Témoignage au sujet de l’exploitation de H. Mony, réalisé par L. Solas, conseiller ovin à la chambre d’agriculture de Saône et Loire

Laurent Solas présente la ferme de Mr et Mme Mony, GAEC de l’Abrepin, dans Châtillonais en Côte d’Or. Les terres sont à faible potentiel, de faible profondeur et avec beaucoup de cailloux, et fortement exposées au stress hydrique. L.Solas rend compte d’un travail de relance de la polyculture élevage par association céréales-élevage ovin au sein de la région Bourgogne à travers différents exemples.

L’exploitation du Gaec de l’Abrepin a une SAU de 225 ha et un troupeau de 500 brebis Romane ; le troupeau est géré en conduite intensive caractérisée par la recherche d’un rythme de reproduction individuel de 3 agnelages en deux ans, ce qui implique l’organisation de trois sessions d’agnelages dans l’année, chaque session étant positionnée en fonction des travaux sur les cultures (novembre, janvier et mai). L’assolement comprend 64ha en prairies permanentes (les terres les plus superficielles), environ 20 ha de luzerne, qui pousse bien sur les plateaux calcaires, et le reste, 140 ha en grandes cultures : blé, orge, colza.

Le projet de développer un atelier ovin visait à sortir de la fragilité d’un système de production céréalier basé sur un nombre de cultures très restreint, avec des sols à faible potentiel.

D’un côté, les ovins génèrent la production de 550 tonnes de compost/an, qui sont épandues sur les 50ha de colza et sur 10ha de prairies. Cela a conduit à arrêter la fumure PK en tête d’assolement et à réduire la fertilisation azotée, d’où une économie annuelle de plus de 5000 €.

De l’autre côté, l’atelier d’élevage a permis d’allonger la rotation, avec les 20ha de luzerne et de nouvelles surfaces de légumineuses (comme le pois, 4ha) : les charges de désherbage globalement sur la rotation sont ainsi réduites d’environ 6300 €/an, avec la suppression du problème de résistance au vulpin dans les céréales, et par là, la diminution de l’IFT système.

L’économie apportée par l’atelier ovin sur l’atelier grandes cultures est d’environ 11500€, sans compter que les rendements des cultures deviennent beaucoup plus réguliers grâce à l’apport de matière organique.

En même temps, les grandes cultures ont des répercussions sur l’atelier ovin, avec des achats extérieurs d’alimentation limités à 10 tonnes de tourteau de colza, 3 tonnes de lait en poudre et 1 tonne de compléments minéraux et vitaminés.

L’objectif du GAEC, en développant une activité d’élevage, est d’aller de plus en plus vers une autonomie face aux intrants extérieurs d’une part, et de permettre le développement, par la femme de l’exploitant, d’une activité de ferme pédagogique, d’autre part. Elle reçoit environ 1500 enfants sur l’année, et cela permet d’expliquer ce que font les éleveurs, et facilite l’acceptation des nuisances en zone péri-urbaine (par exemple, la présence de mouches en été mentionnée par L. Solas). Enfin, le couple d’exploitants prévoit l’installation du fils, qui a une activité de tondeur et qui va développer une activité d’éco-pâturage en faisant pâturer son troupeau chez les voisins céréaliers qui souhaitent remettre de l’herbe dans certaines parcelles.

Quant à l’évolution des ateliers, on constate, pour l’assolement, en se référant à la figure ci-dessous, que le colza va disparaître, pour deux raisons : le risque de sécheresse et les risques sanitaires, qui font plafonner le rendement. A court terme, il est ainsi prévu de poursuivre la diminution des cultures de vente, en augmentant les légumineuses (pois de printemps), et de développer les couverts végétaux en hiver qui pourront être valorisés par les brebis en laissant 20ha supplémentaires au fils pour assurer le développement de son atelier.