Michel Sebillotte nous a quittés en avril 2010.
Le réseau des agronomes a engagé plusieurs initiatives en hommage à Michel Sebillotte, dont une journée d'hommage en décembre 2010 (voir ici).
Cette page rassemble des messages d'avril 2010 rassemblés avec l'accord de sa famille et de ceux qui se sont exprimés, messages de France et d'autres pays où Michel a posé une empreinte.
Le livre Penser et agir en agronome - Hommages à Michel Sebillotte est paru aux Editions QUAE en octobre 2012. Vous pouvez le commander directement auprès de l'AFA sur cette page.
Message de Jean Sebillotte, en l'église Saint Hippolyte le 15 avril 2010
Michel,
tu as beaucoup parlé de Maknassy dans ton univers professionnel. Tu as expliqué que là étaient tes racines professionnelles, disant, je te cite, " qu'apprend-on, fils de colon dans le Sud tunisien ? "
Tu as souligné le rôle de ton père dans ta vocation.
Ici je voudrais évoquer avec toi des souvenirs plus familiaux et plus intimes.
Tu es l'aîné de notre fratrie de cinq enfants. Je suis le deuxième. Suivent Claude, Philippe et Geneviève née après la guerre.
Tous nous avons vécu notre petite enfance à Maknassy sur la ferme. Tu es retourné souvent en Tunisie. Tu es retourné à Maknassy. D'autres de la fratrie aussi. Nous partageons avec toi cet enracinement.
Tous nous avons connu la pension très jeunes à 400 km de Maknassy. Nous nous retrouvions à la ferme lors des congés de Noël, de Pâques et de tout l'été, quand nous n'allions pas en France.
Maknassy était le point de ralliement. Y venaient parfois les Henrion, amis intimes de nos parents, dont les filles étaient pour nous des cousines que nous retrouvions parfois en France.
Nos liens à tous les deux sont bien singuliers.
De la sixième à la première, nous avons été dans la même classe. Au collège Maurice Cailloux et au lycée de Carthage. Même pension, même dortoir, mêmes profs, mêmes horaires, même réfectoire, même copains souvent. Nous étions en concurrence pour les premières places.
A la maison on disait facilement "Michel et Jean". A la ferme tu étais avantagé par ta force et ton âge. Tu prenais ta revanche sur mon avance.
Je crois Michel que dans ces années se sont forgés deux traits qui te caractérisent :
- ton énergie et ta force de travail,
- ta passion initiale de l'agriculture que tu as soulignée lors de la remise de ta légion d'honneur.
Tu t'es orienté vers l'Agro dès la fin de la terminale.
Moi, j'ai mis plus de temps à me définir. Je t'ai rejoint en prépa au du Lycée Henri IV. Tu avais repris de l'avance sur moi. Nous nous sommes quand même retrouvés dans la même classe pendant un an. Nous étions tout près de la rue Thouin et des cousines Sebillotte.
On disait " les frères Sebillotte ".
Nous ne nous sommes jamais complètement quittés sur le plan professionnel, mais j'avais quitté l'enseignement pour une vie, disons, plus administrative. Nous avons travaillé ensemble au CORPEN et à Ferti-Mieux.
Nos voies ont divergé sur le plan amical et sentimental.
Nous avons conservé des liens fraternels et une certaine connivence, comme en peinture par exemple.
Pour conclure je voudrais te dire, que si tu as insisté Ã juste titre sur la continuité de ta carrière professionnelle, d'autres que moi et moi-même, nous ne pouvons oublier que tu as été aussi été un homme de ruptures.
Alors, au moment de ton départ, sache que des différentes périodes de ta vie, tu as gardé des admirateurs, des copains et même des amis. Que ce soit du collège Maurice Cailloux (notre collège commun) du lycée de Carthage, de la prépa à l'Agro et de l'Agro et d'après. Certains sont là , d'autres nous l'ont fait savoir.
Hommage à Michel Sebillotte par Jean Boiffin le 15 avril 2010
A juste raison, il est dit de Michel qu'il a été le fondateur d'une école de pensée et d'action autour de l'Agronomie. Mais à quoi tenait cette formidable capacité d'attraction et d'entraînement ? Sans doute à ce qui fait que nous-mêmes, ses proches collaborateurs et anciens élèves avons pour lui tant d'admiration et d'attachement. Bien sûr, il y a l'intelligence et l'énergie prodigieuses, l'éloquence et la verve dont nous étions si fiers quand elles ne nous prenaient pas pour cibles. Mais avant tout, à la source du rayonnement, il y a cette extrême intensité d'interaction humaine.
D'abord Michel a été pour nous un véritable maître-penseur ; non pas maître à penser car il ne nous a jamais dit quoi penser, mais bien maître-penseur comme on dit maître-nageur. Ce que Michel nous a appris, puis appris à transmettre, c'est à combler le fossé entre savoir et action et du même coup à surmonter le désarroi qu'engendrait ce fossé. Entre le savoir et l'action, le lien c'est la pensée vivante, celle qu'exerce l'agronome en construisant sa propre démarche de diagnostic et de conseil. Michel a transmis cette démarche à des centaines si ce n'est des milliers d'étudiants, à travers son propre exemple, mais aussi à travers une Å“uvre didactique en partie méconnue, qui est un véritable chef d'Å“uvre, et que nous devons faire serment de mettre en valeur.
Michel était aussi un formidable animateur d'équipe. Je ne crois pas que nous ayons éprouvé de sensations intellectuelles plus jubilatoires que lors de ces séances en tête-à-tête ou en petit groupe, autour du grand tableau qui faisait face au bureau de Michel, et où il s'agissait de mettre sur pied un programme d'enseignement, un protocole de recherche, un exposé à des agriculteurs ou à des techniciens. Au début de ces séances, nous nous faisions contredire et malmener, mais nous savions que chez Michel cela procédait d'une exigence aigüe d'inscrire la réflexion collective dans un cadre solide, qui la rendait ensuite plus efficace. Une fois ce cadre dessiné au tableau, alors Michel orchestrait un festival de coopération, où chacun était méticuleusement écouté, où chaque apport était mis en valeur. Les idées convergeaient vers lui, le graphe se densifiait et comme Michel avait une belle écriture et grand talent de graphiste, nous avions le sentiment non seulement de faire progresser l'agronomie mais aussi d'être un peu des artistes.
Et puis il nous a fait partager sa passion d'observer. Michel était un bourreau de travail intellectuel, mais pour lui l'alpha et l'oméga c'était l'observation. C'est grâce à elle, nous disait-il, que la pensée et l'action ne se ferment jamais sur elles-mêmes, que l'étonnement peut toujours surgir, que l'intellectuel peut entrer en relation attentive et chaleureuse avec le praticien. Avec Michel et à sa suite, nous avons appris à observer le sol, le plantes, les champs, les machines, les actes et décisions des agriculteurs, les exploitations agricoles, et tant d'autres choses. Avec lui nous préparions soigneusement nos parcours et nos protocoles et nous arpentions le terrain par tous les temps en apportant à nos notations une concentration extrême. Après en avoir fait la synthèse, nous étions toujours émerveillés de la richesse qui en ressortait, et de la qualité des dialogues que cela engendrait avec les agriculteurs. De là et de lui nous vient l'espèce d'allégresse qui nous prend lorsque nous traversons un paysage agricole où entrons dans une cour de ferme.
Nous avons devant nous beaucoup de travail pour rassembler et continuer à mettre en valeur l'œuvre de Michel, dans son étendue et sa profondeur. Mais essayons aussi de ne pas perdre ce qui était sinon le plus simple, en tout cas le plus concret, le plus vivant, ces trésors d'interactions qui nous ont façonné l'esprit et qui nous rendent Michel si présent dans tout ce que nous faisons. Et qu'il est difficile d'avoir pour une fois le dernier mot avec lui.
Message de Thierry Doré le 15 avril 2010
aux obsèques de Michel Sebillotte
Je voudrais évoquer ici, au nom d'AgroParisTech et de la multitude de ceux que Michel a formés, l'enseignant, le formateur hors du commun qu'il fut. Michel Sebillotte était professeur à l'INA Paris-Grignon. C'était sans doute le titre, chèrement acquis, auquel il était le plus attaché. C'est d'ailleurs, symboliquement, à l'Agro qu'il avait choisi de se faire remettre les insignes de chevalier de la Légion d'honneur. De fait, dans l'aventure intellectuelle que fut sa vie professionnelle, la formation occupe une place de tout premier choix. A
l'Institut National Agronomique donc, où, pendant plus de trente ans, il a formé de nombreuses générations d'agronomes.
Mais qu'était-ce que former pour Michel ? C'était aller bien au-delà de la transmission de connaissances ou de savoir-faire. C'était, d'abord, initier à ce qu'est penser, agir, apprendre.
Développer chez les étudiants cette capacité réflexive, cette propension à s'interroger, en permanence, sur ce que je fais, comment je le fais, et pourquoi.
Et c'est par ce sceau méthodologique qu'il a marqué les étudiants, bien au-delà de l'apport de connaissances agronomiques. Pour mener à bien cette entreprise, Michel ne s'est pas appuyé que sur ses capacités pédagogiques, fussent-elles exceptionnelles. Fidèle à sa ligne de conduite selon laquelle la réflexion nourrit l'action et l'action interroge la pensée, il a contribué de manière significative aux réformes successives de l'enseignement à l'INA pour créer les conditions favorables d'un apprentissage, notamment à travers la
mise en avant de la pluridisciplinarité, l'introduction de l'épistémologie, ou encore la place des enseignements de terrain. De manière étroitement associée à son investissement dans l'école, il a également monté à l'Agro une équipe, celle de la Chaire d'Agronomie, cette Chaire si importante à ses yeux, son point de référence, auquel il ne cessait de revenir dans les discussions, même quinze ans après l'avoir confiée à celles et ceux qui lui ont succédé.
Ce fut le lieu intellectuel à partir duquel Michel a forgé cette vision de l'Agronomie, qui reste une référence, un signe de reconnaissance pour les agronomes francophones. Michel a eu ensuite l'intelligence de ne pas enfermer cette chaire et cette agronomie sur elles-mêmes, mais au contraire de les ouvrir au monde. D'une part dans l'univers de la recherche et de la science, en acceptant la confrontation à d'autres points de vue, au sein de l'INRA notamment, et en recherchant l'ouverture vers d'autres disciplines, en quête perpétuelle de renouvellement et de synergies. D'autre part à travers sa mise à l'épreuve dans la vraie vie, dans l'agriculture, positionnant l'agronomie dans une permanente dialectique entre théorie et pratique. Cette mise à l'épreuve, qui fut mise en œuvre non seulement dans l'agriculture française, mais aussi dans les agricultures de plusieurs continents, fut le support d'une extension formidable du périmètre de l'influence que Michel a exercée. Au-delà des étudiants de l'INA, il a ainsi formé et essaimé en Côte d'Ivoire, au Mexique, au Maroc, en Tunisie bien sûr, en Argentine, en Thaïlande, etc. Et, de manière très significative, en France dans le développement agricole, notamment à travers la formation dite " Relance agronomique ", dont il fut un leader mémorable et infatigable.
Michel, tu t'inquiétais souvent de savoir ce qu'était devenu ce que tu avais pensé, ce que tu avais fait. Tu n'as pu achever l'écriture de cet ouvrage dans lequel tu voulais ramasser ta pensée, y compris ta pensée sur l'action, et que tu voulais nous laisser en héritage. Peu importe finalement, regarde où sont ceux que tu as formés à l'agronomie, et ce qu'ils font, ajoute tous ceux qui sont éloignés de l'agronomie mais se souviennent de ce que tu leur as apporté sur le plan méthodologique, constate enfin combien dans le monde agricole on s'appuie sur ce que tu as pu initier, et on s'appuiera sans doute demain encore davantage qu'aujourd'hui. C'est probablement cela ton véritable héritage.
Michel, il pouvait être malaisé de te dire ce qu'on pensait de ton action. On butait parfois sur ta rigueur, parfois sur ta fierté, toujours sur ta stature, et sur
la transparence de ton regard. Nous n'avons peut-être pas toujours su suffisamment te critiquer, dans le sens positif de la confrontation intellectuelle que tu appréciais, même quand elle était rude. Nous n'avons peut-être pas non plus suffisamment su te dire, dans le même mouvement, ce que nous te devions. Il est encore temps de le faire aujourd'hui : Michel, au nom de tous ceux que tu as formés à l'Institut national agronomique et ailleurs, merci.
Message de Jean-Marc Meynard, le 15 avril 2010
Michel n'a pas seulement été mon maître au plan professionnel, il a été mon ami, et c'est l'ami que Clementina m'a proposé d'évoquer ici.
Être ami avec toi, Michel, c'était d'abord partager le goût du débat, la saveur de la contradiction, le plaisir d'apporter un point de vue décalé, qui dérange. C'était aussi jouer avec une vision systémique que tu n'appliquais pas qu'aux objets scientifiques, mais aussi à ceux de tous les jours, pour dénicher les causalités réelles derrière les apparences, pour imaginer les effets indirects subtils, qui surpassent bien des fois les effets directs évidents.
Être ami avec toi, c'était partager une lecture qu'on se conseille, le plaisir d'une bière belge, celui d'un parfum de roses dans un jardin d'automne, ou celui d'une flânerie dans Paris à la découverte d'endroits singuliers.
Je voudrais évoquer aussi ta sensibilité à vif quand tu avais l'impression que tes idées n'étaient pas reconnues à leur juste valeur, ou qu'elles étaient caricaturées pour être rejetées plus aisément.
Je voudrais évoquer ton sourire tendre et tes yeux qui brillaient en regardant Clementina.
Je voudrais évoquer enfin tous tes autres amis qui n'ont pu être ici aujourd'hui parce qu'ils vivent en Tunisie, au Maroc, en Argentine, au Brésil, au Mexique, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, en Thaïlande, en Indonésie ou en Haïti, et qui portent le même deuil que nous.
Adieu Michel, et merci. Merci pour tout.
Jean-Marc
Message de Marion Guillou
Le 15 avril 2010
Il me revient d'évoquer la personnalité et le rôle de Michel Sebillotte dans la recherche au-delà de son enseignement, au-delà de sa discipline " l'agronomie ", au-delà de son travail de terrain.
Son compagnonnage avec l'INRA est ancien. Très vite professeur emblématique de l'INA PG, il devient également directeur d'unités de recherche. Mais c'est avec Guy Paillotin, en 1992, qu'il entre dans la réflexion stratégique puis la direction de l'INRA. Chargé d'une réflexion sur " l'avenir de l'agriculture et le futur de l'INRA ", il mobilise près de 200 personnes, responsables agricoles comme chercheurs, sur ce thème.
Il y joue le jeu de la modernité et loin des rêves passéistes, anime des débats très ouverts et propose des approches nouvelles. C'est cet attelage improbable entre deux intellectuels que tout oppose, le moléculariste Guy Paillotin et l'agronome Michel Sebillotte, qui marquera le début du retour de l'INRA vers la recherche sur et pour l'agriculture.
Il prolongera cette mission de réflexion par la création, à son initiative et à sa main, de la délégation à l'agriculture, au développement et à la prospective, la DADP de l'INRA, en 1993. Il lancera dans trois régions d'abord puis cinq, elles sont dix aujourd'hui, les " programmes pour et sur le développement régional ". Ces programmes très originaux dans leur objectif mais aussi leur mode de travail s'intéresseront progressivement à la transformation des pratiques agricoles, aux problèmes d'environnement liés aux activités agricoles et forestières, aux industries agro-alimentaires, aux dynamiques d' innovation et à la compétitivité de ces IAA, aux produits, filières, territoires et à la construction de la qualité, à la création et au partage de la valeur, à la multifonctionnalité, à la gouvernance dans le développement territorial et aux dynamiques régionales de développement. Militant des sciences de l'action, et pour l'action il est convaincu, je le cite, qu' " il est impératif que la recherche publique produise pour répondre aux attentes de la société civile ".
Il publiera successivement plusieurs travaux de prospective selon la méthodologie originale qu'il a élaboré progressivement sur la forêt, le secteur semencier, les vignes et le vin, les protéines ou l'eau.
Il devient ensuite en tant que directeur scientifique, membre du collège de direction lorsque ce dernier sera créé par Paul Vialle.
Et je peux témoigner avec Bertrand Hervieu et les autres collégiens des années 2000 du rôle stimulant qu'il jouait dans nos débats.
Sa culture, son ouverture à la philosophie, à la sociologie et aux différentes sciences humaines et sociales, nous poussaient à des échanges exigeants, des orientations ouvertes sur les autres disciplines.
Après avoir passé le relais à Jean Boiffin et à Philippe Lacombe en 2003, il poursuit son activité comme chargé de mission. Il s'attache, à ma demande, fort de son intérêt pour l'épistémologie, à mieux définir la recherche finalisée. Il constitue à cette fin un groupe de travail ouvert à plusieurs disciplines. En en introduction d'un colloque sur la recherche finalisée en 2007 il disait ainsi :
" Enumérons quelques caractéristiques de la recherche finalisée. Elles est orientée par l'action, liée au contexte, notamment l'époque dans laquelle elle est entreprise ; elle impose en outre très souvent d'adapter une approche associant plusieurs disciplines et menées en partenariat "
Ou encore :
" Historiquement, les processus de recherche partaient de l'alpha (la recherche générique) pour atteindre l'oméga (la recherche finalisée ou appliquée). Nous postulons justement que le chemin inverse peut être fait, c'est-à-dire que des recherches finalisées peuvent engendrer des recherches génériques, et ce double mouvement doit être constitutif de notre vie collective ".
A côté de son engagement à l'INRA, il a longtemps accompagné le développement agricole, parfois au côté de son frère Jean. FERTIMIEUX, CORPEN, IRRIMIEUX, La Relance Agronomique, voilà autant de lieux d'engagement pour ce penseur et acteur infatigable.
Message de Joël COTTART le 15 avril 2010
Pour l'agriculteur que je suis, Michel a marqué le retour de l'agronomie au champ, à l'exploitation, à la région, à l'homme.
Fils d'agriculteur, même si ce fut sous d'autres cieux, ayant lui-même dirigé l'exploitation de Grignon, il connaissait parfaitement les rouages et les difficultés de notre métier. Il aimait et savait établir le contact avec nous. Quelque part il était des nôtres.
Son franc-parler, son humour caustique, son exigence intellectuelle, nous interpellaient nous motivaient et nous faisaient accepter des vérités pas toujours agréables à entendre. Nous réapprenions notre métier.
A la fin des années 1970, sous son autorité, et pendant plus de dix ans, ses équipes, souvent en botte et en ciré sous la pluie, ont sillonné nos plaines du Noyonnais, expérimentant, faisant des profils, prélevant échantillon de terre de plante, analysant nos pratiques, mettant au point conduite du blé, de l'orge brassicole, implantation des betteraves, décryptant le fonctionnement et l'économie de nos exploitations.
Par leur travail leur professionnalisme, ils ont conquis l'estime et l'adhésion des agriculteurs qui leur ont ouvert grandes leurs portes, permettant non seulement les expérimentations en plaine mais aussi d'établir la typologie des exploitations de cette région. Travail considérable !
Nous attendions avec impatience les tours de plaine, les points d'étapes et les restitutions de ces travaux qui étaient toujours de grands moments dans lesquels Michel excellait. Il se sentait bien avec nous et nous nous sentions meilleurs, grandis, reconnus.
Nous découvrions ce que voulait dire profils culturaux, itinéraires techniques, bilans azotés, reliquats, épis à un centimètre... Nous nous déplacions avec nos bêches et nos cutters.
Et dès cette époque, environnementaliste avant l'heure, il nous sensibilisait sur le lessivage des nitrates, préfigurant ferti-mieux.
Mais ceci est une autre aventure, avec d'autres agriculteurs, d'autres équipes, dans d'autres régions.
Oui Michel tu as aussi été l'agronome des agriculteurs, tu as profondément marqué nos pratiques de ton empreinte. Mais plus qu'à l'agronome, j'avoue qu'à cet instant mes pensées vont à l'homme et à l'ami qui m'était cher.
Message de Jean Salmon
à ceux qui se sont réunis le 15 avril 2010 autour de Michel Sebillotte
Nous sommes nombreux réunis cet après-midi à avoir progressé grâce aux apports de Michel. Sa détermination sans faille, sa force de persuasion nous ont tous marqués. Que nous ayons été parmi ces élèves à l'INAPG, ses collègues à l'INRA ou ses partenaires dans les opérations de développement agricole, tous nous garderons en mémoire sa force de conviction, la justesse de ses analyses et sa détermination à les faire partager.
Dans ma carrière de responsable professionnel, j'ai souvent eu l'occasion de rencontrer de ses anciens élèves, mieux de travailler avec quelques-uns d'entre eux. Tous parlent avec beaucoup de sympathie de ce que Michel leur a apporté. Professeur d'agronomie, il a nourrit la réflexion dans cette discipline au plan national bien sûr, mais aussi au sein de nombreux groupes de développement au travers de ceux qu'il avait formé.
Il a été un grand formateur, mais il a aussi beaucoup apporté à la réflexion du développement agricole. Directeur de recherche à l'INRA, il a été amené à conduire de nombreux projets, mais c'est dans le cadre de l'opération " Fertimieux " que j'ai eu l'occasion de côtoyer Michel et que j'ai appris à l'apprécier. C'est là que j'ai découvert celui dont je ne connaissais que le nom.
Partageant avec lui la responsabilité de la conduite de cette opération, j'ai découvert sa grande rigueur intellectuelle, sa capacité d'impulsion pour motiver chacun des acteurs, qu'ils soient au sein de l'équipe nationale ou dans les opérations locales.
Homme de méthode, exigeant vis-à-vis des autres comme vis-à-vis de lui-même, il a su mieux que quiconque mettre en avant l'articulation indispensable entre le travail des équipes nationales et celui des gens de terrain.
Il nous a fait toucher du doigt le fait que l'application des méthodes interactives était indispensable à la réussite des projets de territoires. Il nous a souvent expliqué que la pérennité du développement agricole passerait par des approches globales et systémiques et non pas par une segmentation des disciplines de recherche et de développement.
Il a été pour moi, une des personnes ressources qui m'ont aidé à convaincre que l'environnement n'était pas la négation du développement économique en agriculture, mais bien une de ces composantes. La nécessité du travail collectif faisait partie de ses convictions et Michel connaissait très bien l'importance du facteur temps dans l'évolution des comportements, qui plus est, lorsque ces évolutions faisaient appel à des modifications de mentalité.
Pendant toute sa vie, il a toujours fait preuve d'une très grande honnêteté intellectuelle, d'une grande générosité dans ses engagements. Sa générosité n'avait d'égale que sa détermination à faire progresser ceux qui l'entouraient et il savait manifester une grande fermeté quand il s'agissait de plaider les causes qu'il considérait justes.
Homme d'engagement, toute sa vie durant, il a cru à la capacité des hommes à progresser en contribuant à la recherche de solutions pour avancer. Refusant la médiocrité d'où qu'elle vienne, il vient de nous quitter au terme d'une vie bien remplie.
En mon nom personnel, au nom de la profession agricole, c'est un immense merci que je souhaite exprimer devant vous. Merci Michel pour ton action et ta détermination.
A Madame Sebillotte, à votre famille, enfants et petits enfants, je vous apporte le soutien de tous ceux qui ont apprécié son action au sein des organisations professionnelles. Son exemple d'homme militant et déterminé restera pour beaucoup d'entre nous un exemple dont nous devons nous inspirer.
Au revoir Michel.
MICHEL SEBILLOTTE, Un Renovador de la Agronomia
Message de Fernando de Leon Gonzalez
Profesor Titular. Jefe del Departamento de Produccion Agricola y Animal
Universidad Autonoma Metropolitana-Xochimilco. México.
Fernando a suivi la formation DEA (1987-1988) quand Michel a été enseignant et président de la Chaire d'Agronomie, et terminé une thèse à l'INRA (Grignon et Avignon) avec Hubert Manichon.
Il partage une note en espagnol à paraître prochainement dans la revue de son département (Sociedades Rurales, Produccion y Medio Ambiente)
Michel Sebillotte fue presidente del Departamento de Agronomia del Intitut National Agonomique (Paris-Grignon) cubriendo tres décadas (70-90). En el mes de abril de 2010 ocurrio su deceso.Por su fuerza conceptual y el legado en la formacion de discipulos, Michel Sebillotte es sin duda el profesor de Agronomia ma¡s influyente de los ultimos tiempos en Francia. Concibio la disciplina en una nueva complejidad, teniendo a la Biologia como su raiz principal, y las ciencias sociales como sus complementos necesarios. Michel Sebillotte inauguro, junto con un amplio conjunto de colegas, un enfoque interdisciplinario que perdura hoy en los trabajos de varios departamentos del INRA vinculados con la ensea±anza e investigacion en Agronomia.
La obra de Sebillotte, la de algunos de sus predecesores y la de sus discipulos no puede entenderse sin los puentes que supo construir con la escuela epistemologica francesa. Su formacion filosofica le permitio plantear en nuevos términos el objeto de estudio de la Agronomia: los sistemas de produccion. A partir de este concepto moderno, bien adaptado a la larga tradicion de la agricultura familiar de Francia donde los campos cultivados lo son después de siglos, las preocupaciones de Sebillotte atravesaron una vasto campo de tema¡ticas que posibilitaron el encuentro de los agronomos con ecologos, bioclimatologos, cientificos del suelo, y ma¡s alla¡ de estas disciplinas afines, con sociologos, economistas y antropologos. Su principal aporte (fuente de su influencia académica en los entornos en los que participo) fue la revision del cuerpo de conceptos ba¡sicos de la Agronomia moderna, cuya pra¡ctica basada en la Fitotecnia estaba fincada ma¡s en la descripcion del proceso productivo particular para cada rama de produccion (grandes cultivos, cultivos industriales como el algodon, la via±a, etc.), que en la puesta en pra¡ctica de conceptos capaces de resistir su confrontacion con la realidad a través de la experimentacion y la investigacion formal. Critico la vision de la Agronomia como un cuerpo de conocimientos fijos, inmutables.
Ante ello, Michel Sebillotte elaboro el concepto de itinerario técnico como el conjunto de operaciones que realiza el productor para obtener un rendimiento, mediante la aplicacion de un determinado nivel de intensificacion de insumos. En el pensamiento de Sebillotte, es la combinacion de itinerario técnico y clima lo que define un sistema de cultivo, subrayando que lo caracteristico en el proceso de elaboracion del rendimiento es la incertidumbre: normalmente el productor obtiene volumenes de produccion diferentes a los esperados, debido a lo incierto del cima y al nivel de daa±os que la presencia de plagas, enfermedades y malezas ocasionan en el rendimiento. Sebillotte planteo de manera nitida que el objeto central de la Agronomia son los sistemas de cultivo. Con ello facilito abordar temas desde un enfoque propiamente agronomico: el banco de semillas de malezas en el suelo, las relaciones ecologicas de éstas con las plantas cultivadas, los modelos de prediccion del rendimiento, la logica en la toma de decisiones del productor, los cambios de estado estructural del suelo (tema que me intereso y al que me orienté en Francia) y su impacto en los cultivos, los esquemas de fertilizacion racional, los modelos de enraizamiento en funcion de la compactacion, son algunos de los temas que se derivan de la nueva mirada que Sebillotte y su equipo propusieron en el estudio moderno de los procesos técnicos de la agricultura en Francia y en otras latitudes. Dicha mirada supuso dotar a la Agronomia de un enfoque ecologico en el estudio de los fenomenos, antes de que apareciera el paradigma de sustentabilidad. Varios de los discipulos adquirieron notoriedad ya sea analizando la estructura del perfil arable del suelo, la evolucion de la estructura de la superficie de los suelos agricolas, el funcionamiento de las unidades de produccion o la toma de decisiones técnicas y economicas por el productor.Como alumno de doctorado en Agronomia a fines de los aa±os 80 pude participar en varias reuniones del Departamento de Agronomia en donde Sebillotte y su equipo daban aconocer los principales trabajos e iniciativas en marcha y marcaban la pauta para el futuro. Sebillotte solia sintetizar su pensamiento en frases cortas, a manera de aforismos: “la Agronomia debe conocer y tomar lo mejor de las tecnologias de punta, pero siempre recordando cua¡l es su objeto propio�?. Con el paso de los aa±os, este llamado para que los agronomos recordemos la esencia de la disciplina mantiene su vigencia, ante el avance vertiginoso de la biotecnologia vegetal.
La influencia de Sebillotte sin duda responde a la forma especifica com se organizaban la ensetanza y la investigacion agronomica en Francia. El cargo de Jefe de Departamento en el INA PG le ayudo a crear una caja de resonancia de las ideas innovadoras. En esa etapa se necesitaban nuevos investigadores formados y nada mejor que contar con la direccion de estudios de la principal escuela de Agronomia en Francia. A diferencia de lo que podria ocurrir en otros sistemas de ciencia y tecnologia, Sebillotte centro el desarrollo de sus ideas y conceptos en los cursos ofrecidos a los estudiantes de Agronomia en el INA PG de aquel entonces. Sus ideas y contribuciones quedaron plasmadas en varios libros dedicados a los temas que la nueva agronomia deseaba cultivar: fertilidad del medio productivo, estado estructural del suelo, toma de decisiones por los productores, etc., y que se convirtieron en referencias obligadas para un gran numero de jovenes investigadores y tesistas de doctorado. Su relacion con México se dio a través de la asesoria de tesis en los aa±os 80. Primero César Turrent Ferna¡ndez y posteriormente Hermilo Navarro Garza (ambos formados en Chapingo) realizaron sus tesis bajo la asesoria de Michel Sebillotte y en el marco de este trabajo visito el pais. Tengo bien presente la critica que hacia al sistema de investigacion en el pais: “ustedes tienen campos experimentales muy bonitos pero el trabajo con los productores es inexistente�?. Yo conoci aMichel Sebillote en el verano de 1986, al término de una de esas visitas a México por intermedio de César Turrent. Ya en Francia asisti como alumno del programa de Agronomia y conoci su calidad como expositor. Sus clases las cubria con sus experiencias en Francia y en otras partes del mundo sobre el funcionamiento de los sistemas de cultivo y su reflexion permanente sobre el ana¡lisis de los itinerarios técnicos. Gustaba provocar a los jovenes estudiantes franceses a conocer la experiencia que traiamos los estudiantes extranjeros, e igualmente buscaba integrarnos plenamente a las actividades académicas y sociales, sobretodo cuando se trataba de alumnos que no teniamos por lengua materna al francés. Sin duda apreciaba especialmente que los alumnos mexicanos y latinoameriacanos hubiéramos optado por ir a estudiar un posgrado en Agronomia en Francia frente a las ofertas de Estados Unidos. Salpicaba sus exposiciones con permanentes provocaciones e invitaciones para que sus estudiantes cultivaran el gusto por la literatura, como elemento ba¡sico para comprender el mundo actual. Sebillotte fue un teorico de la Agronomia (los titulos de sus trabajos son prueba de ello) y un formador de nuevas generaciones de investigadores cuya singularidad consiste en integrar una dimension critica, la cual los prepara para observar con detalle las realidades complejas que ocurren en los campos cultivados, dotando de esta manera a la Agronomia de un enfoque innovador. Todo ello con el proposito de volver menos incierta la labor de los agricultores para obtener los frutos de la tierra.
Los aportes de Michel Sebillotte perduran a través del trabajo formativo y creativo de sus discipulos, los cuales constituyen una pléyade de investigadores y docentes repartidos en Francia y en el mundo.
Gracias, Michel Sebillotte.
Messages échangés au sein de l'Afa
de Jean Boiffin
Président de l'Association Française d'Agronomie aux adhérents de l'Afa
le 9 avril 2010
Je viens d'apprendre le décès de Michel Sebillotte, qui m'a initié et formé à l'agronomie, et à bien d'autres choses importantes.
Beaucoup de membres de l'Afa ont comme moi été très proches de lui, tôt dans leur carrière, et ressentent sa disparition comme un grand vide, car on ne pouvait avoir vécu cette proximité sans le sentir présent, même à distance, au cÅ“ur de toute réflexion ou action en rapport avec l'agronomie, personnelle ou collective.
Un nombre bien plus grand encore, qu'ils l'aient ou non directement connu, ont été profondément influencés par son apport et ses approches, dans leurs démarches professionnelles. De nombreux responsables actuels, au sein des organismes de recherche, de développement et de formation agronomiques, ont été directement formés par lui ou dans sa mouvance intellectuelle.
L'agronomie française lui doit d'exister comme discipline scientifique et technologique, redevable de formations et de recherches qui lui soient spécifiquement dédiées.
Il a été un très grand formateur et a eu une capacité d'impulsion et d'entraînement collectifs hors du commun, alliée à une intransigeante exigence intellectuelle.
Dès que possible nous organiserons un moment de rencontre et de témoignage qui nous permette de garder un tant soit peu de cette présence.
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de Bruno Desprez
bruno.desprez@florimond-desprez.fr
le 9 avril 2010
Michel Sebillotte était un grand agronome et sa disparition est certainement une grande perte pour beaucoup. Je m'associe donc pleinement à cette idée d'honorer sa mémoire.
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de Danielle Lanquetuit
le 9 avril 2010
En prenant ces photos lors de nos "retrouvailles" à l'AFA, j'ai gardé la mémoire des visages... avec une pensée particulière pour Michel...
Ces photos prennent une valeur symbolique. Je partage, pour prolonger une présence... Envie de parler de lui au présent...
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de Bernard Lacroix
b.lacroix@arvalisinstitutduvegetal.fr
Je suis personnellement très touché par la disparition de Michel Sebillotte qui nous a formés à l'agronomie et avec lequel j'ai fait mon stage de fin d'études sur les données du dispositif de longue durée de Montluel avec Françoise et Isabelle.
J'ai eu ensuite beaucoup d'autres occasions d'échanges avec lui.
Oui ! Nous lui devons beaucoup et il est très " présent " dans nos travaux d'agronomie systémique.
J'acquiesce complètement aux propos de Jean Boiffin que je remercie pour son idée de rencontre autour de Michel.
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de Jean-Claude Devèze
le 9 avril 2010
Je suis bien entendu prêt à m'associer à une rencontre pour rappeler tout ce que Michel Sebillotte nous a apporté comme professeur et comme chercheur (pour moi, Algérie et Mali)
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de Jacques Wéry
le 9 avril 2010
Professeur Montpellier SupAgro http://umr-system.cirad.fr/
Même si je n'ai pas suivi les enseignements de Michel et ne le connaissais pas beaucoup au plan personnel , je garde un bon souvenir de mes échanges avec lui dans le programme DADP et en tant que président de mon jury d'HDR. Si le congrès Agro2010 peut être une occasion de lui rendre un hommage international je suis prêt à voir la forme qui convient le mieux.
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de Amédée Mollard
UMR INRA-GAEL Université Pierre Mendès France http://www.grenoble.inra.fr
le 9 avril 2010
Le message de Jean Boiffin nous touche beaucoup et profondément.
Avec André, nous nous sommes concertés pour une info diffusée à tous les membres du réseau PSDR...
[...] nous sommes d'accord pour être associés à un hommage en tant que second cercle "DADP-PSDR"...
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de Etienne LANDAIS
landais@supagro.inra.fr Directeur général Montpellier SupAgro
le 9 avril 2010
Nous sommes très nombreux à devoir des choses importantes à Michel Sebillotte.
Au-delà d'une journée d'hommage et de témoignages, comparable peut-être à ce qui avait été fait pour Deffontaine, je crois qu'il faut absolument mener à bien le projet que je regrette d'avoir entrepris trop tard pour pouvoir entrer véritablement dans un travail avec lui : publier un recueil ordonné et commenté de ses meilleurs textes. Nous l'avons fait pour Deffontaine, à son insu, et de son vivant. Nous devrons le faire à titre posthume pour Michel, avec je crois l'ambition supplémentaire de publier en français et en anglais. Je suis convaincu qu'il reste un enjeu réel de rayonnement international.
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de Bertrand Deghilage
le 10 avril 2010
Je n'ai pas eu la chance de poursuivre une formation supérieure en agronomie, mais l'arpentage des champs derrière les chevaux puis l'arrivée des tracteurs devint une histoire d'amour avec la terre
C'est alors que j'ai entendu parler de cet homme capable d'établir la passerelle entre la terre soumise aux pas lents des chevaux et des hommes puis soumise à une relative violence croissante de la motorisation j'ai pu imaginer l'attachement de cet homme à la terre.
1965 : Le profil cultural
1963 : Action de la structure du sol sur une culture de féveroles.
1964 : Action de la structure du sol sur une culture de Luzerne.
1978 : La collecte des références et les progrès de la connaissance agronomique.
Il préface avec beaucoup de réalisme faisant apparaître beaucoup de pragmatisme et d'honnêteté le document GUIDE METHODIQUE DU PROFIL CULTURAL -Yvan Gautronneau-Hubert Manichon.
Il serait certainement intéressant de trouver un ouvrage (ou des ouvrages) qui résument ses recherches et innovations
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de JL Durand
INRA Lusignan
le 11 avril 2010
Je partage évidemment tout ce que Jean écrit sur Michel Sebillotte dont le décès me touche aussi, bien que naturellement de plus loin que vous. J'espère être disponible pour cette rencontre qu'évoque Jean.
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de Jean Marie Larcher
d' EPIS-CENTRE
le 12 avril 2010
C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai lu le message de Jean. Je dois beaucoup à la formation acquise auprès de Michel Sebillotte qui m'a guidée tout au long de mon parcours professionnel et personnel.
J'ai eu la chance d'avoir pu maintenir régulièrement un contact fructueux, au travers du groupe de travail "Avenir de l'agriculture et futur de l'INRA"(c'était il y a 18 ans mais toujours d'actualité) puis de l'action Fertimieux dans le Cher pendant 10 ans.
Je retiens que je lui dois beaucoup dans l'apprentissage de l'esprit critique(y compris l'autocritique),c'est à dire pour moi, l'apprentissage de la "clairvoyance".
J'ai toujours en mémoire sa réponse à un étudiant qui lui demandait ce qu'il pensait de l'influence de la lune sur les cultures? On s'occupera de la lune quand on aura réglé tous les autres problèmes!
Sa flamme est toujours présente.
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de Guy Richard
de l'INRA Orléans
le 12 avril 2010
Je souhaiterais que le département EA soit associé à l'hommage à venir qui serait rendu à Michel autour de l'agronomie.
Nous sommes en effet nombreux dans le département à avoir bénéficié de sa pensée.
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de Antoine Messéan
de INRA Eco-Innov Thiverval-Grignon
le 12 avril 2010
Même si mon compagnonnage avec Michel a été tardif et assez différent de celui de bien des agronomes, il a été essentiel pour moi, notamment au travers des travaux de prospective sur lesquels nous avons travaillé ensemble jusqu'à très récemment. Je ne sais pas ce qui se prépare mais je tiens à dire que je souhaiterais m'associer à cette préparation, notamment pour ce qui concerne cette période DADP et la prospective...
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de André Fleury
Ecole du Paysage, Versailles
Merci à Jean de m'avoir prévenu de la disparition du vieux chef je ne l'avais pas revu depuis bientôt quinze ans, et encore par hasard d'une rencontre fortuite dans un TGV...
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de Daniel Balland
le 13 avril 2010
J'ai été très touché d'apprendre le décès de Michel Sebillotte avec qui j'avais eu l'occasion de nouer des liens très forts en 3ème année à l'agro et après lors de ses voyages en Algérie où j'étais coopérant.
Je ne pourrai pas me libérer jeudi prochain pour ses obsèques et je le regrette, mais c'est bien volontiers que je participerai dans les semaines qui viennent à une rencontre avec tous ceux qui été marqués par l'homme et qui avaient de l'amitié pour lui.
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de Claude Cheverry
le 13 avril 2010
J'ai très bien connu Michel Sebillotte, et ceci depuis … 1956. Il était "cube" à H.IV, alors que j'étais "bizuth". Il m'avait "embauché" dans la "Conférence Saint Vincent de Paul" du lycée, dont il était président (c'était déjà un animateur né !). Nos activités consistaient à rendre visite à des personnes âgées, démunies, du quartier de la Montagne Sainte Geneviève, le mercredi après-midi.
Notre dernière collaboration soutenue a été dans le cadre de "Fertimieux", dont il était l'animateur et dont j'étais l'un des membres du Conseil Scientifique. Mais entre temps, nos chemins s'étaient très souvent croisés, notamment à l'INRA, et bien entendu dans le cadre de nos relations d'enseignants: Paris-INAPG/ Rennes - ENSAR (avec parfois de la concurrence !). La dernière fois que je l'ai vu, c'était, sauf erreur de ma part, avec Jean Boiffin. Il était venu faire une conférence ( à la Chambre d'Agriculture) dans le cadre d'une réunion organisée par les Agros de Bretagne, et ceci il y a quelques 5 ou 6 années.
C'est vraiment un homme qui a marqué sa génération par son sens de l'organisation et de l'animation, un formidable lanceur d'idées, de groupes de réflexion. Ses nombreux élèves de sa section de l'Agro ont su transmettre son message et lui ont fait honneur.
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de Philippe Prévost
Secrétaire de l'Association française d'Agronomie
le 13 avril 2010
Je n'ai pas eu le privilège de suivre l'enseignement de Michel, mon histoire ne m'ayant pas permis de concourir pour une intégration à l'INA-PG. Mais je me sens cependant dans sa filiation, parce que je l'ai beaucoup lu en début de thèse, parce que la réflexion didactique sur l'agronomie rencontre en permanence sa production conceptuelle et méthodologique. Je l'ai rencontré pour la première fois, ainsi que Stéphane Hénin, à cette période (1993). Par la suite, je l'ai retrouvé lorsque j'ai initié la première rencontre du Pradel (avant qu'elle soit baptisée "Entretiens"), et sans être un porteur du projet comme a pu l'être Jean-Pierre Deffontaines, il a suivi l'évolution jusqu'à l'AFA, en étant présent à deux reprises et auteur de conclusions et postfaces dans deux éditions.
Je serai parmi vous par la pensée, et présent plus tard lors des manifestations de commémoration auxquelles participera l'AFA.
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de Hermilio Navarro Garza
Profesor Investigador Titular Colegio de Postgraduados hermnava@colpos.mx
le 15 avril 2010, message transmis par André Fleury
Mes condoléances à la famille de Michel, sans doute une perte très importante pour nous, et ainsi pour la pensée et l'action agronomique en France et dans plusieurs équipes du monde.
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de Thierry Besse
le 9 mai 2010
Hommage à un "directeur"
Michel a du être heureux de voir s'instituer l'AFA, comme une revitalisation de cette agronomie qu'il avait refondé, comme un groupe vivant d'agronomes qui valorisent son dessein. Merci à celles et ceux qui ont œuvré à ce projet AFA.
En Tunisie
Je me souviens que Michel nous disait modestement, pour nous conforter dans nos projets :
"ma chance c'est d'avoir été propulsé directeur très jeune..."
Il avait pourtant combattu avec force pour conquérir ce poste de professeur de la Chaire d'agronomie de l'Ina-pg, celui-là même qui lui a permis de mener à bien cette mission visionnaire.
En Bretagne
Il ne s'est pas contenté d'œuvrer à l'agronomie sens strict, puisque j'ai eu le plaisir de l'inviter à l'AG de l'Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires, en octobre 2006, où il nous a présenté les travaux sur la prospective de l'agroalimentaire Bretonne, qu'il dirigeait à l'Inra pour le compte de Coop de France Ouest.
Mais avant cela, ses études régionales sur la relation Recherche et monde professionnel des filières agricultures agroalimentaires étaient visionnaires, parce qu'ancrées dans la vie, dans le vécu des organisations complexes, parce qu'il mobilisait dans la complexité . etc...
En tirant sa révérence maintenant, il nous oblige aussi en ce moment fragile de l'AFA, à réussir.
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de Jean-Christophe Castella
agronome de l'IRD actuellement affecté au CIFOR au Laos. j.castella@ird.fr
le 3 mai 2010, message transmis par Guy Trébuil
J'ai été mis au courant du décès de Michel Sebillotte par différentes sources. C'est vraiment une lourde perte pour l'agronomie française. Nous avons tous fait à différents titres un bout de chemin avec lui
Je n'ai pas réagi car j'enchaînais les missions sur le terrain ces derniers temps. Je souhaite bien sûr être informé des hommages qui lui seront rendus et si possible m'associer aux commémorations.
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de Remi Toussain
Directeur général AgroParisTech
le 11 mai 2010
Naturellement, l'école, qui envisage aussi ce type d'initiative, se tient à votre disposition pour organiser un tel événement, conjointement peut-être?
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de Claude DELBOS
le 17 mai 2010
Jean Boiffin a trouvé des mots justes face à cet évènement triste pour beaucoup de ses anciens élèves et collaborateurs.
Personnellement, bien que disciple volage, j'ai été fortement marqué par son exigence méthodologique, et beaucoup aussi par l'ouverture vers l'épistémologie qu'il nous avait proposée en année de spécialisation.
Je lui dois certainement une grande part de ce plaisir que je trouve toujours à me frotter à des idées nouvelles. Peut-être pour retrouver dans les constructions intellectuelles la perception tactile de la pincée de terre que l'on pétrit longuement. C'est à dire pour retrouver quelque chose d'essentiel.
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" Cultiver l'autre face du monde " :
Sur les traces du Professeur Michel Sebillotte en Thaïlande, 1987-1995.
un témoignage collectif de
Rangsan Apakupakul, FNR-PSU, Hat Yai, Thaïlande
Jean-Christophe Castella, IRD-CIFOR, Vientiane, Laos
Apinan Kamnalrut, FNR-PSU, Thaïlande
Bruno Le Gouis et Geneviève Dupond, ORG'Integra, Lyon
Didier Moreau, Directeur, Environment & Agro-Sourcing, WWBU Danone Dairy, Paris
Pramote Saritnirun, KU, Bangkok, Thaïlande
Guy Trébuil, CIRAD-ES, Montpellier, France
Entre 1987 et 1995 le professeur Michel Sebillotte participa aux activités de recherche et de formation universitaire en agronomie de deux projets franco-thaïs successifs. De 1987 à 1989, il effectua des missions régulières avec le projet " Thai-French Farming Systems Research " auprès de la Faculté des ressources naturelles de l'Université Prince de Songkla (FNR-PSU) au sud de la Thaïlande que le regretté Yves Crozat avait auparavant mis en relation avec sa chaire d'agronomie à l'INAP-G. Les recherches agronomiques portaient sur l'analyse de l'élaboration du rendement du riz irrigué, et plus particulièrement sur la compréhension de l'influence de la hauteur d'inondation qui était mal contrôlée dans les casiers rizicoles de la province de Patthalung [Photo 1]. Il s'agissait aussi de construire et d'expérimenter des itinéraires techniques adaptés aux conditions locales pour le semis direct du riz inondé sur sols sableux en bordure de la lagune de Songkhla. Friant de la découverte des autres systèmes de culture locaux, Michel Sebillotte s'intéressait aussi au fonctionnement de l'hévéaculture paysanne locale ainsi qu'aux systèmes agro-forestiers de l'île de Phuket [Photo 2].
Suite à la volonté des partenaires thaïs de faire monter en puissance cette collaboration franco-thaïe en recherche et formation agronomique, de 1989 à 1995, il participa ensuite au projet " Development-Oriented Research on Agrarian Systems " (DORAS) à l'importante Université des sciences agronomiques Kasetsart (KU) sur les campus de Bangkok et de Kamphaengsaen où il s'agissait de comprendre le fonctionnement des systèmes de culture maraîchère pour l'exportation (asperge verte et maïs jeune épi) des petites exploitations de la plaine centrale, ainsi que les systèmes de production fruitière par hortillonnage (" billons chinois ") de la province de Nakhon Pathom [Photos 3]. Enfin, il y accompagna les travaux de thèse de Jean-Christophe Castella de l'IRD portant sur la protection contre les bio-agresseurs dans les systèmes de culture cotonnière de l'ouest et du nord de la plaine centrale, ainsi que les recherches en écophysiologie du cotonnier entreprises par Yves Crozat jusqu'à son nouveau départ pour le groupe ESA à Angers.
Il acceptait facilement l'invitation à effectuer ces missions car il était passionné de " voir comment l'on cultive l'autre face du monde ", " là où cela bouge ", de faire " l'expérience de modes de vie très différents " et " d'être conscient des changements et de s'y préparer ". Il pressentait que dans cet angle de l'Asie, ses apports originaux à la discipline agronomique pouvaient rencontrer un intérêt chez des partenaires locaux disposés à apprendre d'autres manières de penser et de pratiquer l'agronomie. Il a visiblement pris plaisir à la confrontation de ses concepts, méthodes et pratiques de l'agronomie face à des collègues asiatiques formés à une agronomie anglo-saxonne à propos de ces situations culturales locales si différentes des terrains français et d'Afrique du nord ou de l'ouest qui lui étaient familiers. Notre coopération en agronomie m'intéresse car " vous français ne faites pas les choses comme les autres " disait alors le professeur Sujin Jinahyon, vice-président de l'Université Kasetsart et directeur du projet DORAS. Tandis que, dans son rapport de mission d'évaluation des projets de recherche-développement agricole en Thaïlande pour l'USAID, le professeur Gordon Conway de l'Imperial College (pionnier dans ce pays en la matière) reconnaissait la plus grande profondeur d'analyse et la finesse de la compréhension des situations agronomiques locales permises par la mise en oeuvre de ces concepts et méthodes agronomiques " à la française ". Au-delà de son intérêt personnel, Michel était aussi préoccupé par le rayonnement et la visibilité des travaux de l'Institut National Agronomique Paris-Grignon (INAP-G) et il fut la cheville ouvrière de la formalisation de la collaboration avec KU dès 1989 [Photo 4].
Ses missions courtes venaient en appui au travail de recherche et d'enseignement de jeunes agronomes français, anciens élèves de sa Chaire d'agronomie de l'INAP-G, venus effectuer leurs périodes de volontariat avec le projet FNR-PSU ou effectuant leur recherche doctorale, comme ce fut le cas pour Jean-Christophe Castella co-encadré par P. Milleville de l'ORSTOM. Mais il dépensa aussi beaucoup d'énergie dans l'accompagnement de la thèse de doctorat de Rangsan Apakupakul sur le riz irrigué et s'intéressa à celle, dirigée par A. Fleury, de Pramote Saritnirun sur le maïs jeune épi afin de transmettre sa conception et sa pratique de l'agronomie à ces collègues thaïs aujourd'hui enseignants-chercheurs dans deux importantes universités du pays.
La publication en 1989 par le projet DORAS, en langues anglaise et thaïe, de sa communication orale à une conférence donnée au sud de la Thaïlande en 1987 intitulée " Approaches of the on-farm agronomist : Illustrated methodological considerations " facilita l'introduction de ses concepts et méthodologie innovants dans le système universitaire thaï à propos de l'élaboration du rendement des cultures, de l'évaluation des systèmes de culture, de la construction d'itinéraires techniques, ou encore du diagnostic régional multi-échelles (parcelle " exploitation " petite région) associant étroitement enquêtes et expérimentations agronomiques (voir les principales références bibliographiques héritées de cette collaboration ci-dessous).
Suite au projet TF-FSR à FNR-PSU, dont le coordinateur thaï devint ensuite doyen de la faculté puis président de l'université, de nombreux doctorants thaïlandais effectuèrent leurs études doctorales en France à partir des années 90. Tandis qu'à KU, les projets initiaux sur les systèmes de culture et de production maraîchère et cotonnière menés avec le CIRAD dans le cadre du Centre DORAS ont permis la mise en œuvre de nouvelles collaborations franco-thaïes dans le domaine de la recherche et de la formation universitaire en agronomie, notamment à propos de l'agriculture péri-urbaine, puis de l'hévéaculture et ce jusqu'à ce jour.
A partir de 1993, les travaux réalisés en Thaïlande suscitant l'intérêt de l'Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI) aux Philippines, ces mêmes concepts et méthodes purent être introduits à la Division Agronomie, Physiologie et Agro-Ecologie (APPA) de l'IRRI. Ils furent mis en application à propos du diagnostic des facteurs limitant les rendements en riziculture pluviale au nord de la Thaïlande, en collaboration avec les agronomes belges de l'Université KU Leuven ainsi que ceux des universités locales de Chiang Maï et Maejo, ainsi que pour la construction d'itinéraires techniques en riziculture inondée sur sols sableux au nord-est du pays avec l'Université d'Ubon Rajathanee. Enfin, nos collègues Pierre Siband et Chantal Loyce les appliquèrent à propos de la riziculture irriguée aux Philippines depuis l'IRRI à Los Baños.
Tous les signataires de cette note sont bien conscients que leur collaboration, plus ou moins longue, avec Michel Sebillotte a fortement influencé leur parcours d'agronomes et lui en sont profondément reconnaissants [Photo 5].
Rangsan Apakupakul, FNR-PSU, Hat Yai, Thaïlande
Jean-Christophe Castella, IRD-CIFOR, Vientiane, Laos
Apinan Kamnalrut, FNR-PSU, Thaïlande
Bruno Le Gouis et Geneviève Dupond, ORG'Integra, Lyon
Didier Moreau, Directeur, Environment & Agro-Sourcing, WWBU Danone Dairy, Paris
Pramote Saritnirun, KU, Bangkok, Thaïlande
Guy Trébuil, CIRAD-ES, Montpellier, France
Références bibliographiques sur les travaux issus de cette collaboration
Castella J. C., Jourdain D., Trébuil G., et Napompeth B. 1999. A systems approach to understand obstacles to effective implementation of IPM in Thailand: key issues for cotton industry. In: Agriculture, Ecosystems and Environment 72: 17-34.
Castella J. C., Trébuil G., et Crozat Y. 1997. Diagnosis on Thai Agrarian Systems for Research Prioritization to Improve the Sustainability and Competitiveness of Cotton Production. In: Kasetsart Journal (Natural Sciences), Bangkok, Thailand 31(5): 1-15.
Castella J.C. (1996) Stratégies de lutte contre les insectes ravageurs dans les systèmes de culture cotonniers en Thaïlande. Logiques actuelles et propositions pour une gestion durable. Thèse de doctorat de l'INA-PG 1995, ORSTOM Editions, Collection TDM No 152, Paris. 320 p.
Castella J. C., Saridnirun P., et Trébuil G. 1995. Development and small farmer organization of asparagus production in central Thailand. In: Asparagus research, Department of Plant Science, Massey University, New Zealand 12(1-2): 1-16.
Castella J. C., Saridnirun P., Naritoom C., et Trébuil G. 1994. Typology of Asparagus Producers for a Comprehensive Approach of Cultivation Practices Differentiation in Central Thailand. In : Actes du 13ème Symposium international sur les recherches-système en agriculture et développement rural, 21-25 novembre 1994, Montpellier, France. 562-569.
Castella J. C., Sayampol N., Prampree P., Kimnarux J., et Trébuil G. 1992. Siagnosis on farming systems functioning and farmers' decision-making in Kanjanaburi province : hypotheses for improving the sustainability of the maize-cotton cropping system. In: Actes du 9ème séminaire national sur les systèmes de production agricole, 24-27 mars 1992, Phuket, Thaïlande. 313-324.
Castella J. C. 1990. Introduction de l'asperge verte dans les systèmes de culture en Thaïlande. Mémoire pour l'obtention du diplôme d'agronomie approfondie (DAA), Chaire d'agronomie, Institut national agronomique Paris-Grignon. 63p + annexes.
Crozat Y., Trébuil G., Castella J.-C., et Renou A. 1997. Cotton-based cropping systems in Southeast Asia : A comparative approach. Actes 3ème conférence " Cotton Research and Development in Southeast Asia", 27-29 Octobre 1997, Chiang Raï, Thaïlande.
Crozat Y. et Chitapong P. 1988. The on-farm agronomic survey: a tool for grading limiting factors of a crop and designing new technologies. In: Trébuil G. (éd). Farming Systems Research and Development in Thailand: Illustrated Methodological Considerations and Recent Advances. GRET, Paris et Université Prince de Songkla, Hat Yai, Thaïlande. 85-108.
Moreau D., Kaewongsri P., Trébuil G., Kamnalrut A., et Thongkum P. 1988. Testing a New Itinerary of Techniques: Case Study of the Introduction of a Row Seeder in Dry Seeded Paddies of Sathing Phra Area. In: Actes du “5th Thailand National Farming Systems Seminar�?, 4-7 Avril 1988, Université Kasetsart, campus de Kamphaengsaen, Nakhon Pathom, Thaïlande. 24p.
Saritnirun P. 1996. Le maïs jeune épi, contribution à l'étude des systèmes de culture en Thaïlande et de l'élaboration du rendement. Thèse de doctorat soutenue à la chaire d'Agronomie de l'INAP-G, Paris.
Sebillotte M. 1987. Approaches of the on-farm agronomist: Illustrated methodological considerations. Communication au 4ème séminaire national sur les systèmes de production agricole, 7-10 avril 1987, Prince of Songkla University, Hat, Yai, Thaïlande 32p.
Trébuil G., Harnpichitvitaya D., Tuong T. P., Pantuwan G., Wade L. J., et Wonprasaid S. 1998. Improved water conservation and nutrient-use efficiency via subsoil compaction and mineral fertilization. In: Rainfed Lowland Rice: Advances in Nutrient Management Research, Ladha J. K., Wade L. J., Dobermann A., Reichardt W., Kirk G. J. D., Piggin C. (éds). International Rice Research Institute, Los Baños, Philippines. 245-256.
Trébuil G., Kam S. P., Turkelboom F., et Shinawatra B. 1997. Systems Diagnoses at Field, Farm and Watershed Levels in Diversifying Upland Agroecosystems: Towards Comprehensive Solutions to Farmers' Problems. In: Teng P. S. et al. (éds). Systems Approaches for Sustainable Agricultural Development: Farm and Regional Levels. Kluwer Academic Publishers and International Rice Research Institute. 99-114.
Trébuil G., Castella J. C., Srijantr T., et Naritoom C. 1993. Transformations des filières maraîchères en Thaïlande: apport de la recherche-système aux producteurs pour la maîtrise des innovations techniques et organisationnelles. Actes séminaire Innovations et sociétés, volume III, 13-16 septembre 1993, Montpellier, France. 177-186.
Trébuil G. 1992. Setting Research Priorities with Farmers: Complementarity of Regional, Farm and Plot Diagnoses to Improve the Competitiveness and Sustainability of Thai Production Systems. Communication à l' “Asian Farming Systems Symposium 1992: Sustainable Agriculture, Meeting the Challenge Today�?, 2-5 Novembre 1992, BMICH, Colombo, Sri Lanka. 19p.
Van Keer K., et Trébuil G. 2003. Integrated on-farm crop diagnosis of upland rice yields in Northern Thailand. Actes de la Conférence académique annuelle de l'Institut de recherche sur le riz de Thaïlande, 7-9 mars 2003, Hôtel Ambassador City Jomthien, Chonburi, Thaïlande. 15p.
Van Keer K., Trébuil G., et Goze E. 2000. Identifying and grading limiting factors of upland rice yields in farmers' fields of northern Thailand. In: International Rice Research Notes, IRRI, Los Baños, Laguna, Philippines 25(1): 31-33.
Van Keer K., Trébuil G., et Courtois B. 1998. On-farm characterization of upland rice varieties in North Thailand. In: International Rice Research Notes, IRRI, Los Baños, Laguna, Philippines 23(3): 21-22.
Messages échangés au sein d'AgroParisTech
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de Thierry Doré
AgroParisTech
le 9 avril 2010
Notre ancien collègue Michel Sebillotte nous a quittés mercredi 7 avril. Son nom n'évoquera probablement rien aux jeunes collègues. Il est cependant connu de tous les agronomes francophones, pour lesquels il est une sorte de signe de reconnaissance. De nombreuses générations d'étudiants ont suivi dans les années 70 et 80 ses enseignements, notamment dans la spécialité de troisième année qu'il animait - et que les étudiants appelaient d'ailleurs la "spé Seb". Il a aussi formé à l'Agronomie nombre d'agents du développement agricole. Ceux qui ont travaillé avec lui dans l'école et notamment à la Chaire d'Agronomie, à l'INRA, et dans différentes organisations agricoles savent ce qu'ils lui doivent. Passionné par la formation, il avait une personnalité très forte combinant une pensée complexe et indépendante, une volonté de convaincre, une rigueur redoutable, une simplicité dans les contacts, une capacité impressionnante à projeter la réflexion dans l'action, et une fidélité à l'agriculture. S'il n'a pu mener à son terme l'ouvrage dont il avait entrepris la rédaction, il laisse des écrits dont certains ont une très grande actualité pour les agronomes et au-delà. Et surtout nombre d'acteurs de l'Agronomie qui ont été marqués par ses apports, et font vivre sa pensée.
Voilà, même si il avait quitté l'établissement pour l'INRA en 1993 (tout en restant pendant un temps professeur émérite) l'Agro restait sa maison mère, son point d'attache intellectuel et affectif. Merci à ceux qui l'ont connu d'avoir une pensée pour lui et sa famille !
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de Rémi Toussain
remi.toussain@agroparistech.fr
Nous venons d'apprendre, avec une grande tristesse, le décès de Michel Sebillotte survenu mercredi 7 avril.
Michel Sebillotte était ancien élève de l'Institut National Agronomique (1956). Il a débuté sa carrière d'enseignant en 1961, recruté comme assistant par S. Hénin, Professeur pour qui il a toujours gardé une grande admiration. A partir de 1966, il a été responsable de la chaire d'Agronomie dans l'école, fonction qu'il a assumée avec charisme et dévouement jusqu'en 1993.
Il a été très impliqué dans la vie de l'établissement et dans ses différentes réformes, notamment en 1968.
Surtout, Michel Sebillotte a donné une nouvelle vitalité à l'Agronomie en France, et l'a faite reconnaître comme discipline scientifique. Excellent pédagogue, il a marqué par son enseignement, dans lequel les questions de méthode avaient la plus grande importance, plusieurs générations d'agronomes, en formation initiale comme en formation continue.
Dès le début des années 80 il a dirigé deux laboratoires de recherche associés à l'INRA, et a beaucoup oeuvré pour le développement de l'Agronomie dans la recherche agronomique française.
En 1993 il a été nommé conseiller puis Directeur scientifique à l'INRA, où il a notamment initié l'usage de la prospective, et développé les recherches pluridisciplinaires pour et sur le développement régional. Il y poursuivait des réflexions, notamment épistémologiques, sur la recherche finalisée.
Il était par ailleurs très investi dans les changements de l'agriculture sur le terrain, où il avait de nombreuses relations avec des professionnels agricoles.
Michel Sebillotte aura eu une influence profonde et durable sur la manière de penser et d'agir en agronome.
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de Daniel Genton
C'est avec beaucoup de tristesse que j'apprends la disparition de Michel SEBILLOTTE.
Je n'ai pas suivi la Spé SEB mais je puis témoigner qu'il compte parmi les enseignants qui ont modelé ma conscience d'ingénieur agronome. Je lui dois beaucoup. Je ne suis certainement pas le seul !
Toute ma sympathie à l'équipe qui lui a succédé.
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de Jean Lossouarn
J'ai été surpris et attristé, hier, en apprenant le décès de Michel, par un mel de François Papy. Je le savais malade, mais sans connaître la gravité de son état.
J'ai en effet été fortement marqué par lui, que j'ai toujours considéré comme un de mes Maîtres à l'Agro.
J'ai un souvenir très net de ses interventions en mai-juin 1968, où je l'ai identifié, et de son implication très forte dans les changements considérables alors introduits dans l'enseignement de la Maison. J'ai suivi l'année suivante, au printemps 1969, une UV mémorable sous sa direction : "Jugement d'une exploitation agricole", intrinsèquement la meilleure que j'ai faite comme étudiant, et qui me fit beaucoup hésiter sur mon choix de spécialisation.
Ensuite, je l'ai bien connu et apprécié comme collègue. Dans les années 1970, ce fut pour une première tentative de pratique de l'interdisciplinarité à l'Agro, sur les terrains de Normandie. Puis, au tournant des années 1980, ce fut à la création du SAD, à la suite de quoi je le suivis un temps dans le Noyonnais. Vers 1990, et pour plusieurs années, nous fumes élus ensemble au Conseil d'Administration de l'Agro, aux temps agités du projet ISTV.
L'homme avait du caractère, une rigueur intellectuelle impressionnante, la confrontation avec lui pouvait être rude, mais il ne laissait personne indifférent. Dans les Conseils, son avis était attendu, et, si on n'était pas forcément toujours d'accord avec lui, on ne pouvait ignorer son point de vue. Il a énormément apporté à l'Agro, dont il a été une des figures les plus marquantes des dernières décennies. J'en ai encore eu la preuve mercredi à Rennes, où j'étais rapporteur de thèse ; au déjeuner, nous étions 4 anciens de l'Agro de Paris, et à un moment mes collègues ont évoqué les figures qui les y avais marqués : on a évidemment parlé de Michel Sebillotte, je ne savais pas alors qu'il touchait l'extrême fin de sa vie.
J'imagine l'émotion ceux qui ont été ses proches collaborateurs, ses disciples. Je sais aussi que vous aurez à cÅ“ur de lui rendre le plus bel hommage, celui de faire vivre sa pensée, et de poursuivre son oeuvre.
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de Sylvain Chaillou
Professeur de Biologie végétale AgroParisTech
Rémi Toussain l'a annoncé, cela m'a fichu un coup ! J'avais suivi sa spé en 1973-74, et il nous a tous marqués de son sceau, en quelque sorte. Je me souviens que lorsque je suis arrivé comme jeune enseignant en 1979, et qu'il m'a dit de le tutoyer, j'ai mis longtemps à pouvoir le faire, tant il nous en imposait (même s'il nous agaçait quelquefois !). Une de ses premières "maximes" qu'il nous avait enseignée était "Pour observer, il faut VOULOIR observer", je m'en souviens à tout instant lorsque j'observe mes plantes, ou bien un paysage. Je suis donc bien triste, d'autant qu'il n'était pas très âgé, me semble-t-il.
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de Philipe Schmidely
J'ai eu la chance d'avoir Michel comme enseignant en première année (1980). Même si j'ai fait le choix d'autres productions que le végétal, j'avais appris de lui ce que pédagogie, rigueur et précision des concepts signifiaient. Je pense que la communauté des agronomes est orpheline d'un de ses maîtres de pensée.
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de Geneviève David
J'ai moi aussi été touchée par l'annonce du décès de Michel Sebillotte. C'est par son approche intéressante et novatrice de l'agronomie qu'il m'avait attirée vers cette discipline. Il aura vraiment marqué une époque par sa vive intelligence et son engagement pour faire avancer l'enseignement et la recherche dans ce domaine. Je n'oublie pas non plus son intérêt pour l'épistémologie - j'en garde pas mal de souvenirs- et à quel point il avait à cÅ“ur de faire réfléchir les étudiants, de les rendre plus autonomes.
Je ne pourrais pas assister aux obsèques de Michel, et je le regrette beaucoup ; je suis en déplacement toute la semaine avec des étudiants. Mais je serai en pensée avec Michel et sa famille et vous tous. Et aller sur le terrain c'est d'une certaine façon rendre hommage à Michel, c'est ainsi qu'il voyait l'agronomie.
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de Chantal Loyce
Merci à Thierry pour l'envoi de ces témoignages qui nous donnent un aperçu de cette période enseignante des agronomes. Pour ma part, j'ai eu l'occasion d'avoir eu Michel Sebillotte comme enseignant, notamment en spé AGER, pour sa toute dernière année à l'agro. J'en garde le souvenir d'une personnalité forte, très impressionnante et exigeante ! Plus tard, l'écrit qui m'a le plus marqué est celui des cahiers de l'ORSTOM de 1974, que j'avais trouvé lumineux dans sa capacité à exposer les liens entre agronomie et agriculture.
Je ne pourrais me joindre à vous pour la cérémonie, et aurais une pensée toute particulière pour Clémentina ce jour là.
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de Laurence Roudart
Je sais quelle est la peine de tous ceux de l'équipe AGER qui ont été proches de lui intellectuellement et affectivement.
Messages échangés au sein de l'INRA
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de Marion Guillou
INRA marion.guillou@paris.inra.fr
Le 8 avril 2010
Clémentina Sebillotte, son épouse, nous a annoncé la très triste nouvelle du décès de Michel, hier soir . Nous nous associons à son profond chagrin.
Pour nous membres du collège, il a été un collègue exceptionnel, pour certains un professeur d'agronomie marquant, et pour beaucoup -à l'INRA et ailleurs- un " maître " au sens académique du terme.
Membre du collège de direction pendant plusieurs années, il y apportait son regard critique et sa grande expérience agronomique. Il nous obligeait à prendre du recul, et pour moi, il restera inoubliable.
François Papy, très récemment, a eu l'occasion de recueillir son témoignage pour Archorales. Il se propose de le publier sous le titre de " Michel Sebillotte agronome : penser l'action ".
En effet, c'est Michel qui après avoir renouvelé l'agronomie et son enseignement, a proposé le concept d'itinéraire, a créé le " modèle pour l'action ". Encore et toujours pionnier, dans sa période de DADP, il a formalisé une méthode originale de prospective, lancé les programmes pour et sur le développement régional, puis, plus récemment, il a approfondi les spécificités de la recherche finalisée.
Enfin permettez-moi de rappeler que c'est lui qui a été à l'initiative de la distribution à tous les nouveaux arrivants de traités d'épistémologie.
Nous aurons l'occasion, pour ceux qui le souhaitent, de lui rendre hommage.
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de Guy Riba
Je viens d'apprendre le décès de Michel Sebillotte. Anciens du collège de direction, agronomes, collègues de manip, élèves, nous avons tous été impressionnés par la personnalité de Michel qui, profondément intellectuel, a toujours su apporter un regard différent sur chaque objet de nos réflexions communes. Par ce décalage il nous obligeait à aller au bout de nos raisonnements et se régalait des dialectiques ainsi engendrées surtout lorsqu'elles été déroutantes. Par ailleurs il a su séduire les tous meilleurs élèves de l'Agro pour réellement concevoir une pensée de l'agronomie à la fois enracinée dans le terrain et basée sur la connaissance la plus avancée des processus biotiques et abiotiques qui déterminent l‘évolution des agrosystèmes. Le paradoxe est qu'au moment où Michel nous quitte, cette agronomie trouve aujourd'hui une étonnante actualité... en son nom sachons la promouvoir.
Chacun d'entre nous voudra partager quelques lignes, parce que c'est la tradition, parce que les témoignages nous enrichissent mais en l'occurrence aussi parce que ça fait du bien de ne pas se sentir seul.
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De Jean Boiffin
Directeur de Recherche Centre INRA Angers-Nantes
Le 9 avril 2010
Pour plusieurs des destinataires de ce message, ceux qui l'ont connu tôt dans leur carrière, la disparition de Michel est un bouleversement au sens entier du terme, qui nous laisse momentanément sans voix. Même à distance, il était présent dans ce que nous faisions et dans nos réflexions, et nous ressentons d'abord un grand vide.
Je pense que dans les jours à venir nous allons organiser quelque chose au niveau de l'AFA.
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de Hervé Guyomard
le 11 avril 2010
Bien triste nouvelle en effet.
Au-delà de son caractère bien trempé, je retiendrai de Michel son caractère visionnaire et l'obligation à réfléchir qu'il nous imposait. Au-delà de l'agronomie sur laquelle je ne suis guère compétent pour porter une appréciation, en notant toutefois que plusieurs idées défendues très tôt par Michel sont aujourd'hui plus que jamais d'actualité, c'est au niveau de l'initiative des programmes DADP, aujourd'hui PSDR, que je peux mesurer l'importance de cette vision : certes, tout n'était pas parfait et alors "jeune chercheur", je fus de ceux qui ont douté de la pertinence, si ce n'est de la "scientificité", de ces programmes ; certes, tout n'est toujours pas parfait mais que de chemin parcouru depuis, y compris de termes d'ancrage scientifique de la vision portée par Michel et c'est à l'aune de ce chemin parcouru qu'il est possible d'apprécier la pertinence de celle-ci.
Un hommage lui sera rendu lors de l'école chercheurs PSDR de la fin du mois de mai.
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de Jean-Louis Peyraud
le 11 avril 2010
Très triste nouvelle pour l'Agronomie française qu'il avait su hausser à un très haut niveau.
J'ai eu l'occasion de travailler avec Michel au moment de la prospective protéine. Il m'avait alors fortement marqué par la clarté de sa vision et par sa façon de toujours nous pousser dans nos retranchements lors de nos argumentations pour en tirer l'essentiel ou, bien souvent, mettre en avant leurs imprécisions. Michel m'a fait découvrir la richesse des approches de prospective. Ici comme ailleurs c'était un visionnaire, qui du coup avait souvent des prises de position en décalage avec le courant dominant.
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de Jaques CANEILL
le 12 avril 2010
Michel était un homme de science et un homme de terrain. C'est forcément ses proches collaborateurs, ses élèves, mais aussi nombre de techniciens et agriculteurs qui ont pu apprécier ses capacités d'observation, de rigueur, d'interprétation et de recommandations qu'il replaçait toujours dans un système plus englobant. C'est certainement dans ces situations qu'il impressionnait le plus ses premiers disciples par ses qualités d'analyse et de synthèse. La polémique n'était pas présente dans ce registre, vu sa capacité à mobiliser du réel des raisonnements irréfutables. Le texte qu'il a écrit en 1974 (ci joint : Agronomie et agriculture. Essai d'analyse des tâches de l'agronome, Cah. ORSTOM, Série Biol.) est une synthèse de ses expériences et réflexions scientifiques d'alors. Il est toujours d'actualité. Il est révélateur de son savoir être et de son savoir faire., d'une agronomie qu'il a inventé et défendu, mais aussi de ses nombreuses contributions ultérieures déjà citées au service de l'Agro, de l'INRA et de la collectivité.
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de Bernard HUBERT
le 12 avril 2010
Michel a eu un apport intellectuel significatif tant à la communauté des agronomes (dont je ne suis pas) qu'à l'ensemble de l'Institut (dont je fais partie): il a considérablement contribué à renouveler l'agronomie française (qui pour beaucoup relevait encore il y a quelques années de ce qu'on appelait alors la "phytotechnie" !), et ce sont bien ses élèves qui sont, aujourd'hui, les enseignants et les responsables d'équipe dans le domaine ... bien sûr, ils ne font pas forcément ce qu'il aurait voulu qu'ils fassent, mais c'est ainsi que les choses progressent ! A la suite de la réflexion que lui avait confiée Guy Paillotin au début des années 90', il a introduit la prospective à l'Inra (et je crois que nous n'avons pas à le regretter aujourd'hui !), ce qui a contribué à la reconnaissance de l'Institut bien au-delà des sphères de l'agriculture, et il a monté les programmes DADP/PSDR qui ont confirmé l'accrochage de l'Inra en région, tout en maintenant un pilotage centralisé, garant d'une production cognitive à caractère générique. Enfin, n'oublions pas sa dernière implication collective dans la réflexion sur la recherche finalisée !
Voilà, il a laissé des héritiers et des héritages, à nous de ne pas laisser perdre ces derniers (pour ce qui est des premiers, ils sont grands !).
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de Jean-Claude Flamant
Mission Agrobiosciences
le 12 avril 2010
J'ai fait la connaissance de Michel tardivement dans le cours de mes activités à l'INRA - mon domaine concernait d'abord les productions animales à l'INRA et je n'avais pas suivi ses cours à l'Agro " grâce au travail fédérateur réalisé par Bertrand Vissac qui aboutit à la création du Département SAD, en un assemblage inédit Jean-Pierre Deffontaines + Michel Sebillotte + Toulouse + Corse. Ce fut un choc des cultures ! On ne pouvait pas s'endormir lors des réunions des directeurs d'unités, autour de Bertrand Vissac. On parlait certes programmes, recrutements, budgets, mais aussi méthodologie, bases conceptuelles et positionnement institutionnel au sein de l'INRA de ce département en genèse. Et avec Michel, le débat s'élargissait très vite à des considérations épistémologiques, philosophiques et politiques Pour ne citer que ces aspects. Et surtout, en réaction à notre enthousiasme collectif pour les principes de l'analyse systémique, Michel nous rappelait maintes fois aux exigences de " l'administration de la preuve ". Comme président du Centre de Toulouse, j'allais retrouver Michel quelques années après, sur les domaines de la prospective et des programmes régionaux DADP. Et puis, je reçus de sa part une écoute particulière à mes projets de création de ce qui allait devenir la Mission d'Animation des Agrobiosciences.
Michel ne savait pas faire dans l'à peu près, et il mettait une égale énergie dans son exigence de rigueur de la démarche et dans son ouverture au grand large de la pensée. Merci Michel pour ce que tu nous as appris et ce que tu as permis de faire.
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de Amédée Mollard
UMR INRA-GAEL Université Pierre Mendès France http://www.grenoble.inra.fr
Le 10 avril 2010
A vous tous,
En écho aux réactions spontanées de Vincent et d'Hervé que j'ai beaucoup appréciées, je vous "forwarde" le mail envoyé hier par Jean Boiffin à quelques participants actifs de l'Association Française d'Agronomie. Pour ma part, n'étant pas agronome, j'ai connu Michel dans le cadre de DADP1 où il nous a sollicités fortement pour initier le programme DADP Rhône-Alpes après celui de Loire Atlantique (n'est-ce pas François ?) et de Languedoc Roussillon (avec M. Boulet). Dans ce but, il est venu à Grenoble en 1992 (ou 93) pour nous convaincre de participer activement à construire DADP R-A avec Daniel Courtot en tant qu'économistes, ce que nous avons fait, à un moment où la réputation de la DADP était parfois très critiquée dans nos institutions de recherche...
Mais ensuite, c'est Jean Boiffin qui m'a fait connaître vraiment Michel en m'introduisant dans le programme DADP national lorsqu'il devenait PSDR2 et j'ai compris alors, au-delà des critiques que l'on ne manquait pas d'adresser à Michel, la force de ses intuitions sur l'importance du lien au développement régional/territorial. Ce 2° terme l'avait d'ailleurs emporté pendant un temps au sein de la "vulgate" PSDR avec des justifications scientifiques, mais le lien institutionnel avec les Régions a repris le dessus pour marquer l'importance de leur financement... J'ai notamment le souvenir d'une réunion avec Michel et Jean en 2003 au 6° étage de la rue de l'Université lorsque j'ai pris le relais de PSDR2. C'était au moment où un essor important de PSDR3 allait avoir lieu avec le passage de 5 à 10 régions désormais impliquées, ce que gèrent aujourd'hui fort bien André et Frédéric.
Je pense que la prochaine Ecole chercheurs PSDR en Aquitaine pourra évoquer ce lien innovant à la recherche que nous devons en grande partie à Michel.
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de Hervé Guyomard
Le 10 avril 2010
C'est effectivement une bien triste nouvelle,
Certes comme dit Vincent, Michel avait un caractère trempé - en Bretagne, et ailleurs, on utilise des expressions autres, notamment en allusion à un animal fort présent dans nos contrées - et pour ma part, j'ai le souvenir d'une réunion sur Rennes où alors que j'étais tout jeune chercheur, il m'avait expliqué devant mes "maîtres rennais" que ce que je faisais était voué à l'échec !
Mais il avait aussi et pour moi c'est que je retiendrai surtout, disons une vision. Au-delà de l'agronomie dont on s'aperçoit aujourd'hui qu'un peu plus d'écoute il y a quelques années des idées de Michel n'aurait pas fait de mal aujourd'hui, je retiendrai aussi ce qu'il a fait au titre de la DADP qu'il a porté seul à ses débuts, souvent en devant se battre contre de nombreux détracteurs : certes, tout n'était pas parfait, mais là aussi la vision portée bien tôt par Michel était juste.
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de Vincent CHATELLIER
vchatel@nantes.inra.fr
Je viens d'apprendre le décès de Michel Sebillotte.
C'est une bien triste nouvelle. Il avait certes un caractère si trempé qu'il pouvait soit nous surprendre, soit nous agacé, soit se rendre indirectement attachant. Derrière cette image de "vieux sage" qu'il se construisait, il y avait aussi un agronome réputé, un chercheur impliqué, un homme brillant, dont certaines idées sont encore mises en Å“uvre aujourd'hui à l'INRA.
Pour ma part, j'aurai toujours une dette à son égard : sans lui et son implication dans la création de DADP, le financement de mes premières années à l'INRA n'aurait pas été possible, et vraisemblablement je ne serai pas à l'INRA aujourd'hui.
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de Emmanuelle CHEVASSUS-LOZZA
Emmanuelle.Chevassus@nantes.inra.fr
le 11 avril 2010
Je viens de trouver avec stupéfaction vos mails et l'annonce du décès de Michel me rend bien triste.
En fait, pour moi l'enseignement principal de Michel était effectivement sa passion et sa vision de l'agronomie.
Il était un enseignant enthousiaste, un leader enthousiaste. Il avait un projet scientifique, des envies de faire déplacer les canons de l'analyse.... même si cela nous agaçait de temps en temps! Au moins, ce n'était pas une vision molle et convenue!
PSDR, la prospective lui doivent beaucoup.
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de Catherine Vassy
INRA Nantes - LERECO vassy@nantes.inra.fr
le 12 avril 2010
Je découvre ce matin cette nouvelle très triste.
Je dois moi aussi beaucoup à Michel qui certainement, comme pour Vincent, m'a permis par DADP1 de pouvoir faire mon expérience tout d'abord en CDD puis être titularisée ensuite à l'INRA.
Merci à lui d'avoir su m'aider dans cette progression professionnelle avec toute sa gentillesse et son énergie.
Messages échangés au CIRAD, à Supagro, à IAV Hassan II
de Gérard Matheron
directeur_general@cirad.fr à tout_cirad@cirad.fr
le 27 avril 2010
Nous venons d'apprendre le décès de Michel Sebillotte suite à une longue et douloureuse maladie.
En développant des concepts innovants dans la manière d'appréhender à la fois le champ cultivé, l'exploitation agricole et les territoires, Michel Sebillotte a formé et marqué plusieurs générations d'agronomes au Cirad, comme dans les pays du Sud, qu'ils soient passés par la chaire d'agronomie de l'INA-PG ou qu'ils aient tiré profit de ses nombreuses publications. Ces concepts forgés à partir des situations agricoles françaises se sont avérés pertinents et opératoires dans les systèmes agricoles tropicaux, tant pour comprendre leurs processus de fonctionnement que pour contribuer à leurs dynamiques d'évolution.
Ses terrains d'exercice privilégiés se situaient en France et au Maghreb mais il s'intéressait à bien d'autres contextes agricoles en Afrique de l'Ouest, en Asie du Sud Est. L'ouverture d'esprit dont faisait preuve Michel Sebillotte, son intérêt pour les disciplines sortant de la sphère agronomique, telle que l'épistémologie ou les sciences de gestion, son souci d'opérationnalité et de réponses aux problèmes soulevés par les acteurs de la sphère agricole, sont plus que jamais d'actualité à l'heure où de nouveaux défis alimentaires et environnementaux se posent au niveau mondial.
Suscitant passion et ouvrant de nouvelles voies, Michel Sebillotte nous a marqués par son exigence intellectuelle, en particulier celle de remettre en question les apparentes certitudes et les hypothèses.
Nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille de Michel et à tous ses proches.
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de Etienne Landais
Directeur général Montpellier SupAgro
etienne.landais@supagro.inra.fr à agents-supagro@supagro.inra.fr
le 12 avril 2010
J'ai la tristesse de vous annoncer la disparition de Michel Sebillotte, décédé dans la nuit de mercredi à jeudi dernier à l'âge de 76 ans, des suites d'une longue et douloureuse maladie.
Fils d'un ingénieur "agricolo" de l'Ecole coloniale d'agriculture de Tunis (ECAT), exploitant un grand domaine agro-pastoral d'élevage dans le Sud tunisien, il a gardé de sa jeunesse une intuition systémique indélébile, un intérêt jamais démenti pour les pays du Sud et un souci permanent pour le développement.
Diplômé de l'INA P-G, il en sera jusqu'en 1993, l'un des enseignants emblématiques et formera des générations d'agronomes.
Visionnaire passionné et passionnant, il a profondément marqué la plupart de ceux qui l'ont approché.
Son obsession de faire de l'Agronomie une science expérimentale à part entière, son ambition théorique, l'ont amené à exercer une profonde influence sur l'agronomie moderne, bien au-delà des frontières de notre pays.
Il participa en 1979 à la création du département SAD de l'Inra, dont il fut l'un des pionniers avec Bertrand Vissac, Jean-Pierre Deffontaines, Michel Petit, Jean-Claude Flamand et d'autres, et fut le premier directeur de l'URSAD Paris-Grignon.
Chargé en 1992 par Guy Paillotin, président de l'INRA, d'une mission de réflexion prospective sur l'avenir de l'agriculture française et les évolutions qui en devaient en découler pour l'INRA, il choisit de
réaliser cette mission sous forme d'une large consultation appuyée sur une synthèse bibliographique de grande ampleur. Ce travail fut l'une des sources de la réforme de l'INRA initiée par Guy Paillotin au cours des années suivantes. Il déboucha par ailleurs sur la création très innovante de la Délégation à l'agriculture, au développement et à la prospective (DADP), dont il prit la direction en 1994, avec le rang de directeur scientifique, membre du collège de direction de l'INRA.
Face aux nouveaux défis mondiaux, son approche intégrée des différents niveaux d'organisation, de la parcelle cultivée au système d'exploitation et au territoire, son ouverture sur les disciplines connexes, telles les sciences de gestion et son souci permanent d'opérationnalité, tant en matière de développement que de relations entre la communauté scientifique et la société, appuyé sur une vaste culture en matière de sociologie et de philosophie des sciences, sont plus que jamais d'actualité.
C'est une grande figure qui nous quitte.
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de Mohammed Sadiki
Directeur / Director Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
Hassan II Institute of Agronomy and Veterinary Medicine
msadiki@menara.ma
C'est avec une grande émotion et une profonde affliction que la Direction et la Communauté de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II a appris la très triste nouvelle de décès du Prof Michel Sebillotte. Ses nombreux amis et élèves marocains sont sincèrement attristés par cette nouvelle.
N'ayant pas d'autres contacts, je vous prie d'assurer ses proches et ses amis que dans le deuil il ne sont pas seuls. Prenant part à leur douleur, nous leur présentons nos sincères condoléances les prions de croire en notre affectueux soutien dans cette épreuve.
Témoignages parus dans Cahiers Agricultures Vol. 19, n° 4, juillet-août 2010
Michel Sebillotte, qui vient de nous quitter, a fortement marqué de son empreinte l'évolution récente de l'agronomie française au cours des nombreuses années durant lesquelles il a enseigné et cherché, à la chaire d'agronomie de l'Institut national agronomique Paris-Grignon (INA puis INA P-G), puis comme directeur scientifique de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Sa passion pour cette discipline l'a conduit à s'intéresser aux travaux de nombreux chercheurs et enseignants chercheurs, sous tous les cieux du monde.
Afin de lui rendre hommage, la revue Cahiers Agricultures a demandé Ã quelques-uns des éminents représentants de l'enseignement et de la recherche agronomique qui l'ont bien connu d'évoquer les aspects qui les ont le plus frappés de la personnalité de cet homme d'exception.
Ce texte rassemble les mots de :
Hubert Manichon, Ancien professeur d'agronomie à l'INA P-G, Ancien directeur scientifique du Cirad :
...l'immense chance de bénéficier de l'enseignement de cette personnalité hors pair...
Alain Capillon, Professeur à Montpellier SupAgro :
... il m'a donné l'envie de faire de l'agronomie...
Jean Boiffin, Directeur de recherche Inra, Président de l'Association française d'agronomie :
... un immense apport...
Marianne Cerf, Directeur de recherche Inra :
...enseignant formateur...
François Papy, Ancien directeur de recherche Inra :
Michel derrière Sebillotte
Jean-Yves Jamin, Chercheur au Cirad et Georges Serpantié, Chargé de recherche IRD :
Michel Sebillotte et les Dogons : de la thèse à la falaise et de la falaise à la thèse
Tous ceux qui voudraient mieux connaître l'oeuvre de Michel Sebillotte dans sa (presque) totalité, pourront
se référer par ailleurs au texte qu'il avait lui-même rédigé en 2001 et que l'Inra a publié dans la collection " Bilans et Prospectives ", intitulés:
" Apprendre, chercher, Innover. Les parcours d'un agronome ".
Jean-Pascal Pichot Rédacteur en chef et Didier Picard Rédacteur en chef délégué
en savoir + Cahiers Agricultures