][1]. Elle concerne toutes les cultures. La notion « j’ai un problème – j’ai une solution » liée à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques est inversée au profit de « quelles solutions dois-je mettre en œuvre pour limiter, voire éviter les problèmes ? » (Directive 2009/128/CE). L’agroécologie révise les systèmes de production en profondeur et vise donc la reconception des systèmes de production (le R du concept ESR)[2][ii], ce qui modifie les conditions de travail et peut provoquer des conséquences sur la sécurité et la santé au travail (Estevez et al., 2020). Dans ce contexte de production guidée par l’agroécologie, l’agriculteur, mais aussi tous ceux qui l’entourent doivent repenser leur travail sans oublier les riverains impactés par ses pratiques (Dedieu, 2022). Observation, identification et mise en œuvre de pratiques préventives deviennent la base de leur organisation. La connaissance des potentiels des variétés, des organismes utiles et toutes techniques préventives constitue la nouvelle priorité des acteurs de l’agriculture par rapport aux produits phytopharmaceutiques (Deguine et al., 2016). Les conditions de travail de l’agriculteur évoluent afin d’inclure ces nouvelles pratiques.
La loi d’avenir agricole de 2014 permet la constitution de Groupement d’Intérêts Economiques et Environnementaux (GIEE), qui doivent aider les agriculteurs à trouver en commun des moyens de mettre en pratique les principes de l’agroécologie (Deguine et al., 2016 ; Doré et al., 2019) en s’appuyant sur les trois piliers de la durabilité : agronomiques, environnementaux et sociaux. Des outils et des méthodes d’évaluations : IDEA (Zahm et al., 2023) ou le « guide durabilité » des CIVAM (CIVAM, 2024) sont par exemple disponibles pour accompagner les agriculteurs, les conseillers agricoles vers la transition vers l’agroécologie (Caquet et al., 2020 ; Lucantoni et al., 2021). Les enjeux humains sont l’une des composantes pour réussir la transition agroécologique dans les territoires (Duru et al., 2014).
Le lieu de la mise en œuvre de ces principes et de ces leviers est l’exploitation agricole, par conséquent les agriculteurs et leurs salariés. Ces changements de pratiques peuvent impacter les choix des décideurs publics et les conditions de vie des habitants du territoire (Reboud et al., 2017). Une amélioration des relations entre les agriculteurs et la population riveraine de leurs exploitations est attendue (Van Dam et al., 2013). Cela contribue à l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs. La population active agricole se restructure, en raison de la transition générationnelle des agriculteurs ; la moitié d’entre eux partiront à la retraite d’ici 2030 (Borne, 2023). Le rapport “nouvelles formes de travail en agriculture” du Conseil Général de l’Alimentation de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) apporte un éclairage sur la ressource humaine mobilisable pour assurer la production agricole, dans le contexte environnemental et social actuel (Frenecon et al., 2021). Il envisage les nouvelles formes du travail plus collectives. Il questionne la forme des entreprises et les organisations du travail notamment avec le recours aux entreprises de travaux agricoles et aux Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA). Il pose la question de la gestion des ressources humaines dans les exploitations agricoles. Les acteurs de demain devront-être formés sur ces enjeux. C’est la mission de l’enseignement agricole dans son plan : « Enseigner à produire autrement » 2014-2018 (EPA), puis EPA2 en cours actuellement (DGER/SDRICI/2020-68 30/01/2020 ; EPA, 2024). Les enjeux sociaux sont au cœur de la réussite de cette transition (Claveirole, 2016). Les agriculteurs expriment leurs inquiétudes sur leurs conditions de vie, leur charge de travail qui augmente, les investissements à consentir pour réussir la transition, la santé économique de leurs exploitations et le manque de visibilité sur l’avenir (Dedieu, 2022 ; Lenoir, 2023 ; Beguin et al., 2016).
Par exemple, l’application des mesures préventives de la protection intégrée des cultures, par la réduction des sources de bioagresseurs (graines d’adventices, spores de champignons, formes hivernantes de ravageurs…), par l’évitement spatial (assolement…) ou temporel (décalage de la date de semis…), et par l’atténuation (fertilisation et irrigation raisonnées, drainage…), permet de réduire l’usage des produits phytopharmaceutiques. A priori, la santé et les conditions de travail des agriculteurs doivent aussi s’améliorer. En agissant sur le choix des procédés et des méthodes de travail et en appliquant les principes généraux de prévention, c’est en effet ce qui est attendu. Un travail de vérification de cet attendu est nécessaire.
Matériel et méthodes
Dans le cadre de la présente étude, la pyramide IPM (figure 2) est employée. Elle permet une comparaison du modèle conventionnel à celui de la PIC en tenant compte de ses 8 principes d’application. La méthodologie employée est la comparaison de l’application des leviers préventifs de la PIC avec la prévention primaire des principes généraux de prévention (Figure 2) et d’en déduire leurs impacts sur les conditions de travail. Sont questionnés les aspects techniques, organisationnels et humains, à partir de la littérature scientifique et de la réglementation[1] (Hémon, 2015).
Identification des facteurs de comparaison
Les leviers préventifs de la PIC (Ecophyto 2024) réduisent la pression des bioagresseurs, limitent les agressions et réduisent l’utilisation des produits phytopharmaceutiques de synthèse. La prévention primaire des principes généraux de prévention (PGP) permet d’agir en amont des risques professionnels. Les leviers préventifs de la PIC et les PGP (Code du travail, article L.4121-2) sont les niveaux pertinents pour effectuer des transitions agroécologiques significatives puisque l’on agit en priorité sur les leviers préventifs et sur l’évitement des risques professionnels.
Le schéma ci-dessous permet de vérifier cette comparaison.
La comparaison des deux bases des pyramides se fait sur les actions préventives et sur les moyens d’agir au plus tôt, que ce soit sur les leviers de la PIC et sur les principes généraux de prévention.
Cent soixante pratiques ou ensemble de pratiques alternatives permettant d’éviter ou de réduire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sont identifiées dans la base « Leviers PIC » sur le site EcophytoPIC. Chaque article de cette base est une compilation de ressources produites par des réseaux professionnels et des experts, et propose des conseils afin d'appliquer les principes de la PIC, en présentant des éléments techniques avant de renvoyer vers des ressources diverses plus complètes et détaillées. L’article comprend ainsi une description du levier abordé et les ressources associées permettant de mieux comprendre et d'appliquer la technique. Parmi ces ressources des liens vers des fiches GECO (Pinet et al., 2018), les Certificats d’Economie des Produits Phytopharmaceutiques (CEPP) associés, des liens vers les acquis des groupes DEPHY[3] et des « Contrats de Solutions » réellement documentés et validés par un comité de validation avec des experts « reconnus » : ITA, Inrae... sont disponibles (Deguine et al., 2016).
Dans le cadre de cet article, ce sont les thématiques « prévenir » et « piloter » qui sont retenues sur les 5 proposées (voir annexe 1), afin de produire des données répondant à la question :
- Prévenir : thématique qui correspond aux méthodes positionnées en amont visant à réduire l’importance des infestations ou d’atténuer l’impact des bioagresseurs en culture, voire d’évitement de la concordance des cycles de bioagresseurs et/ou de plantes hôtes.
- Piloter : thématique qui réunit les méthodes d’observation, de surveillance permettant des prises de décision opportunes pour bien protéger les cultures.
Pour les conditions de travail, le code du travail prévoit dans son article L.4121-2 les principes généraux de prévention (PGP). Ils permettent de répondre aux obligations générales de l’employeur à savoir, article L4121-1 : « L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent :
1° Des actions de prévention des risques professionnels, y compris ceux mentionnés à l'article L. 4161-1 ;
2° Des actions d'information et de formation ;
3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.
L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes. »
Dans cet article, il sera étudié la prévention primaire qui consiste à agir le plus en amont des risques, c’est-à-dire en privilégiant leur suppression, au besoin d’évaluer ceux qui ne peuvent pas être évités et de chercher à les combattre à la source.
Sélection des leviers et données disponibles
Dans chacun des articles « leviers PIC » sélectionnés, les fiches GECO (Soulignac et al., 2017) et du guide « co-conception de systèmes innovants » sont étudiées pour identifier les critères agronomiques, environnementaux, économiques et sociaux de chaque technique.
Les quatre types de critères sont qualifiés par des experts (agronomes, ingénieurs, professionnels) dans chacune des fiches GECO grâce à des icônes : favorable neutre ou variable peu ou pas favorable. Plusieurs sous-critères qualifient la technique :
- Critères environnementaux : qualité de l’air, qualité de l’eau, consommation ressources fossiles, biodiversité – risque inondations, transferts de polluants, GES
- Critères agronomiques : productivité, qualité de la production, fertilité du sol, stress hydrique, biodiversité fonctionnelle, développement de bioagresseurs – risque climat, mulch
- Critères économiques : charges opérationnelles, charges de mécanisation, marges, surfaces productives – risques aléas économiques, investissements, débouchés
- Critères sociaux : temps de travail, organisation du travail, temps d’observation, temps de formation, période de pointe, paysage – coopération
Dans les Guides de co-conception de systèmes innovants, (Ecophytopic, 2024) les critères agronomiques (agronomie & qualité du produit), environnementaux (environnement et énergétique), économiques (économie) et sociaux (temps de travail, organisation du travail), qualifiés par des experts filières, sont regroupés similairement à ceux de GECO. Pour aider à la compréhension, des exemples sont disponibles en annexes 2, 3 et 4 de ce document.
Pour l’analyse des situations de travail, la méthode « Individu, Tâche, Matériel, Milieu », (ITaMAMI) a été retenue. Cette démarche, initiée dans les années 1970 par l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) est utilisée par de nombreux acteurs de la prévention pour l’analyse des accidents du travail (Références ITaMAMI). L’enjeu est de pouvoir construire une méthodologie permettant de produire des résultats avec un nombre de critères « maitrisés ». Les critères permettant d’analyser les conditions de travail ont été sélectionnés en fonction des données produites à partir de la connaissance des experts sur la durabilité, les réglementations mais aussi en fonction des politiques publiques sur la transition agroécologique et la réduction de l’usage des produits phytopharmaceutiques (tableau 1). Le nombre de critères par déterminant est déterminé par rapport à ce qui est connu des situations de travail et ce qui peut être évalué dans le changement de pratique, de manière générique.
Les critères de la démarche ITaMAMI, sont repris dans le tableau ci-dessous (Tableau 1) :
Tableau 1 : Critères ergonomiques retenus dans la méthode ITaMAMI permettant l’analyse des conditions de travail
Individu | Tâche | Matériel | Milieu (Physique, économique, réglementaire, social) |
Besoin en main d'œuvre supplémentaire | Tâche nouvelle | Investissements machines | Impact du climat sur la tâche |
Besoin en compétences spécifiques | Tâche intégrée dans un itinéraire technique | Investissements infrastructures et matériaux | Tâche dépendante de l'environnement professionnel |
Besoin en formation | Impact de la tâche sur les autres tâches | Réaménagement foncier | Impacts de la filière sur la tâche |
| Charge de travail supplémentaire « en période "creuse" | Supports et conduite de culture | Filière nouvelle à créer |
| Charge de travail supplémentaire « en période » "de pointe" | Investissements en moyens numériques | Travail de groupe nécessaire recommandé : ex GIEE |
| Obtenir des autorisations |
| Soutien des politiques publiques |
| Respecter des réglementations nouvelles |
| Soutien des organismes financiers |
| Tâche partagée dans un collectif |
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| Recherche de financement |
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| Valorisations à prévoir |
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Croisement des données de la base leviers de la PIC et des PGP
Un tableau Excel a été créé à partir de la liste des leviers PIC qui correspond aux principes mobilisés en prévention. Il a été conçu de la manière suivante :
- Chaque ligne correspond à un levier pour une production ou groupe de productions données,
- Chaque colonne correspond aux données pour le levier : résumé du levier, renvoi aux fiches GECO et co-construction, critères pertinents pour le levier. Chaque levier est noté sur les performances de la durabilité puis par l’analyse ITaMAMI. Enfin, il est complété par des colonnes sur les risques professionnels nouveaux ou “augmentés”.
Ce tableau permet d’effectuer des tris et des sélections sur l’ensemble de ses colonnes et d’accéder à de la donnée complémentaire, via des liens hypertexte. Pour avoir une vision plus claire, une première analyse quantitative a été effectuée. Elle permet de classer chacun des leviers sur les quatre types de critères. Pour cela, la prédominance du nombre de caractères dans chaque qualification est examinée (verte, jaune, rouge) dans la fiche GECO en lien avec le levier PIC quand elle est renseignée, et un caractère synthétique établi est affecté, selon les règles suivantes :
Si la fiche GECO n’est pas renseignée, la fiche correspondante dans un guide de co-conception est utilisée. Parfois plusieurs fiches Geco sont concernées, et la somme des icônes de ces fiches est effectuée. Dans le cas où aucune fiche n’est à disposition, un levier a été rattaché à un autre qui était renseigné si celui-ci a des méthodes et des incidences comparables (voir exemple dans l’encadré suivant).
Les méthodes ont été regroupées par grand type en utilisant la catégorisation EcophytoPIC. Neuf groupes sont ainsi définis (voir Annexe 5).
Par exemple, pour le choix des variétés concurrentes vis-à-vis des adventices, il n’y a pas de fiche Geco. Si l’on regroupe avec « Choisir des variétés / porte-greffes tolérants ou résistants aux bioagresseurs » qui présentent les mêmes caractéristiques dans les 2 fiches des guides de co-conception disponibles : cultures tropicales / cultures légumières, une donnée fiable est obtenue, puisque l’action porte plutôt sur le choix de la variété que sur le résultat qu’apporte ce choix.
Note : Effet favorable en vert, effet neutre ou variable en jaune, effet défavorable en rouge
Le tableau montre un aspect favorable à la mise en pratique préventives :
- Favorable d’un point de vue environnemental (6 types / 8)
- Assez favorable d’un point de vue agronomique : (4 types/8)
- Neutre d’un point de vue économique
L’ensemble des groupes de leviers restent économiquement neutres excepté dans la mise en place ou l’entretien des infrastructures agroécologiques. En revanche, les pratiques agronomiques et environnementales favorables sont défavorables d’un point de vue social, particulièrement par rapport à l’organisation du travail. Le nombre de tâches et leur pénibilité augmentent (par exemple, fabrication des composts et fumiers, binage sur les rangs, pose de bâches)et la ressource humaine n’est pas toujours disponible. Les critères sociaux montrent la nécessité de modifications « profondes » dans l’organisation, le temps de travail ou déplace des périodes de pointe. Les investissements sont économiquement impactant pour les exploitations.
Analyse qualitative
Pour l’analyse qualitative, trois groupes de pratiques ont été retenus, groupes placés par ordre chronologique en termes d’itinéraire technique : 1. Rotations ; 2. Méthodes physiques préventives ; 3. Post-récolte et Intercultures.
L’ensemble de ces leviers étaient totalement ou quasi-totalement renseignés avec au plus un seul levier non renseigné ce qui permet d’avoir des informations les plus complètes possibles. Ces trois groupes représentent bien les leviers préventifs de la PIC.
Choix des cultures et des rotations
1/ critères environnementaux
Le choix des rotations a des incidences sur la qualité de l’eau de consommation. En effet, la succession des cultures sur une même parcelle mais aussi l’introduction de cultures intercalaires ou de couverts végétaux en association, ont diverses fonctions positives dont un rôle filtrant vis-à-vis de polluants éventuels (fiches GECO). La couverture du sol a un rôle bénéfique vis-à-vis de la biodiversité fonctionnelle. Les autres paramètres sont variables et dépendent fortement des espèces et variétés choisies notamment à leurs besoins en azote et leur degré de mécanisation dû à l’augmentation des opérations de semis et d’entretien.
2/ critères agronomiques
Les critères améliorés sont principalement la fertilité du sol par une amélioration de la structure et vie du sol mais aussi parfois la productivité. La gestion des adventices peut être également améliorée en diminuant l’apport d’herbicides. Pas d’effet ou variable sont observés sur les paramètres « stress hydrique » et « qualité de la production ».
3/ critères économiques
Le temps de travail et la mécanisation constituent l’essentiel des charges nouvelles. Bien que cela varie d’une exploitation à l’autre une augmentation de 10 à 15% est tout à fait possible. Elles se compensent par les produits nouveaux, mais aussi par les gains sur les charges de culture sur l’ensemble de la rotation.
4/ critères sociaux
Introduire des cultures dans la rotation, c’est mobiliser des compétences, nouvelles au besoin. C’est avoir besoin de se former, de prendre du temps et de s’organiser pour cela. L’organisation du travail est impactée par des travaux propres à ces cultures (mise en culture ou récolte). C’est aussi investir dans des moyens mécaniques et des équipements supplémentaires, spécifiques à ces cultures. C’est plus de temps d’observation pendant les premières années après l’introduction de la culture. Certains agriculteurs mentionnent un tour de plaine toutes les semaines en phase de croissance de la culture. C’est aussi trouver des débouchés nouveaux, obtenir des droits à produire ou contractualiser avec l’aval (coopérative ou négociants). Travailler en groupe (Ex : GIEE) est recherché par les agriculteurs. C’est du temps de travail supplémentaire. Pour toutes les nouvelles cultures, l’effet climat est à prendre en compte, car il conditionne l’organisation du travail, modifie les conditions de réussite des pratiques agricoles et génère de la charge mentale pour les travailleurs agricoles. Il est crucial pour certaines : le lin par exemple.
Introduire des nouvelles cultures dans la rotation est positif du point de vue environnemental et agronomique. Economiquement cela se discute. D’un point de vue social c’est souvent de la charge de travail supplémentaire et des conditions de travail qui sont impactées. Dans le cas de la culture du lin fibre, très intéressante d’un point de vue environnemental, agronomique et même économique, par exemple, les conditions de travail sont impactées, du fait de la sensibilité de la culture aux aléas climatiques, du semis à la récolte, et qui nécessite des moyens mécaniques spécifiques.
Méthodes physiques préventives (annexe 5)
1/ critères agronomiques et environnementaux
Les éléments physiques (filets, bâches, effaroucheurs) n’ont pas d’effet agronomique direct. Des effets neutres sur la plupart des paramètres sont observés, excepté pour la solarisation qui par l’effet température peut affecter la biodiversité fonctionnelle et sélectionner des plantes vivaces.
Les méthodes physiques préventives ont un effet positif sur la qualité de l’air et de l’eau du fait de leur substitution à l’application de produits chimiques de synthèse (exemple : filets anti-insectes remplaçant l’application d’insecticides). Augmentation indirecte et directe des consommations en énergie, due à la fabrication d’éléments en plastique (telles que les bâches, à leur mise en place et à leur recyclage). Cet effet serait compensé par l’abandon des pesticides (fiche Geco « solarisation[5]»).
2/ critères économiques
L’augmentation du temps de travail et les investissements dans les moyens matériels et les équipements constituent des charges importantes. Les gains sur la production et la diminution des charges liées à la réduction des dépenses de protection de la culture compensent ces charges. Un équilibre est un résultat économique atteignable (fiche GECO).
3/ critères sociaux
Le temps de travail et l’organisation du travail sont fortement impactés par les mises en place de moyens techniques nouveaux qui augmentent le nombre de techniques culturales, qui demandent des interventions sur des équipements, de créer ou de gérer des zones d’intérêt écologique ou encore d’optimiser les conditions de semis ou de plantation. Par exemple, l’utilisation de bâches ou de filets nécessite du temps de travail supplémentaire pour leur mise en place, pour leur entretien mais aussi lors des interventions culturales. Les conditions d’interventions sur les cultures sont conditionnées par la présence des bâches ou des filets qui peuvent créer des contraintes pour le passage des moyens mécaniques. Pour cela, l’agriculteur doit s’assurer d’avoir les compétences nécessaires et au besoin doit se former. Le travail de groupe est recherché et parfois recommandé. La charge de travail augmente. Des moyens techniques et matériels nouveaux sont à mobiliser. La mise en place d’installations nouvelles, principalement sur les cultures pérennes est à prévoir (sur le palissage par exemple). Les conditions de travail sont impactées par le choix des cultures et de leurs itinéraires techniques qui doivent s’intégrer dans une organisation du travail nouvelle. Gérer des dates de semis, dans des conditions climatiques difficiles, par exemple, influe sur la réussite des cultures. Des risques nouveaux apparaissent, par exemple le risque de chute pour la mise en place de filets en hauteur.
Les méthodes préventives sont très favorables aux enjeux environnementaux. Elles demandent des investissements en temps et moyens matériels. Economiquement, la basse des charges permet de compenser les charges nouvelles. Les conditions de travail sont impactées. Le bâchage, par exemple demande du temps de travail et des manutentions importantes. Toutefois, en maraichage par exemple, en y intégrant le système d’irrigation et en mécanisant sa mise en place il est possible de limier la charge physique.
Pratiques Post-récolte et d’interculture
1/ critères agronomiques
La biodiversité est souvent favorisée par l’implantation de couverts abritant des auxiliaires et des pollinisateurs en cas de couverts fleuris, mais elle peut être perturbée dans le cas de travail du sol, profond par le labour voire superficiel. La fertilité des sols et donc la productivité mais aussi la résistance au stress hydrique sont des caractéristiques positives de ces méthodes. La durée des intercultures peut être différente suivant les rotations mises en œuvre. En grandes cultures le conseil d’alterner les périodes d’implantation des cultures (automne puis printemps) pour gérer les adventices notamment peut permettre l’implantation de couverts hivernaux. Contrairement aux intercultures courtes (après cultures d’été ou en cultures légumières) où, pour ces dernières, l’alternance des périodes d’implantation est plus commune.
2/ critères environnementaux
La qualité de l’air et l’utilisation accrue de ressources fossiles sont les facteurs qui ont un effet variable ou neutre (respectivement 2 sur 8 et 4/8) ou défavorable (respectivement 5/8 et 3/8) du fait de travaux supplémentaires nécessaire avec des équipements. La qualité de l’eau peut être améliorée avec un effet filtre vis-à-vis des transferts de substances polluantes. Ces couverts ont aussi un effet positif sur l’air par la non-utilisation de pesticides sur ceux-ci.
3/ critères économiques
Du temps de travail et des investissements en plus constituent des charges supplémentaires pour les exploitations. Les effets bénéfiques des techniques sur les cultures suivantes compensent ces charges.
4/ critères sociaux
Appliquer ces principes, c’est rajouter des tâches nouvelles. C’est surtout du temps de travail qui se rajoute à des périodes déjà chargées. Il faut intercaler ces travaux dans des périodes avec des risques climatiques accrus : automne par exemple. Le choix des techniques culturales sans labour limite cette augmentation de charge de travail. Des moyens matériels sont nécessaires pour appliquer ces principes. Pour certaines exploitations, ce sont des investissements à prévoir, en propriété directe ou collective (ex : Coopérative d’Utilisation des Matériels Agricoles (CUMA)). Cela implique du temps de mécanisation supplémentaire avec des risques liés aux machines. Ceux qui pratiquent des couverts fleuris, bien qu’ils soient difficiles à mesurer, ne sont pas sans effets positifs sur la perception positive sur travail de l’agriculteur dans la population.
Les pratiques post-récolte et interculture sont favorables à l’environnement et à l’agronomie. C’est souvent de la charge de travail supplémentaire dans des conditions climatiques difficiles qui impactent les conditions de travail. Prenons l’exemple concret et réel d’un agriculteur qui pratique plusieurs faux semis et qui met en place une interculture, sa charge de travail augmente dans des périodes de semis des cultures de fin d’été et d’automne jusqu’aux récoltes plus tardives.
Le tableau suivant récapitule les aspects positifs, neutres et négatifs des leviers préventifs de la protection intégrée d’un point de vue environnemental, agronomique et social :
Tableau 3 : Tableau récapitulatif des aspects positifs, neutres et négatifs des leviers préventifs de la PIC
| Aspects positifs | Aspects neutres | Aspects négatifs |
Environnement | Globalement positif | Certaines pratiques couvrant les notions de rotation et d’implantation n’ont pas d’effet positifs ou négatifs compte tenu des conséquences mineures des modifications | Pas de critères qualifiés de négatifs |
Agronomie | La fertilité des sols, la productivité mais aussi la résistance au stress hydrique sont pour la moitié favorisés par les techniques préventives. | Dans l’autre moitié des cas, les avantages mis en avant sont moins évidents | Pas de critères qualifiés de négatifs |
Economique | Diminution de charges d’application des PPP Valorisation des produits | Neutralité si la baisse des rendements est compensée par la baisse des charges | Augmentation des charges de mécanisation Diminution des rendements Augmentation du temps de travail |
Social | Diminution des risques liés aux expositions aux PPP
Amélioration des relations sociales des agriculteurs | Neutre si le temps de travail et les conditions de travail ne changent pas | Augmentation du temps de travail Tâches nouvelles Augmentation des risques professionnels notamment ceux liés aux équipements de travail et aux machines. Risque routier s’il y a augmentation du temps de déplacement sur route. |
Les résultats obtenus montrent l’importance de la prise en compte des conditions de travail dans les changements de pratiques agricoles qui s’appuient sur des leviers agronomiques connus et qui bénéficient par ailleurs d’un travail de recherche soutenu.
Présentation d’exemples concrets
Pour illustrer ces résultats, prenons quelques exemples concrets de propositions agronomiques, performantes d’un point de vue environnemental et agronomique, auxquelles il sera associé une proposition de démarche ITAMAMI
Exemple 1 : implantation d’une interculture après la récolte de céréales à paille
Pour les céréales à paille récoltées en fin juin ou en juillet, l’interculture est alors longue soit à l’automne pour les cultures d’hiver soit même au printemps et l’agriculteur peut choisir selon les parcelles entre un travail du sol répété pour détruire l’été les plantes vivaces ou implanter juste après la récolte un couvert végétal améliorant la vie des sols et leur fertilité. Ensuite, selon les diagnostics réalisés par les agriculteurs et les caractéristiques de leurs sols, le labour peut ou non être pratiqué en début d’hiver.
Démarche ITAMAMI
- Individu : Les agriculteurs qui mettent en œuvre ces techniques doivent se former pour acquérir les compétences nécessaires afin d’être en mesure de réaliser ces choix et ces diagnostics.
- Tâche : selon les choix et les diagnostics réalisés, les tâches peuvent varier selon : le choix des parcelles, le choix des plantes, les diagnostics, le choix des techniques culturales. Même sur un pas de temps plus long le temps nécessaire pour réaliser ces tâches peut lui aussi varier, dans des périodes à forte intensité de travaux : récoltes d’automne, mises en culture et pour les exploitations d’élevage il peut y avoir des ensilages. Le temps nécessaire pour réaliser l’implantation de l’interculture est plus long mais l’ensemble des tâches pour y parvenir est plus important et peut dépendre d’un prestataire : par exemple pour des diagnostics. Les conditions de travail : amplitude journalière, charge mentale, charge physique, temps de conduite, par exemple, peuvent générer de la fatigue, du stress et aggraver les risques professionnels liés aux équipements de travail.
- Matériel : les choix matériels sont eux aussi à prendre en compte ; les matériels nécessaires de travail du sol et de mise en culture peuvent être présents dans l’exploitation pour réaliser l’implantation des intercultures. Dans ce cas il y a peu d’investissements à prévoir. Dans le cas contraire, il faut prévoir des investissements. Par exemple dans des broyeurs pour la destruction des intercultures.
- Le milieu : dans les choix techniques les caractéristiques des sols sont importantes, s’ils sont faciles à travailler ou non. Les conditions météorologiques conditionnement fortement la réussite de la technique de l’implantation à la destruction de l’interculture qui faut pouvoir réaliser dans de bonnes conditions. Il en est de même dans le choix des parcelles. Les parcellaires sont différents d’une exploitation à l’autre. L’assolement détermine la surface d’intercultures à réaliser.
Exemple 2 : implantation d’une interculture après la récolte de de tournesol ou de maïs
Pour le tournesol et le maïs qui sont souvent suivis par un blé d’hiver, l’interculture, entre la récolte et la culture suivante, est très courte. Après leur récolte, il n’y a pas de semis de couverts végétaux. Le labour est rarement pratiqué après tournesol ou maïs et les TCS (Techniques Culturales Simplifiées) voire les SD (semis directs) sont souvent préférés par les agriculteurs.
Démarche ITAMAMI
- Individu : Les travailleurs qui mettent en œuvre ces techniques ont en général les savoirs et les compétences nécessaires mis il faut rester prudent. Le point de vigilance sera la disponibilité de la main d’œuvre. Le besoin portera sur l’ensemble des tâches à réaliser et pas seulement sur la mise en place de l’interculture.
- Tâches : il n’a y pas de mise en œuvre de techniques particulière et par conséquent pas de tâches nouvelles.
- Matériel : le matériel de mise en culture est présent sur l’exploitation.
- Le milieu : les conditions météorologiques, l’excès de pluies en particulier, sont essentielles dans ce cas.
Pour ces deux exemples, la démarche ITAMAMI apporte des précisions sur les conditions de travail qui n’étaient pas présentes dans la proposition agronomique mais ont toutefois leur importance pour les conditions de travail des agriculteurs. En situation réelle de travail, des précisions complémentaires peuvent être prises en considération : par exemple l’achat de matériel en commun (CUMA par exemple) qui nécessite une organisation entre les agriculteurs, des informations sur l’état du parcellaire : distance, nature de sols par exemple, la place du conseil agronomique qui conditionne des choix techniques etc. Les conditions de travail : amplitude de travail, temps de conduite, charge mentale, risques mécaniques liés aux équipements de travail, peuvent conduire à des risques professionnels.
Dans le cadre d’une interculture « courte », les impacts peuvent se révéler les plus favorables sur les conditions de travail, puisqu’il n’y a pas une nécessité absolue de mettre en place une interculture.
Exemple 3 : création d’un atelier maraichage sur une exploitation de grande culture. Exploitation de grande culture de Normandie : céréales à paille (blé, orge), colza, lin et pomme de terre.
Cet Atelier de maraichage est sous tunnel exclusivement, implanté dans un environnement entouré de haies. Le terrain a été choisi à l’écart de l’exploitation conventionnelle. Les maraichers produisent des légumes : salades, oignons nouveaux, choux, choux fleur, brocolis, aubergine, tomate, carottes, aromates. L’atelier maraîchage produit des légumes en Bio, quelques traitements avec des solutions de biocontrôle sont pratiqués. Cependant, les exploitants n’ont pas fait le choix de la reconnaissance AB car ils voyaient les contraintes liées au contrôle de la séparation de l’atelier maraichage du reste de l’exploitation sans obtenir de valorisation supplémentaire dans le cas d’un circuit court. Le revenu de l’atelier permet de rémunérer le salarié. Les conditions de travail sont jugées acceptables par l’agriculteur et son salarié.
Un travail important a été réalisé sur les planches : la division de la surface en bandes de terre, les techniques de paillage et sur le matériel utilisé.
L’analyse ITAMAMI en conditions réelles nous montrent que chacun des 4 critères comporte des informations pertinentes :
- Individu : la formation de l’agriculteur et du salarié a été déterminante pour la « conception » de l’atelier, le choix des cultures, la mise en place des rotations et l’adaptation des équipements et matériels,
- Tâches : le choix des planches, leurs surfaces, leurs implantations sous les tunnels, ont été réfléchis en fonction des rotations, des techniques de paillage et d’arrosage. Le cahier des charges était :
- Ne pas désherber, ou le moins possible : avoir un paillage efficace et permanent
- Avoir un système d’arrosage simple à mettre en œuvre
- Avoir des productions diversifiées mais avec une production « régulière » pour des travaux de récoltes « compatibles » avec les travaux des champs
- Des planches compatibles avec la mécanisation qui limite au minimum les tâches manuelles
- Travail du sol limité
- Matériels :
- Choix des variétés résistantes,
- Choix dans des tunnels qui permettent de respecter le choix des dimensions des planches et permettent de gérer la ventilation,
- Bâchage et irrigation mis en place une fois par an. Des « gabarits » permettent de redéfinir les écartements de plantation sans avoir à changer le bâchage
- Le matériel a été entièrement adapté, à partie de machines agricoles, aux caractéristiques des tunnels et des planches,
- Le milieu
- Atelier ouvert aux clients : vente directe presque exclusivement,
- Effet climat limité,
- Bénéfice de l’environnement des haies pour une réserve d’axillaires utiles aux cultures
Dans cet exemple les conditions de travail ont été au cœur des réflexions des maraichers. Les dimensions des planches ont été déterminées par rapport au temps de travail et à l’usage des matériels mécaniques. Ils ont été pensés et mis « au format » des planches de l’exploitation de sorte que le travail mécanique soit aisé en limitant les manœuvres et en évitant de chevaucher les autres planches lors des différents passages. Le paillage a été pensé pour limiter le travail à réaliser, le développement des adventices et assurer l’alimentation en eau des cultures. Pour ce qui concerne la charge physique c’est le choix d’un paillage « permanent » qui intègre le système d’irrigation ainsi que l’adaptation du matériel aux planches qui permettent de limiter le travail physique et les contraintes posturales.
L’organisation du travail change lors de la mise en œuvre des leviers de la PIC. Des tâches nouvelles apparaissent : travaux culturaux, interventions sur les infrastructures, réaménagement foncier, temps de formation et d’observation, tâches administratives, recherche de débouchés et de financement.
Discussion
Les résultats des analyses quantitative et qualitative, ainsi que les exemples qui illustrent ces résultats, montrent l’importance de prendre en compte les situations réelles de travail dans la mise en œuvre des leviers de la protection intégrée des cultures sur les exploitations agricoles dans leur milieu. Le travail des agronomes est essentiel dans la mise en place des principes de la PIC. Ce travail d’experts s’appuie sur les principes de l’agronome en action qui conçoit des itinéraires techniques, qui intègre de plus en plus les dimensions environnementales. De l’agronome de la parcelle (agronome 1) à celui de l’agronome en train de cultiver (agronome 2) et enfin le territoire comme objet de recherche (agronome 3) (Sebillote, 2010), les solutions agronomiques proposées aux agriculteurs se sont enrichies des principes de l’agroécologie. Agronomie et agriculture sont ainsi étroitement liées et cela conditionne les tâches de l’agronome (Sebillotte, 1974). Plus proche de nous encore, on retrouve ce travail d’expert dans le modèle ESR (Estebez, 2020), notamment la dimension sociale dans la reconception des agroécosystèmes ou encore dans la méthode Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles (IDEA) (Zahm et al., 2023). Dans cette méthode, les indicateurs sociaux sont pris en compte. Ainsi les indicateurs : la contribution à l’emploi et gestion du salariat, la mutualisation du travail, l’intensité et la qualité au travail ; l’accueil, l’hygiène et sécurité au travail, la formation, l’implication sociale territoriale, la qualité de vie et l’isolement sont intégrés dans la dimension socio-territoriale.
Les résultats montrent que la mise en œuvre des pratiques agroécologiques sur les exploitations pose la question de la place de l’être humain dans ce processus. L’approche agroécologique a été scientifiquement posée, notamment par Miguel Altieri (Altieri, 1986). Son approche scientifique de l’agroécologie pose la question de la place de la main d’œuvre dans le travail de terrain. Pour lui, la main d’œuvre est un élément essentiel de son travail d’enquête sur le terrain. Il pose la question des caractéristiques pertinentes de « gens de la maison » (agriculteur) et salariés. Il prend en compte la famille, le niveau général de santé et de productivité de la main d’œuvre, la répartition du travail entre les « gens de maison » et les salariés, le temps occupé à des tâches de responsabilité (Altiéri, 1986, page 63). Il pose clairement la question d’une agriculture durable qui prend en compte les facteurs sociaux pour un modèle d’agriculture socialement acceptable, en s’appuyant sur les savoirs traditionnels et modernes (Altieri, 1986, page 195). La méthode ITAMAMI se rapproche de son travail d’enquête, ce qui conforte son intérêt et les résultats obtenus.
Ce travail montre que les solutions (leviers préventifs) disponibles ne manquent pas et sont accessibles sur internet : Ecophytopic[6].
Dans les approches agronomiques, le travail de l’agriculteur est bien présent mais apprécié sous l’angle de la réussite de la technique. Ce qu’il manque encore c’est l’approche ergonomique du travail du travailleur agricole (agriculteur et salarié), c’est-à-dire une analyse du travail réel comparé au travail prescrit et les conséquences sur les conditions de travail de l’agriculteur. Dans l’ouvrage : « l’agronome en action : mobiliser concepts et outils de l’agronomie dans une démarche agroécologique », (L’agronome en action, 2018), on trouve des solutions agronomiques qui permettent aux enseignants, étudiants, formateurs, professionnels d’améliorer leurs connaissances agronomiques en s’appuyant sur l’analyse de situations concrètes mises en œuvre sur le terrain. Les aspects environnementaux y sont traités. Les conditions de travail des agriculteurs sont très peu présentes.
Le croisement des visions entre « l’agronome et l’ergonome » (Cerf, 2016) permet de compléter les critères d’analyse sur les aspects humains de la durabilité des systèmes agricoles, issus de l’application des leviers de la PIC. Pour l’ergonome, il s’agit de bien différencier ce qui relève du prescrit, et que l’on retrouve plutôt dans les critères d’analyse sociaux des fiches GECO et guide co-conception[7], de ce qui relève du travail réel, c’est-à-dire tel qu’il se déroule en situation réelle de travail (Leduc, 2022).
Une approche différente mais complémentaire, proposée par Gliessmann (Cousinié, 2016), ajoute au modèle ESR des éléments de durabilité des systèmes alimentaires et système alimentaire global durable. Cette étude ne prend pas en compte la durabilité de l’alimentation, c’est une de ses limites, car les critères d’analyse ne sont pas conçus pour cela.
Pour l’agronome, il s’agit de concrétiser par des critères issus d’une méthode d’analyse des situations de travail, les changements dans l’organisation du travail et les impacts sur les conditions de travail, lors de l’application des leviers de la PIC (Beguin, 2011).
Pour l’ergonome et/ou le préventeur, mieux connaitre les aspects agronomiques des changements de pratiques lui permet d’anticiper les changements attendus des conditions de travail, de les anticiper et de proposer des actions de prévention plus intégrées dans les nouvelles conditions de travail. Il lui faut disposer d’un outil dans lequel il trouvera des éléments concrets (sur des techniques, des tâches nouvelles, des équipements, des formations, des filières, des partenaires et des conseillers) des aspects agronomiques et environnementaux mais aussi des éléments d’analyse de la situation de travail nouvelle lui permettant de concrétiser son action de prévention. Les trois exemples présentés dans les résultats nous montrent la complexité de l’analyse d’une situation de travail, qui est un système vivant, dynamique, impacté par son environnement. Ils nous montrent combien la prise en compte de la prévention primaire dès la phase de conception de son « outil de travail » permet, pour un agriculteur, de concevoir son système de production qui intègre la triple performance : environnementale, économique et sociale.
La méthode ITAMAMI est utilisée aussi dans l’analyse des accidents du travail par les préventeurs de la santé et de la sécurité au travail. Les causes de ces accidents sont donc recherchées dans chacun des items. Dans les professions agricoles, la charge de travail, l’usage des machines et les déplacements routiers sont souvent des causes d’accidents du travail.
Les fiches GECO et guide de co-conception sont encore incomplets et tous les paramètres ne sont pas encore renseignés. Il est possible, grâce à un travail collaboratif de les compléter, en particulier pour la connaissance des situations de travail. Un travail d’expert complémentaire est toutefois nécessaire pour sécuriser les critères ITAMAMI dans des leviers nouveaux, qui sont encore en phase de développement opérationnel (agroécologie et numérique par exemple).
Malgré ces limites, ce travail apporte une approche plus intégrée des enjeux sociaux dans l’application des principes de la PIC et dans l’analyse de la durabilité.
Pour l’individu, la mise en œuvre des leviers de la protection intégrée des cultures nécessite une montée en compétences et donc des besoins en formation des agriculteurs. La mobilisation de l’enseignement agricole vers les transitions agroécologiques s’inscrit dans les nouveaux référentiels de l’enseignement agricole. Des tâches nouvelles apparaissent. Elles sont techniques, elles concernent la formation et sont administratives. Celles concentrant le respect de réglementations et de normes peuvent-être sous estimées (Lenoir, 2023). L’augmentation du temps de travail et souvent de sa pénibilité, induisent des modifications des conditions de travail, pour des tâches qui ne sont pas perçues par les agriculteurs comme améliorant la performance économique de leurs exploitations, au moins dans le court terme, mais qui génèrent de la souffrance au travail pouvant conduire au suicide des agriculteurs (Lenoir, 2023).
Quant aux moyens matériels, ils doivent s’adapter à l’application des leviers de la PIC. Cela concerne tout autant la mécanisation que les installations. C’est de l’investissement financier, mais c’est souvent de l’investissement en temps de travail. Les choix techniques (cultures, rotation, techniques culturales, protection des cultures) et leur maitrise par les agriculteurs sont une source de stress (Lenoir, 2023).
L’environnement de travail ne se limite pas aux conditions météorologiques, mais il faut y rajouter l’environnement économique, réglementaire et normatif plus général que l’on ne peut attribuer à un levier de la PIC en particulier mais qui impacte les conditions de travail du travailleur agricole. Une analyse de la durabilité de l’exploitation agricole (Zahm et al., 2023) permet de prendre en compte ces données. Le travail collectif et les échanges entre pairs sont une source de solutions et le partage est souvent encouragé par les la création de groupes d’échanges (GIEE, Dephy, 30.000). Mais c’est aussi un temps à y consacrer (LOI n° 2014-1170).
Ce travail et cet outil doivent rapprocher l’agronome et le préventeur de la sécurité au travail, leur permettre de travailler en commun et de densifier les données qui sont issues de leurs collaborations.
La mise en application des méthodes préventives de la PIC n’améliore pas les conditions de travail des agriculteurs, et elles peuvent même se dégrader. Dans les situations nouvelles de travail, la charge de travail augmente souvent. L’augmentation du temps d’emploi des équipements et des machines accroit les risques professionnels. Le nombre de déplacements sur route augmente, ce qui accroit le risque routier. La mise en place de filets de protection aggrave le risque de chutes. La gestion des haies nécessite un nombre d’interventions mécanisées plus important avec les risques professionnels inhérents à cette tâche.
Dans l’évaluation du risque chimique, il faut rester vigilant sur les critères d’appréciation de cette diminution du risque. Le mode de calcul prend en compte la dose appliquée mais pas le fractionnement de l’application. En cas d’augmentation du fractionnement des traitements, le nombre de traitements et de tâches sont plus nombreux, les expositions professionnelles augmentent et le risque chimique aussi, même si la dose appliquée baisse.
Ce travail peut apporter des éléments à l’ensemble des acteurs impliqués sur le terrain mais aussi aux décideurs publics pour permettre l’application des leviers de la PIC en préservant des conditions de travail :
- Pour les agriculteurs : la mise en place d’un tel outil permet la cohérence des discours entre les conseillers techniques et les préventeurs de la sécurité au travail. La compréhension des actions de protection des cultures et des conditions de mise en œuvre des méthodes préventives ne peut qu’améliorer la relation entre les acteurs de terrain et les agriculteurs.
- Pour les décideurs publics : la cohérence des messages des acteurs de terrain est un atout pour poursuivre la voie de la réduction de l’utilisation des pesticides prônée dans les plans Ecophyto issus de la directive européenne 2009/128.
- L’exemple 3, « création d’un atelier maraîchage en exploitation de grandes cultures », montre qu’une réflexion le plus en amont possible sur le système de production permet les limiter les contraintes physiques et améliore les conditions de travail.
Conclusion et perspectives
L’étude a permis de mettre en avant des points de priorités sur la mise en œuvre de méthodes préventives, principe numéro 1 de la protection intégrée des cultures en tenant compte de la prévention par rapport à la santé, sécurité au travail des agriculteurs. Les méthodes analysées ont pour rôle de baisser la pression des bioagresseurs tout au long du cycle des cultures ou des rotations. Elles ont un rôle potentiel sur la diminution de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, notamment ceux de synthèse. Les principes de la protection intégrée privilégient ensuite l’utilisation de méthodes alternatives physiques ou biologiques et le recours à des produits de biocontrôle ou de synthèse ayant le moins d’impact notamment sur la santé humaine et en priorité celle des applicateurs, ceux-ci étant les plus exposés aux pesticides. Les conditions de travail sont impactées par ces changements ce qui peut compromettre l’application des leviers de la PIC par les agriculteurs.
Pour les critères sociaux, l’importance du lien social reste encore à affiner dans les approches des agronomes ou environnementalistes. L’importance accordée par les professionnels aux bonnes relations avec la société, ou encore le besoin de participer à des travaux de groupes mérite d’être approfondie. L’agroécologie se pense à l’échelle du territoire en partageant souvent une ressource commune (eau, biodiversité par exemple). Une gestion foncière commune est parfois encouragée ou nécessaire, par exemple pour allonger des rotations.
En partant des résultats obtenus, un travail de terrain doit s’engager en formant et en mobilisant des préventeurs et des agronomes pour améliorer et sécuriser l’outil, notamment sur les critères ITAMAMI, puis en réalisant des études ergonomiques en situations réelles de travail. Pour engager ce travail, le choix des leviers pertinents doit se faire en fonction de leur niveau d’opérationnalité, par exemple : choix des variétés et des espèces, rotation des cultures, intercultures, pose de filets de protection. Des informations utiles sur les conditions de travail réelles seront collectées et permettront de compléter les données sociales des fiches GECO. Les outils étant évolutifs, d’autres leviers pourront faire l’objet de complément ultérieurement.
Ce travail contribuera à construire une vraie stratégie de prévention des risques professionnels pour réduire l’utilisation des pesticides par une plus grande application des leviers de la PIC. C’est un outil de travail pour les préventeurs en santé au travail qui leur permet de bâtir des actions de prévention pour accompagner les changements de pratiques agricoles des agriculteurs et des travailleurs agricoles.
A terme, ce travail doit bénéficier à tous les acteurs de terrain (agriculteurs, conseillers, préventeurs) en axant les messages sur les avantages de l’utilisation de combinaison de méthodes préventives plutôt que des produits phytopharmaceutiques tout en travaillant sur la minimisation des impacts sur les conditions de travail des agriculteurs. C’est dont un travail collectif qui doit permettre d’engager les agriculteurs dans une démarche d’amélioration continue pour un engagement dans la voie de l’agroécologie, une amélioration de l’opérationnalité des leviers de la PIC dans des conditions de travail acceptables pour eux. La durabilité des systèmes nouveaux pourra être mesurée avec les outils disponibles.L’action des décideurs publics doit aider à ce travail.
[1] La figure 2 représente la pyramide IPM, qui est en corrélation avec les 8 principes de la protection intégrée, émis dans la directive européenne 2009/128 : (1) prévention, (2) surveillance, (3) décision d’intervention, (4) méthodes alternatives, (5) choix des produits phytopharmaceutiques, (6) raisonnement de l’application, (7) gestion des résistances, (8) évaluation des pratiques
[2] ESR, – E = efficience, S = substitution-, R=Reconception
[3] DEPHY, un réseau qui communique et contribue à la création et à la diffusion de pratiques économes en phytos : ecophytopic.fr/dephy
[4] Dans le tableau résultats de l’analyse quantitative « nb » représente le nombre de leviers classés pour chacun des types de méthode et, « nb renseigné » le nombre de méthodes qui ont pu faire l’objet d’une caractérisation car les informations provenant des fiches pratiques Geco ou guides de co-conception étaient disponibles.
[6] Ecophytopic, 2024. Les leviers de la PIC https://ecophytopic.fr/leviers/pour-aller-plus-loin/les-leviers-pic
[7] Ecophytopic, 2024. Guides pour la conception de systèmes de culture plus économes en produits phytopharmaceutiques,https://ecophytopic.fr/pic/concevoir-son-systeme/guides-pour-la-conception-de-systemes-de-culture-plus-economes-en
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